Chanamel Dorfman confie son arme à un homme dans la rue, suscitant des plaintes
Le chef de cabinet du ministre Itamar Ben Gvir a été filmé en train de discuter avec un homme, le laissant tenir son arme d'État ; la police n'enquêtera pas sur cette affaire
Deux plaintes ont été déposées auprès de la police contre le chef de cabinet du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (Otzma Yehudit), après la diffusion dimanche d’une vidéo montrant Chanamel Dorfman en train de remettre son pistolet d’État à un homme dans la rue qui demandait à manipuler l’arme.
La police israélienne a déclaré qu’elle ne prévoyait pas d’ouvrir une enquête sur le comportement de Dorfman, une source ayant déclaré à Haaretz qu’il y avait trop de crainte face à l’ultra-nationaliste Ben Gvir, dont le ministère supervise les forces de l’ordre. Dorfman a un passé d’activiste d’extrême-droite qui lui a valu par le passé des injonctions de restriction et a conduit l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet à le décrire comme « un danger pour la société ».
L’incident s’est produit vendredi dans un stand de rue exploité par Dorfman pour vendre les « quatre espèces », une collection de plantes (etrog [cédrat], hadass [myrte], loulav [dattier] et arava [saule]) utilisées rituellement pendant la fête de Souccot, qui commençait ce soir-là. Dorfman tient ce stand chaque année avant la fête, et ce depuis plusieurs années.
Une personne présente au stand filmait les activités des clients qui arrivaient pour faire leurs achats. Dorfman était également présent derrière son étal. Selon Haaretz, qui a été le premier à diffuser la vidéo, le stand lui-même posait problème, car les employés ne délivraient pas de tickets à moins qu’on ne leur demande expressément de le faire, et il pourrait y avoir eu des violations du conflit d’intérêts, étant donné que Dorfman est un employé de l’État. Sur les images, Dorfman accepte lui-même des paiements par carte de crédit, mais aussi des espèces qu’il glisse tout simplement dans sa poche.
Dans la vidéo, un client interroge Dorfman sur le poids de son pistolet et demande à toucher l’arme. Dorfman sort alors cette dernière, la tendant à l’homme de l’autre côté du stand. Rien n’indique que Dorfman connaissait cet individu.
Dorfman parle aussi de l’arme, expliquant qu’elle lui a été remise par une organisation et précisant le nombre de balles contenues dans le chargeur et le type de munitions chargées. Il estime également le prix du pistolet à environ 3 000 shekels. Après avoir tenu le pistolet pendant quelques secondes, l’homme la rend à son propriétaire.
בזמן שיא רציחות ופשיעה משתוללת, ראש מטה השר לביטחון לאומי חנמאל דורפמן הפעיל דוכן למכירת ארבעת המינים בירושלים. קבלות על המכירות? רק למי שדורש.
ובזמן המכירה, העביר את אקדחו האישי (!) לידיו של לקוח מזדמן בכדי שייתרשם ממנו.
התיעוד והתגובות – https://t.co/tVpqEhN1Cm pic.twitter.com/r5qMua9F0s— Josh Breiner (@JoshBreiner) October 1, 2023
La loi interdit à un détenteur d’arme à feu de remettre son arme à quelqu’un d’autre sans s’être assuré au préalable que la seconde personne possède également un permis valide pour le même type d’armement. La peine maximale pour violation de la loi est de six mois de prison.
Dans une réponse au journal, Dorfman a mis l’accent sur la légalité de son étal. « Contrairement à ce qui a été affirmé, toutes les autorisations nécessaires ont été reçues, à la fois de la municipalité de Jérusalem et de la commission de la Fonction publique, et les revenus sont enregistrés et déclarés aux autorités ».
La déclaration ne fait aucune référence à l’incident impliquant l’arme à feu.
Un haut fonctionnaire du ministère de la Sécurité nationale, qui a demandé à ne pas être identifié, a déclaré à Haaretz que la police devait ouvrir une enquête et confisquer l’arme de Dorfman.
L’incident, a déclaré le fonctionnaire, « aurait pu se terminer de façon dramatique ». « Il est clair pour tous les possesseurs d’arme qu’il est interdit de sortir un pistolet de son étui à moins d’en avoir besoin ou pour des raisons de sécurité. »
Le fonctionnaire a noté que l’homme aurait pu s’enfuir avec le pistolet de Dorfman ou ouvrir le feu avec. En outre, un tiers armé, voyant le pistolet sorti, aurait pu penser qu’il s’agissait d’une personne sur le point de commettre une attaque et aurait pu lui-même ouvrir le feu sur le tireur présumé, a-t-il ajouté.
« Il s’agit d’un comportement grave, criminel et puéril qui requiert la plus sérieuse attention, d’autant plus lorsque le chef de cabinet du ministre chargé de faire respecter la loi est en cause. »
La police israélienne a déclaré dans un communiqué qu’elle n’ouvrirait pas d’enquête. Une source policière anonyme a déclaré à Haaretz que c’est parce qu’elle « a tout simplement [trop] peur de Ben Gvir ».
Le ministère de la Sécurité nationale a déclaré dans un communiqué que « l’affaire sera examinée par les autorités compétentes ».
Ben Gvir a également fait l’objet d’une enquête sur des questions d’armes. La semaine dernière, la procureure générale Gali Baharav-Miara a clos une enquête criminelle sur le ministre pour avoir sorti un pistolet lors d’une altercation avec des gardes de sécurité arabes sur un parking de Tel Aviv il y a près de deux ans.
Baharav-Miara a déclaré qu’elle voyait peu de chances de condamner Ben Gvir compte tenu des résultats de l’enquête sur l’incident.