Bennett soutient les droits des homosexuels mais pas les lois en leur faveur
Cela fait suite aux critiques de Smotrich de Yamina ; La position de ce politicien religieux, en tête des sondages, est qualifiée de "honteuse" par des défenseurs des droits LGBT
Naftali Bennett, le leader du parti religieux de droite Yamina, est revenu mardi sur ses récentes remarques en faveur de l’égalité des droits civils pour les personnes LGBT, après les critiques de son partenaire politique Bezalel Smotrich.
Yamina est une alliance de deux parties : HaYamin HaHadash de Bennett et l’Union nationale de Smotrich. Alors que HaYamin HaHadash a cherché à se distancer d’une image religieuse, l’Union Nationale est un porte-drapeau du camp sioniste-religieux d’Israël.
Bennett, lors d’une interview sur Instagram la semaine dernière, a déclaré qu’il croyait en l’idée de « vivre et laisser vivre, et au respect de chaque personne ; et au fait que les personnes LGBT bénéficient pleinement de tous les droits civils dont dispose une personne hétérosexuelle en Israël ».
Mais en s’adressant à la radio de l’armée mardi, M. Bennett a déclaré que son soutien déclaré à l’égalité des droits ne signifiait pas qu’il allait réellement prendre des mesures pour parvenir à cette égalité.
« Je n’ai pas dit que nous allons promouvoir des lois », a-t-il déclaré. « J’ai dit que je respecte les LGBT et qu’ils ont droit à tous les droits civils ».
Interrogé sur la question lors d’une interview sur la Treizième chaîne lundi, M. Smotrich avait clairement indiqué que sa faction du parti ne voterait pas en faveur d’une législation consacrant de tels droits.
« Il y a eu de tels votes, nous nous y sommes opposés. S’il y aura d’autres votes, nous continuerons à nous y opposer, car je crois en un État juif, non seulement en tant que folklore et étiquette, mais aussi en tant que contenu pratique », a déclaré M. Smotrich. « Le statu quo qui nous a permis de vivre ici ensemble pendant 70 ans inclut également le fait que le mariage et le divorce en Israël se font selon la religion juive ».
Il a ajouté : « Yamina est composé de deux partis, ce n’est pas nouveau… Nous avons des différences sur des questions comme celle-ci mais nous avons aussi énormément en commun et nous nous concentrons principalement sur cela ».
Hila Peer, directrice d’Aguda – l’Association pour l’égalité des LGBTQ en Israël, a déclaré que le « revirement » de Bennett pouvait maintenant être enterré.
« Bennett, le respect n’est pas suffisant pour se marier, avoir une famille et défendre les jeunes LGBT contre les harcèlements », a-t-elle déclaré. « Merci, mais les belles paroles ne nous donneront pas l’égalité des droits. C’est une honte que Bennett choisisse de continuer à s’associer avec des extrémistes qui ne reflètent pas l’opinion de la plupart des Israéliens, qui soutiennent les droits des LGBT ».
Yamina est monté en flèche dans les sondages ces derniers mois depuis qu’il est passé de la coalition à l’opposition suite aux élections de mars. Il a pris la deuxième place derrière le Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un contexte de mécontentement croissant face à la gestion par le gouvernement de la pandémie de coronavirus et de sondages dans la petite vingtaine de sièges prévus à la Knesset (le parti n’en a actuellement que cinq).
Bennett a cherché à se présenter comme l’adulte responsable et équilibré dans la salle face aux querelles internes de la coalition. Et il a fait de son mieux pour faire de Yamina un parti aux racines nationalistes et traditionnelles, mais dont le programme est tourné vers l’avenir.
Mais son allié Smotrich a souvent fait des brèches dans ces efforts, en faisant parfois des déclarations controversées sur la place du judaïsme dans une société israélienne démocratique qui pourraient dissuader les électeurs plus modérés.
L’année dernière, il a déclaré à plusieurs reprises qu’Israël devrait être régi par la loi religieuse, qu’il souhaite « rétablir le système judiciaire de la Torah » et que le pays devrait aspirer à se gouverner comme « au temps du roi David ».
De tels commentaires ont été fortement rejetés par de nombreux politiciens, dont Netanyahu.