Capitole : En rencontrant 4 Républicains, Ben Gvir entre sur la scène politique américaine
Le ministre d'extrême droite, menacé de sanctions par Joe Biden, a dit après les réunions penser que les membres du Congrès "ont vraiment apprécié ce qu'ils ont entendu"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré au Times of Israel qu’il avait rencontré lundi quatre parlementaires républicains américains au Capitole, dont l’un préside la puissante commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.
Ces rencontres indiquent que le député d’extrême droite israélien, que l’administration de l’ancien président américain Joe Biden avait envisagé de sanctionner l’an dernier, se fraye un chemin dans la politique américaine, à tout le moins au sein du parti républicain.
Le représentant Brian Mast était le parlementaire le plus haut placé à rencontrer Ben Gvir. Mast est un fervent partisan du mouvement pro-implantations qui demande aux membres de la commission des Affaires étrangères de ne désigner la Cisjordanie que par son nom biblique, la Judée-Samarie. Ben Gvir vit dans l’implantation de Kiryat Arba, située à proximité de Hébron.
Le ministre a rencontré deux des membres les plus conservateurs du groupe parlementaire républicain, les représentants Jim Jordan et Claudia Tenney, mais il a également discuté avec le représentant Mike Lawler, considéré comme plus modéré.
Mast, Lawler, Jordan et Tenney ont été parmi les premiers membres du Congrès à rencontrer Ben Gvir, rejoignant ainsi Tom Emmer, le chef de file de la majorité à la Chambre des représentants, qui s’était entretenu avec le ministre de la Sécurité nationale dans la résidence de Trump à Mar-a-Lago, en Floride, la semaine dernière.
Ben Gvir a déclaré qu’il n’était pas venu au Capitole avec un ordre du jour particulier, si ce n’est pour donner à ceux qui partagent ses opinions l’occasion de faire sa connaissance.

Il a déclaré que les élus américains qu’il a rencontrés ont exprimé leur soutien sans réserve à Israël et à sa guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas. Ils n’ont pas non plus tenté de le pousser à faire changer la politique israélienne.
Il a également indiqué avoir été informé par certains parlementaires républicains de leurs efforts visant à sévir contre les finances des groupes anti-Israël aux États-Unis.
« Je ne leur ai pas demandé après coup s’ils voteraient pour Ben Gvir, mais ils ont souhaité faire ma connaissance et je pense qu’ils ont vraiment apprécié ce qu’ils ont entendu », a-t-il noté.
Ben Gvir n’a tenu aucune réunion avec des membres de l’administration du président américain Donald Trump au cours de son déplacement d’une semaine, bien qu’il insiste sur le fait que cela n’ait jamais figuré dans son programme. Des médias avaient rapporté une possible rencontre avec la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem, mais celle-ci n’a jamais eu lieu.
WATCH: Along with other protesters, Medea confronted Israeli war criminal Itamar Ben-Gvir today at the U.S. Capitol and he completely lost it.
Ben-Gvir, Israel’s so-called “Minister of National Security,” has openly called for the ethnic cleansing of Gaza and directs the bombing… pic.twitter.com/7oqXpp3ICr
— CODEPINK (@codepink) April 28, 2025
Comme à d’autres moments de sa visite aux États-Unis, Ben Gvir a été confronté à une poignée de manifestants d’extrême gauche qui l’ont pris à partie dans les couloirs du bâtiment du Congrès. Le ministre de la Sécurité nationale a été filmé en train de répondre à l’un des militants en criant : « Vous tuez des bébés ».
Lundi également, le représentant Jerry Nadler, un Juif démocrate, a présenté un projet de loi – dont la date a été choisie pour coïncider avec la visite de Ben Gvir – visant à codifier le régime de sanctions de Biden contre les résidents d’implantations violents en Cisjordanie.
Les sanctions ont été levées par Trump dès son premier jour au pouvoir, et ce projet de loi a très peu de chances d’aboutir, compte tenu de la majorité républicaine actuelle au Congrès.
« La violence en Cisjordanie a atteint son paroxysme, et Itamar Ben-Gvir est le principal instigateur de certaines des violences les plus meurtrières commises par les colons », a déclaré Nadler dans un communiqué.
« Nous devons être très clairs sur qui est Itamar Ben Gvir : c’est un raciste, un terroriste, un suprémaciste juif. Ce texte législatif envoie un message clair : les propos incendiaires de Ben-Gvir ne sont les bienvenus ni dans nos communautés ni aux États-Unis », a-t-il ajouté.
Ben Gvir n’était à Washington que pour la journée de lundi, dernier jour de son voyage aux États-Unis, au cours duquel il s’est également rendu en Floride, à New Haven et à New York.
Il a principalement rencontré des dirigeants de la communauté juive orthodoxe, des étudiants universitaires, des hommes d’affaires israéliens et des responsables locaux des forces de l’ordre.
Ben Gvir a profité de ce déplacement pour exprimer son soutien au projet de Trump de prendre le contrôle de Gaza et de déplacer les Palestiniens qui le souhaitent vers d’autres régions, affirmant que cela correspondait à son appel de longue date d’émigration volontaire des Palestiniens de la bande de Gaza. Les détracteurs de cette initiative la qualifient d’euphémisme pour désigner un « nettoyage ethnique », en particulier lorsque le transfert massif de population est imposé en pleine guerre.
Le ministre de la Sécurité nationale a également souligné, lors des réunions, ses efforts visant à aggraver les conditions de détention des prisonniers palestiniens pour des raisons de sécurité, ainsi que sa volonté d’autoriser la prière juive sur le mont du Temple, au mépris d’un statu quo tacite régissant ce lieu saint de Jérusalem, haut lieu de tensions.