Amir Yaron exhorte les élus à éviter les dépenses non-essentielles
Le gouverneur de la Banque centrale appelle à la retenue alors quel'État devrait augmenter ses dépenses de défense d'au moins 20 Mds de shekels par an dans le cadre de la guerre contre le Hamas
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Le gouverneur de la Banque centrale d’Israël, Amir Yaron, a exhorté lundi le gouvernement à faire preuve de discipline budgétaire en réduisant les dépenses moins essentielles, alors que le pays s’apprête à augmenter ses dépenses de défense d’au moins 20 milliards de shekels par an pour répondre à ses besoins de sécurité à la suite de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Durant cette période, plus qu’à tout autre moment, et alors que les investisseurs, les agences de notation, les marchés financiers et le grand public examinent attentivement l’élaboration des politiques en Israël, il est nécessaire de gérer la politique économique – fiscale et monétaire – avec une grande responsabilité », a affirmé Yaron.
« Le gouvernement devra trouver le bon équilibre entre le financement des dépenses de guerre et l’augmentation prévue du budget de la défense et la nécessité de continuer à investir dans les autres budgets civils, qui sont déjà faibles, en particulier dans les moteurs de croissance tels que les infrastructures et l’éducation. »
S’exprimant lors d’une cérémonie marquant le début de son second mandat en tant que gouverneur de la Banque centrale, à laquelle participaient le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, Yaron a réaffirmé qu’une partie du maintien de la responsabilité fiscale et économique consistait pour le gouvernement à procéder à des ajustements budgétaires et à réduire les dépenses qui ne sont pas liées à l’effort de guerre ou qui ne favorisent pas la croissance.
En ce qui concerne la sécurité et les dépenses militaires, Netanyahu a fait remarquer que si le budget de la défense a augmenté ces dernières années, il a diminué par rapport au pourcentage du produit intérieur brut (PIB). Au cours de la dernière décennie, la part des dépenses militaires dans le PIB a progressivement diminué, passant de 5,64 % en 2012 à 4,51 % en 2022.
« Nous ne pouvons pas continuer cette politique », a annoncé Netanyahu.
« À partir de maintenant, nous devons augmenter de manière significative le budget de la sécurité d’au moins 20 milliards de shekels par an et aussi en proportion du PIB », a affirmé Netanyahu, ajoutant que le supplément de défense sera probablement de 1 % du PIB ou plus afin de répondre aux besoins de sécurité du pays à l’avenir.
Dans le cadre du budget de l’année prochaine, Yaron a également suggéré que toutes les dépenses militaires et civiles directement liées à la guerre soient incluses dans une « boîte budgétaire temporaire », qui serait ajoutée au plafond de dépenses initial pour 2024.
Parallèlement, le gouverneur a cité la nécessité de procéder à des ajustements budgétaires d’environ 20 milliards de shekels, à la fois en réduisant d’autres dépenses publiques et en augmentant les recettes, afin que le « plafond de déficit soit fixé à un niveau qui conduira à une diminution du ratio dette/PIB après la guerre ».
« Il est souhaitable que ces ajustements soient effectués le plus rapidement possible, afin de montrer clairement aux marchés qu’Israël sera en mesure de faire face à l’augmentation du fardeau de la sécurité tout en maintenant sa responsabilité budgétaire », a-t-il fait valoir.
La semaine dernière, un complément de budget pour 2023 s’élève à 28,9 milliards de shekels destiné à couvrir les coûts des combats en cours contre le Hamas et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a été adopté, face à l’opposition des partis de droite comme de gauche, car il comprenait certains financements alloués à des projets non liés à l’effort de guerre.
Le budget supplémentaire prévoyait une augmentation des dépenses militaires et des fonds pour les dépenses civiles, telles que l’hébergement des personnes évacuées du nord et du sud. Mais, de manière controversée, il a également inclus des centaines de millions de shekels dans ce que l’on appelle les « fonds de coalition », qui sont des fonds discrétionnaires destinés aux projets favoris des députés et des ministres.
S’exprimant également lors de la cérémonie du gouverneur, Smotrich a déclaré que « de nombreux types de politiques économiques, capitalistes ou socialistes, expansionnistes ou limitées, professionnelles ou populistes », sont discutés, tout en soutenant qu’une « politique économique unificatrice est la politique économique correcte et professionnellement requise à un tel moment pour l’économie d’Israël ».
Smotrich n’a pas commenté la nécessité de maintenir une politique de responsabilité fiscale.
« Nous devons prendre du recul par rapport à la controverse et nous élever au-dessus des rivalités et des jeux de coalition et d’opposition, et gérer une économie unificatrice pour répondre aux nombreux défis de sécurité », a souligné Smotrich.
« Il nous est demandé de nous tenir prêts avec courage, de résister aux pressions et aux campagnes qui divisent et qui sont contradictoires, d’ignorer les bruits de fond et de faire ce qui est juste. »