Ben Gvir défend un collaborateur critiqué pour avoir montré son arme en public
De plus, le ministre de la police a nié que Chanamel Dorfman ait omis de déclarer les revenus tirés du kiosque Four Species, où il a été vu en train de montrer son arme de service
Le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a pris la défense de son chef de cabinet, Chanamel Dorfman, mercredi, quelques jours après que ce dernier ait été filmé en train de remettre son arme de service à un étranger en public, ce qui est illégal.
« Il a fait une erreur et s’est énervé. Chanamel connaît ma position, qui est de mettre le plus possible d’armes en circulation au sein de la population pour qu’elle puisse se défendre », a déclaré Ben Gvir à la radio publique Kan.
L’incident s’est produit vendredi dans un kiosque de rue exploité par Dorfman qui vendait les Quatre espèces, plantes utilisées pendant la fête de Souccot, qui commençait ce soir-là. Dorfman tient ce kiosque depuis des années au moment de Souccot.
Une caméra filmait l’activité du kiosque en ce jour où Dorfman était là pour prêter main forte à ses vendeurs.
Selon Haaretz, qui a été le premier à publier la vidéo, l’existence de ce kiosque pose déjà problème dans la mesure où, sauf demande expresse des clients, les vendeurs ne remettent pas spontanément de ticket de caisse. Il peut en outre y avoir conflit d’intérêts car Dorfman est employé de l’État. L’homme a été aperçu en train d’accepter des paiements par carte de crédit, ainsi que du liquide qu’il a tout simplement mis dans sa poche.
Dans la vidéo, un client demande à Dorfman quel est le poids de son arme de service et lui suggère de la lui montrer. Dorfman sort son arme et la tend à l’homme de l’autre côté du comptoir. Rien ne permet de penser que Dorfman connaît cet homme.
Ben Gvir a déclaré avoir lui-même acheté les Quatre espèces au kiosque de son collaborateur et nié que Dorfman n’ait pas correctement déclaré ses revenus tirés de cette entreprise. « Tout le monde sait que ce genre de kiosque ne délivre pas de reçus », a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure, se disant persuadé que Dorfman déclarait tous ses revenus, « de A à Z ».
Dorfman, qui « travaille 20 heures par jour » et qui est « le meilleur de tous », a été autorisé à tenir ce kiosque, a déclaré le ministre.
En dépit des plaintes déposées au sujet de la manipulation de l’arme de service, la police a refusé d’ouvrir l’enquête. La loi interdit en effet aux détenteurs d’armes à feu de les remettre à une autre personne sauf à savoir de manière certaine que cette dernière possède également un permis pour le même type d’arme. La peine maximale pour l’infraction à cette loi est de six mois de prison.
La police israélienne a déclaré par voie de communiqué qu’elle n’ouvrirait pas d’enquête. Une source policière anonyme a expliqué à Haaretz : « Ils ont tout simplement peur de Ben Gvir ».
Mercredi toujours, Ben Gvir a redit soutenir « fièrement » l’assouplissement des règles d’ouverture de feu par la police et les forces de l’ordre à titre général.
« Je n’ai pas honte de dire que je crois nécessaire de changer les règles d’ouverture de feu. Je n’ai pas honte d’agir, de permettre à nos policiers de tirer sur ceux qui les menacent », a-t-il déclaré.
Depuis quelques mois, Ben Gvir fait face à la critique en raison de la brutale flambée de la criminalité au sein des communautés arabes. Il a indiqué que « le phénomène ne datait pas de ces huit derniers mois… La police fait aujourd’hui davantage en matière de prévention, d’interventions, de saisies d’armes et d’actions de terrain ».
Selon l’organisation Abraham Initiatives, qui suit de près ce phénomène, depuis le début de l’année, ce ne sont pas moins de 195 morts violentes qui ont été enregistrées au sein des communautés arabes, loin des 82 décès sur la même période en 2022.
La semaine dernière, une fusillade dans le nord a coûté la vie à cinq membres d’une famille bédouine.
Ces morts sont la partie émergée d’une criminalité qui endeuille la communauté arabe depuis maintenant plusieurs années. Nombreux sont les dirigeants communautaires qui reprochent à la police son impuissance face aux puissantes organisations criminelles et son inertie. Ils estiment que le problème actuel est la conséquence de dizaines d’années de négligences et discriminations de la part des services publics.
De leur côté, les autorités pointent du doigt une criminalité organisée en plein essor ainsi que la prolifération des armes et parfois l’attitude des communautés, réticentes à coopérer avec les forces de l’ordre.
Michael Horovitz a contribué à cet article.