Ben Gvir veut faciliter les demandes de permis de port d’arme suite aux attentats
Le ministre de la Sécurité nationale va doubler les effectifs du bureau et allonger leur temps de travail ; il a informé que les agents de sécurité ne subiront plus d’entretiens
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a annoncé jeudi vouloir remanier le département des licences d’armes à feu du ministère. Son projet vise à rationaliser le processus pour les civils qui cherchent à porter une arme à feu suite à une série d’attentats terroristes.
Le contrôle des armes à feu en Israël est relativement strict, et les armes ne sont généralement accordées qu’à ceux qui peuvent démontrer un besoin de sécurité supplémentaire dans leur travail ou leur vie quotidienne. Dans presque tous les cas, les citoyens ne peuvent posséder qu’une seule arme et seulement 50 balles à la fois.
Selon les données publiées lundi par le ministère de la Sécurité nationale, 147 248 permis de port d’arme ont été délivrés, contre un maximum de 185 399 en 2009.
Selon le ministère, 42 236 demandes ont été déposées en 2022, soit un record absolu. Avant 2021, la possession d’armes à feu était en baisse, avec une moyenne de 13 000 demandes par an entre 2016 et 2020.
La hausse des demandes a été attribuée aux émeutes ethniques dans de nombreuses villes mixtes, pendant une guerre avec le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la Bande de Gaza, en mai 2021.
Parmi les demandes de l’année dernière, 10 986 licences ont été délivrées, et 4 404 ont reçu une approbation conditionnelle. 17 373 autres demandes étaient encore en cours d’examen par le ministère, 10 773 étaient en attente d’un entretien et 6 600 demandes ne contenaient pas tous les documents requis. Par ailleurs, 9 256 demandes ont été rejetées et 217 autres ont expiré, selon les données.
Jeudi, Itamar Ben Gvir a déclaré qu’il avait décidé de doubler les effectifs du département des licences d’armes à feu et d’étendre les heures d’ouverture du bureau afin de délivrer des milliers de licences par mois, a indiqué son bureau dans un communiqué.
Le ministre a également décidé de supprimer l’obligation d’entretien pour les agents de sécurité souhaitant obtenir un permis personnel. Cela signifie que les soldats de Tsahal, les agents de police, les fonctionnaires de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, les fonctionnaires de l’agence de renseignement du Mossad, les gardiens des services pénitentiaires et les pompiers n’auront plus besoin d’attendre un entretien pour obtenir leur permis.
« Cela permettra de gagner du temps et d’alléger la charge du service des entretiens, de raccourcir considérablement la procédure et de permettre la délivrance de milliers de permis de port d’armes par mois », a indiqué le communiqué.
Les anciens combattants des unités d’infanterie de Tsahal peuvent obtenir un permis de port d’arme, de même que les agents de police ayant reçu une formation équivalente. En outre, les officiers de l’armée ayant le grade de lieutenant ou un grade supérieur, ainsi que les sous-officiers ayant le grade de premier sergent ou un grade supérieur, qui ont porté une arme pendant leur service militaire, ne seront plus tenus de rendre leurs armes et leurs permis lorsqu’ils seront libérés du service de réserve.
Environ 23 % des permis de port d’arme sont détenus par des membres ou d’anciens membres des forces de sécurité, selon des données récentes du ministère.
Le ministère a déclaré que son objectif était de mener 5 000 à 8 000 entretiens par mois « et d’alléger la longue liste d’attente qui s’est accumulée au ministère ».
Ben Gvir a établi un lien entre la décision d’accélérer le processus de délivrance des permis de port d’arme et les deux attentats terroristes perpétrés à Jérusalem ce week-end.
« Deux attaques qui ont eu lieu au cours du week-end ont prouvé la différence entre l’attentat de Neve Yaakov, où aucun civil n’avait d’arme et où, avec une grande tristesse, sept fidèles juifs ont été massacrés, et l’attaque dans la Cité de David, où heureusement un civil a tiré avec son arme personnelle et a rapidement neutralisé le terroriste », a-t-il déclaré dans le communiqué.
Le terroriste qui a tué sept personnes dans le quartier de Neve Yaakov à Jérusalem vendredi soir a été tué par des policiers dans les cinq minutes qui ont suivi les premiers rapports de coups de feu alors qu’il fuyait les lieux. Lors de la deuxième attaque, samedi matin, l’assaillant palestinien de 13 ans a été visé et blessé par un soldat de la Brigade des parachutistes qui n’était pas en service, malgré ses blessures.
« C’est un excellent exemple de la grande nécessité et de l’importance du port d’armes par les citoyens et nous avons le devoir d’accélérer le processus et de raccourcir considérablement la bureaucratie, pour nos enfants, pour la vie de chacun d’entre nous », a jugé Ben Gvir.
Les critiques, notamment les militants des droits des femmes, déplorent le relâchement des restrictions sur la possession d’armes à feu.
Selon les données de l’Association pour les droits civils en Israël (ACRI), sur 32 femmes assassinées avec des armes à feu entre 2019 et 2021, 9 ont été tuées par des personnes possédant des armes à feu sous licence.
L’ACRI a déclaré que quelque 200 armes à feu sous licence sont volées chaque année, et qu’environ 11 % des suicides sont commis avec des armes à feu chaque année.
Dans un rapport publié dimanche, l’ACRI a averti que « l’armement excessif croissant porte atteinte à la sécurité civile et cause des dommages avérés ».
Elle a déclaré qu’il n’y avait « aucune base factuelle pour l’affirmation selon laquelle l’armement civil élargi augmente la sécurité », citant des données du ministère selon lesquelles sur 264 incidents terroristes entre 2018 et 2020, un civil armé ou un agent de sécurité était impliqué dans seulement 5 % des cas.
La plupart des attaques terroristes se sont produites en Cisjordanie, où les civils peuvent déjà demander un permis. Actuellement, environ 13 % des permis de port d’arme sont accordés sur le critère du domicile ou du lieu de travail.
En vertu de directives assouplies publiées en 2018, les personnes qui ont été en possession continue d’un permis de port d’arme pendant 10 ans sont autorisées à le conserver ad vitam aeternam, sans avoir à subir de tests périodiques pour prouver qu’elles répondent toujours aux exigences. Les données du ministère montrent que près de 60 % de tous les permis de port d’arme sont accordés selon ce critère.
Par ailleurs, les volontaires de certaines unités de police et des service de secours du Magen David Adom, ZAKA et Hatzalah peuvent obtenir un permis de port d’arme, mais moins de 1 % des permis ont été délivrés selon ce critère, d’après les données du ministère.
Le ministère n’a pas encore abordé la question du manque d’armes à feu dans les quartiers et villes orthodoxes. La plupart des Israéliens ultra-orthodoxes – ou haredim – ne servent pas dans l’armée, ce qui signifie qu’ils ne peuvent demander un permis que sur le critère de leur domicile ou de leur lieu de travail. Par ailleurs, certains haredim considèrent que le port d’armes à feu le jour du Shabbat est une violation de la loi juive orthodoxe – ou halakha.