Israël en guerre - Jour 337

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« Atomic Falafel » mine la course aux armes nucléaire pour rigoler

Le dernier film de Dror Shaul mélange le perse et l'hébreu dans une comédie sur des ados qui essaient de sauver la région

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Le van 'Atomic Falafel' qui parcourt le désert pour servir des boules de pois chiches frites aux clients (Crédit : Autorisation Dror Shaul)
Le van 'Atomic Falafel' qui parcourt le désert pour servir des boules de pois chiches frites aux clients (Crédit : Autorisation Dror Shaul)

Dror Shaul n’avait pas projeté de sortir son dernier film « Atomic Falafel » pendant que l’accord nucléaire avec l’Iran était présenté au monde.

Il a juste eu de la chance.

En fait, le réalisateur israélien, mieux connu pour son film culte « Operation Grandma » et « Sweet mud », qui a gagné un prix Ophir, qui abordent tous deux les joies et les difficultés de la vie dans un Kibbutz, n’a jamais eu l’intention de faire une comédie sur la vie courante avec la menace d’un réacteur nucléaire qui pend telle une épée de Damoclès.

Shaul, 42 ans, avait travaillé sur un film qui devait être tourné dans plusieurs endroits en Europe, un drame en langue anglaise qui n’avait rien à voir avec Israël.

Lorsque le producteur du film, L’Africain du Sud né néo-zélandais, Lloyd Phillips, est décédé subitement d’une crise cardiaque en 2013, Shaul s’est retrouvé seul et sans financement.

« Je me suis dit : ‘faisons quelque chose complètement à l’opposé, une comédie en hébreu avec comme sujet l’endroit que je connais le mieux’ », a expliqué Shaul, au téléphone depuis sa maison de Tel-Aviv. « Je jouais à l’époque avec l’idée d’une histoire sur un réacteur nucléaire en regardant Facebook et les autres médias sociaux ».

Dror Shaul, le réalisateur connu pour son film culte "operation grandma" et "Mud Sweet" (Crédit : CC BY-SA 4.0)
Dror Shaul, le réalisateur connu pour son film culte « operation grandma » et « Mud Sweet » (Crédit : CC BY-SA 4.0)

Pour Shaul, qui a grandi à Assufim – un petit kibboutz dans le sud qui joue un rôle majeur dans « Mud Sweet », un film semi-autobiographique sur lui et sa mère mentalement instable – le scénario de « Atomic Falafel » commence en entraînant le spectateur dans un endroit isolé, semblable à l’endroit où lui-même a été élevé.

Le réacteur nucléaire d’Israël – « celui dont personne ne connaît l’existence », a précisé Shaul, d’un ton impassible – est situé dans un endroit similairement isolé, une ville en développement dans le sud de Dimona, familier en raison des gros titres, mais que seuls ceux qui vivent et y travaillent là-bas connaissent vraiment.

Les éléments étaient tous là, dit Shaul : un réacteur nucléaire, la petite ville sans remous dans laquelle il est basé, et l’élément ajouté des médias sociaux, où les prouesses de la jeune génération dépassent de loin celles de leurs aînés.

Avec l’Iran à l’esprit, il a commencé à réfléchir sur l’endroit où il pourrait y avoir le même genre de ville nucléaire en Iran, et s’il était plausible que deux adolescents des deux villes se retrouvent l’un et l’autre et discutent via des médias sociaux.

« Cela m’a amené à faire des recherches, et boum, tout était là », a-t-il dit.

Ce qui se passe à l’écran est plus ou moins ce que Shaul avait d’abord conçu il y a cinq ans.

Une adolescente en Israël, Nofar (Michelle Treves), vit avec sa mère, veuve, indomptable et sexy, Mimi (Mali Levi Gershon), qui est propriétaire d’une camionnette qui vend des falafels, qui sert ses plats aux troupes locales en entraînement dans le désert aride.

Mimi se répand constamment en injures contre le réacteur nucléaire, croyant que son mari d’origine iranienne est mort d’une maladie liée au nucléaire après avoir travaillé sur le réacteur.

