Israël en guerre - Jour 341

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Après avoir perdu des amis le 7 octobre, une basketteuse cherche une échappatoire sur le terrain

L'ailière star de l'Université de Floride du Sud, Romi Levy tente de s'assurer "que tout le monde aille bien chez moi et d'apporter mon soutien à mes proches"

La joueuse israélienne de basket de l'université de Floride du sud Romi Levy. (Autorisation : South Florida Athletics)
La joueuse israélienne de basket de l'université de Floride du sud Romi Levy. (Autorisation : South Florida Athletics)

JTA — Sur le terrain de basket de l’Université de Floride du sud, Romi Levy, concentrée, glisse vers le panier, bien décidée à arriver jusqu’à lui. Un peu plus tard, pendant une pause, elle jette un coup d’œil à son téléphone, espérant qu’elle ne verra pas s’afficher sur l’écran une alerte à la roquette dans sa ville natale de Herzliya, en Israël.

A plus de 10 000 kilomètres de son pays, dans son université américaine, Levy dit avoir toujours pensé régulièrement à son pays natal. Mais les choses sont néanmoins devenues plus dures pour elle, déclare-t-elle, lorsque le 7 octobre, certains de ses anciens amis de lycée ont été assassinés par des hommes armés du Hamas lors de l’attaque perpétrée dans le sud d’Israël. Ils se trouvaient à une rave-party organisée aux abords du kibboutz Reim. Les jeunes fêtards avaient été massacrés par les terroristes. Son cousin, âgé d’un an de moins qu’elle – mon « petit frère », s’exclame-t-elle – est actuellement en première ligne dans la guerre contre le Hamas.

Une guerre qui a été déclenchée après l’assaut commis par le groupe terroriste – 3000 hommes armés avaient franchi la frontière, le jour de la fête de Simhat Torah, par voie aérienne, voie terrestre et maritime, faisant 1 400 morts du côté israélien, en majorité des civils, et enlevant 240 personnes de tous les âges qui sont actuellement retenues en otage dans la bande de Gaza. 260 personnes avaient été tuées de manière atroce au festival de musique électronique où les amis de Levy étaient venus pour danser et pour prendre du plaisir.

« Essayer de rester au top dans mon travail à la faculté et au basket tout en sachant ce qui était en train de se passer en Israël a été particulièrement dur pendant la première semaine – même si ça l’est toujours », confie Levy à la Jewish Telegraphic Agency.

« Je tente seulement de faire de mon mieux, de m’assurer que tout le monde va bien chez moi et de soutenir mes proches », ajoute-t-elle.

Le basket est une échappatoire dans cette période difficile. Les entraînements de Levy – elle s’exerce environ six heures par jour avec son équipe sur le terrain – l’empêchent de regarder « non-stop » les informations.

« J’aime tellement le basket que quand j’arrive sur le terrain, je prends immédiatement du plaisir », s’exclame-t-elle. « Je sais que mon téléphone est là s’il doit se passer quelque chose et je n’ai donc pas à y penser quand je joue au basket ».

Des festivaliers fuient la rave party attaquée par le Hamas, près du kibboutz Reim, le 7 octobre 2023. (Autorisation : Shye Weinstein)

Dès le début de l’année, elle voulait déjà passer le maximum de son temps sur le terrain. Au mois de mars dernier, après trois années passées à l’Auburn University – une période difficile où sa passion avait été entravée par une blessure – Levy a inscrit son nom sur la grille des transferts de la NCAA. Plus de 40 programmes universitaires de basket féminin de Division I sont alors entrés en contact avec elle, ce qui illustre le potentiel de cette ailière de 1 mètre 92.

« Nouvelle vie, nouvelle équipe, nouvelle position. Tout nouveau départ ! » avait-elle écrit dans un post sur Instagram après son transfert à l’USF.

Née juive, élevée dans une famille juive, Levy est une athlète israélienne qui se distingue – elle appartient à la troisième génération d’une famille de sportifs de premier plan. Sa grand-mère, Tamara Metal Schumacher, avait été la première Israélienne à concourir aux Jeux olympiques dans les épreuves de saut en longueur et de saut en hauteur en 1952. Elle avait aussi joué dans l’équipe nationale de basket, comme cela avait également été le cas de sa mère. Le tatouage « 23 », sur le bras de Levy, rend hommage au numéro qui était celui de sa grand-mère aux Jeux Olympiques.

Levy est une ressortissante américano-israélienne. Son père, Alon, ancien joueur de football et triathlète, a vécu aux États-Unis pendant une décennie – à Los Angeles – et il a obtenu la citoyenneté. Lui et Romi étaient installés à Boca Raton, en Floride, pendant la première année de lycée de la jeune fille et elle fréquentait l’Olympic Heights Community High School. Ils sont ensuite repartis en Israël à la fin de l’année scolaire.

Entre son diplôme de fin d’études au lycée Hof Hasharon et le début de son cursus à l’université, Levy a effectué le service national obligatoire de deux ans. Elle l’a passé au centre de rééducation de ses parents, travaillant auprès de militaires vétérans de Tsahal – et elle a aussi intégré l’équipe nationale israélienne de basket lors des Championnats européens U-18, ramenant une médaille de Bronze.

