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Amir Eshel : seule la Russie fera sortir l’Iran de Syrie

L'ancien chef de la lutte de Tsahal contre Téhéran Nitzan Alon a crié victoire mais son confrère de l'armée de l'air à la retraite estime que l'effort militaire ne suffira pas

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

L'ancien chef de l'armée de l'air Amir Eshel lors de la conférence annuelle à l'Institute for National Security Studies (INSS) à Tel Aviv, le 28 janvier 2018. (Crédit :INSS)
L'ancien chef de l'armée de l'air Amir Eshel lors de la conférence annuelle à l'Institute for National Security Studies (INSS) à Tel Aviv, le 28 janvier 2018. (Crédit :INSS)

Un ancien chef de l’armée de l’air israélienne a déclaré lundi que seule la Russie, et aucune puissance militaire israélienne, parviendra à faire sortir l’Iran de Syrie.

« Aucune action militaire ne fera sortir l’Iran de Syrie. Seul un effort diplomatique fera sortir l’Iran de Syrie, et ces efforts diplomatiques n’ont qu’une adresse. C’est la Russie », a déclaré le général de division Amir Eshel.

Cependant, l’ancien chef de l’armée de l’air, qui a pris sa retraite en 2017, a averti qu’il y avait « de bonnes chances » que la Russie « se retourne » contre Israël.

Eshel s’est exprimé lors de la conférence annuelle à l’Institute for National Security Studies (INSS) à Tel Aviv. Il a été rejoint sur la tribune par l’ancien stratège militaire le général de brigadier Yoram Hamo et par le général Nitzan Alon, qui a commandé l’armée israélienne dans sa lutte contre l’Iran.

Alon n’a pas crié victoire contre la République islamique en Syrie, indiquant qu’Israël avait largement bloqué les efforts d’implantations militaire de l’Iran en Syrie.

Interrogé sur le succès de l’armée pour empêcher l’enracinement iranien en Syrie, Alon a répondu « Oui, dans une large mesure ».

Le général de division Nitzan Alon lors de la conférence annuelle à l’Institute for National Security Studies (INSS) à Tel Aviv, le 28 janvier 2018. (Crédit :INSS)

Israël a toujours mis en garde contre l’Iran, et affirmé qu’il tentait de s’implanter militairement en Syrie afin de former un second front d’attaque contre Israël, en plus de celui formé par son allié du Hezbollah au Liban.

Afin d’empêcher une telle situation, Israël a lancé de nombreuses frappes sur des cibles iraniennes en Syrie ces dernières années, selon les responsables de la défense, notamment la semaine dernière, après que l’armée a rapporté que l’Iran a lancé un missile sol-sol de moyenne portée sur le plateau du Golan.

Le président Reuven Rivlin, qui a également pris la parole à la conférence de l’INSS lundi, a déclaré que l’Iran était susceptible de « renforcer ses réactions » aux frappes israéliennes contre ses forces en Syrie.

Ces derniers mois, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’ancien chef d’état-major Gadi Eizenkot et d’autres hauts-responsables israéliens ont affirmé que ces raids avaient permis de battre l’Iran et l’avait empêché d’établir une force combattante de 100 000 membres que la République islamique avait l’intention de former à la frontière syrienne avec israélienne.

« Il n’y a pas de second front avec les capacité combatives, le renseignement et l’électronique », a déclaré Alon.

Des images satellites publiées le 27 décembre 2018 montrant les bâtiments endommagés en Syrie après des frappés aériennes attribuées à Israël. (Crédit : ImageSat International)

Le général sortant, qui devrait se retirer de l’armée peu après avoir échoué à obtenir le poste du chef d’état-major, a déclaré qu’il y avait un décalage considérable entre ce que l’Iran avait l’intention d’accomplir en termes de présence militaire en Syrie et ce que la République islamique a réussi à faire.

Alon, qui avait été chargé de diriger la lutte contre l’Iran en juillet en 2018, a ajouté que la question de la présence militaire en Syrie était devenue très polarisante, à la lumière des attaques régulières par Israël et les coûts associés pour le pays en proie à des difficultés économiques.

Le général a recommandé qu’Israël tente « d’élargir les failles » dans la société iranienne afin de faire pression sur Téhéran afin de retirer la totalité des forces iraniennes en Syrie.

Eshel, ancien chef de l’armée de l’air, cependant, avait insisté que « nul autre » que la Russie ne parviendra à forcer l’Iran à faire sortir ses troupes de Syrie.

Le président iranien Hassan Rouhani, à droite, avec son homologue russe Vladimir Poutine à Téhéran, le 23 novembre 2015 (Crédit : Atta Kenare/AFP)

Les trois généraux de l’armée ont discuté de la « Doctrine Eizenkot » – les politiques selon lesquelles le chef sortant avait mené son armée durant les quatre ans de son mandat.

La ligne conductrice de cette doctrine était la notion de « campagne entre les guerres », c’est-à-dire que les activités régulières que l’armée accomplit sont destinées à éviter d’entrer dans un conflit d’envergure et à garder les ennemis d’Israël aussi faibles que possible, au cas où un conflit éclaterait.

« Les quatre éléments de cette campagne entre les guerres sous Eizenkot sont les menaces de frappes, les actions contre l’implantation iranienne en Syrie, les efforts diplomatiques pour faire partir les Iraniens de Syrie, le report d’une guerre au moyens d’actions démontrant la supériorité, et la création de conditions de guerre en cas de conflit », a expliqué Eshel.

Dimanche, Eizenkot a félicité l’armée pour ses efforts contre le Hezbollah et l’Iran durant son mandant, lors de sa première prise de parole publique depuis qu’il a pris sa retraite le 15 janvier.

Eizenkot a vanté le fait que l’armée avait empêché l’Iran et le Hezbollah, basé au Liban, d’établir un second front en Syrie duquel il pourrait frapper l’Etat hébreu.

« Ce projet a été déjoué », a-t-il dit.

L’ancien chef d’état-major Gadi Eizenkot lors de la conférence annuelle à l’Institute for National Security Studies (INSS) à Tel Aviv, le 28 janvier 2018. (Crédit :INSS)

Selon Eizenkot, les Corps des Gardiens de la Révolution islamique et son aile expéditionnaire, la force Qods, avait des plans « grandioses » pour faire de la Syrie un pion de l’Iran, mais qu’ils en ont été empêchés par Israël.

Il est pourtant revenu sur son enthousiasme quant à la victoire militaire sur l’Iran en Syrie.

« La présence militaire iranienne en Syrie existe toujours, mais l’écart entre les objectifs de la force Qods installée en 2015-2016 et la réalité sur le terrain en ce début 2019 », a-t-il dit.

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