Pendant ce temps, dans la base de l’armée locale, un groupe de politiciens et de généraux caricaturaux, avec des caches oeil, qui ont perdu contact avec la réalité et dont les doigts les démangent de pousser le bouton, essaient de formuler la réponse d’Israël à la capacité nucléaire de l’Iran et se prononcent sur une attaque préventive dans les 72 heures.

Nofar, sa mère, Mimi, et son petit ami, Meron, découvrant le plan de l'armée de faire sauter un réacteur nucléaire iranien (Crédit : Autorisation Dror Shaul)
Nofar, sa mère, Mimi, et son petit ami, Meron, découvrant le plan de l’armée visant à faire sauter un réacteur nucléaire iranien (Crédit : Autorisation Dror Shaul)

Tandis que Nofar et Meron (Idan Carmeli), un hacker du coin mignon qui a le béguin pour elle, commencent à comprendre le plan, ils entrent en contact à travers les médias sociaux avec Sharareh, une adolescente iranienne (Tara fondoir), rappeuse à ses heures perdues, qui est en colère contre son père car il les a obligé à démanger à Natanz, une ville ‘de plouc’ iranienne qui se situe à côté d’un réacteur nucléaire.

Nofar a trouvé Sharareh en ligne pendant qu’elle tentait de compléter un arbre généalogique de la famille pour un devoir de longue date et qu’elle était à la recherche de réponses sur la famille de son père décédé.

Natanz, s’avère-t-il, abrite l’installation nucléaire que l’armée israélienne veut détruire. C’est également là où un autre personnage clé, Oliver Hann (Alexander Fehling), le beau membre allemand de l’équipe de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), actuellement en ville, doit se rendre lors de sa prochaine visite.

Le blondinet joue aussi le rôle peu probable du prétendant de la mère, Mimi, et l’acteur, qui est apparu dans « Inglourious Basterds », l’un des derniers films de Lloyd Philips, joue un personnage qui fait de l’urticaire dès qu’il s’approche de trop près de l’uranium enrichi.

Et donc les intrigues humoristiques s’enchaînent dans cette comédie en hébreu, anglais et perse, révélant des relations bizarres, une romance adolescente qui éclot et des seconds rôles pleins de caractère – des grands-mères israéliennes et iraniennes, un soldat immigrant néo-zélandais et des soldats ayant envie de falafel.

Les trois adolescents, qui sont peut-être les personnages les plus réalistes, commencent à comprendre ce qui se passe autour d’eux et conçoivent un plan pour interrompre l’attaque.

« J’avais parlé à de jeunes adolescents d’Israël, d’Iran et d’autres pays, et c’est étonnant de voir ce qu’ils savent, et comment cette génération est plus semblable que différente », a déclaré Shaul.

« Un ado de 15 ans de Téhéran, de Tel Aviv ou de Paris veulent les mêmes choses – H&M et les mêmes chaussures. Et, ils ne peuvent pas communiquer ? ».

L'acteur allemand Alexander Fehling, avec les acteurs Shai Avivi et Jonathan Cherchi, font rire dans « Atomic Falafel » (Crédit : Autorisation Dror Shaul)
L’acteur allemand Alexander Fehling, avec les acteurs Shai Avivi et Jonathan Cherchi, font rire dans « Atomic Falafel » (Crédit : Autorisation Dror Shaul)

Le film, qui a fait salle comble lors de la première à Rishon Lezion avant Rosh Hashana et est actuellement projeté dans les salles locales, est rempli de blagues et de clins d’oeil pour quiconque est familier avec les personnages typiques de la société israélienne et les gros titres sur les réacteurs nucléaires.

Il y a le gag récurrent de la camionnette de falafel de Mimi qui poursuit l’unité de l’armée à travers le désert, tant leur besoin est grand pour son Schug épicé et l’équipe des généraux et des politiciens qui ont une énorme ressemblance avec le troupeau de dirigeants actuels, et enfin l’utilisation habile des textos et des profils Facebook.

Shaul a dit qu’il voulait qu’ « Atomic Falafel » soit une comédie, ce qui n’est pas vraiment difficile pour ce réalisateur quand il écrit à propos de la vie dans une petite ville, de l’armée, ou des déboires des mères célibataires et de leurs enfants adolescents indépendants.

