Avec « Hazarot », deux acteurs de théâtre israéliens enflamment notre petit écran
Sur Kan, la rupture entre les acteurs Erez Drigues et Noa Koler, ancien couple dans la vraie vie, est un succès fulgurant dans une série qui est aussi une ode au monde du théâtre
S’il est malheureusement encore impossible d’aller au théâtre alors que la campagne de vaccination contre le coronavirus s’intensifie, nous avons au moins une bonne nouvelle en attendant : « Hazarot » [« répétitions » en hébreu] – une série qui fait actuellement un carton en Israël.
La série de dix épisodes, actuellement diffusée en hébreu sur le site web de Kan, permet au téléspectateur d’explorer l’envers du décor, – là où se vivent tous les drames une fois les rideaux baissés, – et de comprendre les coulisses du théâtre Mishkan, inspiré des théâtres Gesher, Habima et Cameri bien connus à Tel Aviv.
La série suit donc Tomer (Erez Drigues) et Iris (Noa Koler), un couple qui se sépare – au moment précis où se profile enfin l’opportunité tant attendue de mettre en scène la pièce qu’Iris a écrit sur leur relation amoureuse. Drigues et Koler ont vraiment été ensemble lorsqu’ils avaient la vingtaine et qu’ils fréquentaient ensemble les bancs du cours de théâtre Yoram Levinstein.
Les seconds rôles sont tout aussi excellents. Le fameux Shmil Ben Ari, détenteur de deux Ophir, est époustouflant. De même qu’Evgenia Dodina dans le rôle de Vera, la directrice de théâtre forte et pragmatique d’origine russe, qui prononce certaines répliques qui feront sûrement date dans l’histoire des séries. Agam Rudberg et Itay Turgeman jouent, pour leur part, les acteurs de la pièce en cours de « répétition » justement – chacun vivant en coulisses ses propres drames.

Notons aussi la mère d’Iris jouée par la talentueuse Rivka Newman, la (très douée) secrétaire de Vera, Danielle Shapira et l’assistant du metteur en scène Ben Yosipovich, aperçu dans l’inclassable « Al Aspectrum » qui s’est depuis coupé les cheveux.
Enfin les deux comédiens qu’on ne présente plus : Yossi Segal et Rivka Gur pour leur performance (très) touchante. On en dira pas plus.
Il s’agit essentiellement d’une série sur l’amour, les comédiens et le théâtre, avec une forte dose d’ironie et de nombreuses blagues propres justement au monde du théâtre. Les thèmes de la célébrité, et des addictions sont également abordés.
La pièce répétée et mise en scène dans la série « Hazarot » est intitulée « Ehad + Ahat », une véritable pièce de théâtre qui avait été écrite et interprétée par Drigues et Koler eux-mêmes au Théâtre Gesher de Yaffo il y a dix ans.
À l’époque, Drigues et Koler avaient commencé à écrire le scénario de « Hazarot ». Mais les similitudes entre fiction et réalité s’étaient arrêtées là, explique Drigues.
« Rien de ce que nous évoquons ne s’est vraiment passé comme nous le montrons dans la pièce », raconte Drigues lors d’une interview avec le Times of Israel. « Même ce concept de deux ex écrivant une pièce à quatre mains : cela ne s’est pas passé ainsi pour nous ».
Pourtant le duo s’est saisi de certaines idées et de certaines réflexions – et c’est l’ensemble de ces éléments qui a permis de créer « Hazarot ».
« C’est comme un puzzle, c’est comme ça qu’on crée une histoire », déclare-t-il. « Et nous avons écrit la série à partir de ce que nous avons appris aujourd’hui sur les relations. »

Drigues se dit très étonné que cette histoire écrite il y a si longtemps résonne de manière aussi profonde auprès du public israélien. Drigues a une personnalité très différente de son personnage Tomer, avec son penchant pour les réponses sous forme de monosyllabes.
« Nous ne pensions pas vraiment que beaucoup de gens regarderaient la série », s’amuse Drigues.
Mais au contraire, la série a fait un carton lors de sa diffusion entre novembre et janvier et le duo – aux côtés du scénariste Assaf Amir, avec lequel il a travaillé sur « Hazarot » – a déjà reçu une commande de Kan pour une deuxième saison.
« On marche sur la tête », s’exclame Drigues, 39 ans, qui répond également, jovial, à des questions posées au sujet de sa légendaire crinière de cheveux bruns et raides – qui devient presque un personnage à part entière dans « Hatzarot ». (Au passage, Drigues précise avoir hérité de la tignasse de son père – et il explique avoir l’habitude de parler de ses cheveux, même si le sujet avait plutôt eu tendance, jusqu’à aujourd’hui, à être abordé dans une sphère plus intime).
« C’est un peu comme si on avait pris notre vidéo de bar-mitsva et qu’on en avait fait une série à succès », continue-t-il.

Il a fallu dix années au duo pour terminer le script. Drigues et Koler ont d’abord travaillé sur le projet pendant cinq ou six ans avant de se plonger réellement dans l’écriture de la série en compagnie d’Amir, le co-auteur.
Les deux comédiens s’étaient attelés à la tâche avant de commencer à obtenir des rôles à la télévision et dans des films, continue Drigues, accaparant tout leur temps. Mais le désir d’aller au bout de l’aventure de « Hazarot » n’avait jamais pour autant disparu.
« Le fait est qu’un jour, les choses changent et que votre carrière décolle – mais ce projet a toujours été là, sous-jacent, nous écrivions nos rôles pour nous », explique-t-il.
C’est une série très israélienne, explique Drigues, dans la mesure où elle décortique ce moment unique de la répétition d’une pièce par les comédiens ainsi que la culture de l’industrie du théâtre israélien.
« Hazarot » dépeint le tout petit monde des acteurs israéliens, où les professionnels sont finalement mieux connus pour un rôle tenu dans une série populaire diffusée à la télévision que pour une interprétation remarquable dans une œuvre classique jouée sur les planches.
Et tandis que la série fête l’âge d’or actuel de la télévision – avec la possibilité très réelle d’être choisie pour être distribué sur une plateforme mondiale telle que Netflix, Apple TV ou Amazon Prime – c’est aussi une célébration du théâtre et du théâtre israélien en particulier, note Drigues.
« Nous témoignons beaucoup d’amour au théâtre parce que c’est la famille à laquelle nous appartenons », explique-t-il. « Nous avons beaucoup de choses à dire sur le théâtre que nous connaissons de près. Nous ne connaissons pas seulement ce qu’on en dit, mais nous savons quelle est sa magie – parce que beaucoup de choses le rendent vraiment spécial ».
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