Elle s’est inscrite ensuite à Auburn, en 2020, sur la recommandation de Yoav Bruck, le nageur israélien trois fois médaillé aux J.O, lui-même diplômé d’Auburn et amie de ses parents. Levy a enregistré, à cette période et alors qu’elle était étudiante en première année, sa meilleure saison avec une moyenne de 5,4 points, 3,9 rebonds, 1,5 passes décisives et 1,4 interceptions par match, lui ouvrant la porte de la SEC All-Freshman Team et lui apportant les honneurs.

Elle a ensuite manqué sa deuxième armée en raison d’une déchirure du genou gauche et de blessures aux deux ménisques, concoctées durant des entraînements précédant la saison sportive. Elle a fait un retour en force, postant 6,7 points et 4,2 rebonds par match lors de 23 apparitions pour Auburn, la saison dernière – pourtant, Levy avait très mal, raconte-t-elle. Dans l’incapacité de renforcer sa jambe, elle a dû avoir recours à des injections de stéroïdes. Elle a ensuite passé un IRM et, à la fin de la saison, au mois de février, elle a été opérée du genou.

L’ailière d’Auburn Romi Levy (11) au cours de la première période d’un match de basket féminin de la NCAA contre Samford à Auburn, dans l’Alabama, le 28 novembre 2020. (Crédit : AP Photo/Butch Dill)

Elle déclare qu’Auburn – où elle fêtait les fêtes juives avec le coach de l’équipe masculine de basket, Bruce Pearl, et sa famille – est « un endroit formidable pour les études mais pour le basket, ça ne me correspondait pas ». L’USF s’enorgueillit d’un programme de basket féminin plus fort : Si Auburn a terminé 81e du classement de la NCAA Net, l’année dernière, sur un total de 361 équipes, l’USF a fini à la 39e place.

Levy aime jouer au basket à un poste offensif. Gauchère, puissante dans ses contacts, elle a marqué des paniers au-delà de la ligne des trois points pendant qu’elle était à Auburn mais elle a principalement joué le dos tourné au panier. A l’USF, elle revient à son poste naturel d’ailière.

Carsen McFadden, membre actuelle de l’équipe féminine de basket d’Auburn, qui y était entrée en même temps que Levy, explique à JTA qu’elle aimait beaucoup Levy qui lui apprenait sa culture juive et israélienne – comme le fait qu’elle avait ainsi appris que l’hébreu s’écrit de droite à gauche. McFadden, qui dit que Levy est « sa meilleure amie », reconnaît les efforts livrés par cette dernière pour conserver sa positivité dans une période qui avait été difficile pour elle à Auburn, notant qu’elle était – et qu’elle est encore – toujours là pour offrir une oreille compatissante et une étreinte pleine de chaleur.

En-dehors du basket, Levy dit être à l’aise à l’USF en raison d’une importante présence d’étudiants venus du monde entier – plus de 50 % des étudiants de premier cycle à l’automne 2021, selon l’établissement d’enseignement supérieur. Elle y a aussi trouvé une communauté juive plus importante, assistant à des événements organisés par le centre Hillel et par la maison du mouvement Habad dans la communauté de Tampa, en fonction du temps libre que lui laisse un emploi du temps surchargé. Elle fait tout son possible pour célébrer toutes les fêtes juives dans l’état mais elle dit être impatiente de retrouver le dîner du Shabbat à la table familiale.

« Nous faisons le kiddoush, tout ça », note-t-elle. « Voir tout le monde rassemblé à la table, c’est quelque chose qui me manque. La soirée du vendredi, ici, ce n’est pas aussi spécial qu’en Israël ».

Les parents de Levy vivent encore au sein de l’État juif, à approximativement une heure en voiture de la bande de Gaza. Alon est venu à Tampa, cette semaine, pour rendre visite à la fille et il a assisté à son premier match sous les couleurs de l’USF, une victoire de 76-61 face à l’UT Arlington, une rencontre où Romi a marqué dix points en 21 minutes d’action. Alon explique que lui et son épouse Liat sont quotidiennement en contact avec Romi et avec sa sœur aînée, Sean, mannequin, qui est installée pour sa part à New York.

« Je ne peux pas expliquer exactement le sentiment qui nous anime mais nous sommes sous le choc, tout Israël est sous le choc après ce qui est arrivé », s’exclame Alon. « Je pense que presque tout le monde, en Israël, connaît quelqu’un à qui il est arrivé quelque chose. Les mots manquent pour expliquer cette émotion ».

Il conseille à Romi de ne pas trop regarder les informations et de tenter de se concentrer sur son nouveau départ en Floride.

« Je viens aussi pour la prendre dans mes bras et voir comment elle va », ajoute-t-il. « De loin, on ne sait jamais comment vos enfants se sentent exactement. Ils disent toujours que tout va bien. Mais elle va bien. Elle va bien ».

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