Mais alors même qu’il n’avait pas l’intention d’envoyer des messages politiques, il a été pris par inadvertance par d’autres éléments globaux du jeu du chat et de la souris de la chasse nucléaire.

Au début du projet, il avait été en contact avec la cinéaste iranienne, Shirin Neshat, qui venait de remporter le Lion d’Argent pour son film « Women Without Men » au Festival de Venise en 2009.

Les deux cinéastes avaient été au Sundance Labs ensemble, et Neshat, une New-Yorkaise d’origine iranienne – dont le Lion d’argent était précédé du Lion d’or du réalisateur israélien, Samuel Maoz, pour le film anti-guerre « Lebanon » – avait dit à l’époque à Shaul que « peut-être un jour, un Israélien et un Iranien feraient des films ensemble ».

La conversation a eu un écho chez Shaul, qui a continué à penser à son histoire
« Atomic Falafel » et à la possibilité d’en faire une coproduction israélo-iranienne.

Il a fini par travailler sur « Atomic Falafel » avec une série de producteurs, y compris un groupe de Canadiens, puis une équipe d’Allemands. Mais il a continué à rechercher des producteurs iraniens.

La recherche s’est révélée infructueuse.

Chaque fois qu’il se retrouvait assis avec un producteur iranien et leur disait qu’il voulait faire une co-production israélienne et tourner une partie du film en Iran, il recevrait la même réponse.

« Ils disaient : ‘Les gars, vous êtes très gentils, merci mais si vous ne changez pas le sujet nous devrons quitter la table’ [des négociations] », a-t-il expliqué.

Shaul a été surpris. « Nous répondions, ‘Comment ça ?. Un producteur de film ne peut vraiment pas faire un film à ce sujet ? ‘ », a poursuivi Shaul.

Quand ils ont enfin pu trouver quelqu’un, il a fini par se retirer du projet huit semaines avant le tournage, avant de disparaître complètement. Shaul, qui n’a pas renoncé à l’espoir de projeté le film en Iran, a finalement produit le film avec une équipe de producteurs allemands, israéliens et néo-zélandais, et plusieurs expatriés iraniens.

Une bannière à Tel Aviv annonçant l'ouverture d'une ambassade d'Iran en Israël, qui s'est révélé plus tard être un coup de communication pour le prochain film "Atomic Falafel" (Crédit : Simona Weinglass / Times of Israël)
Une bannière à Tel Aviv annonçant l’ouverture d’une ambassade d’Iran en Israël, qui s’est révélée plus tard être un coup de communication pour le prochain film « Atomic Falafel » (Crédit : Simona Weinglass / Times of Israël)

Sa dernière tentative pour agiter la fourmilière géopolitique est survenue une semaine avant la projection du film, quand l’équipe des relations publiques du film a accroché une grande bannière face à la place Rabin à Tel Aviv, en annonçant l’ouverture prochaine d’une ambassade iranienne en Israël, et a inclus un numéro de téléphone de Tel Aviv.

Pendant les premiers jours, ceux qui ont appelé entendaient une messagerie en hébreu leur disant de laisser un message.

Plusieurs jours plus tard, il avait été remplacé par un message en hébreu avec un fort accent perse, qui prétendait être le Guide suprême iranien Ali Khamenei qui leur disait de commander des billets pour le film.

« Je ne suis pas quelqu’un de politique, je ne cherchais pas à envoyer un message politique, mais je voulais montrer que nous, les Israéliens et les Iraniens, pas les dirigeants, sont plus semblables que différents et nos problèmes tournent autour de nos dirigeants et leurs messages politiques et religieux fous », a déclaré Shaul.

Pour l’instant, Shaul est en contact avec un distributeur iranien et espère que le film sera finalement projeté en Iran.

« Le plus grand compliment pour le moment est que le peuple iranien se rende au cinéma pour voir le film », s’est-il réjoui. « Les médias iraniens supposent que le peuple iranien va aimer le film. Tu sais pourquoi ? C’est un film dont les Iraniens et Israéliens peuvent en rire en même temps ».

« Atomic Falafel » est actuellement à l’affiche dans les cinémas israéliens dans tout le pays.

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