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A peine investi, Trump annule les sanctions de Biden contre des résidents d’implantations

Le président américain tient compte des demandes formulées par les responsables israéliens en signant un décret quelques heures après qu'un village palestinien du nord de la Cisjordanie a été ciblé

Des partisans du mouvement pro-implantations israéliens, en haut des toits, raillent des Palestiniens près du Tombeau des Patriarches - la Mosquée Ibrahimi pour les musulmans - à l'occasion d'un événement religieux juif annuel à Hébron, en Cisjordanie, le 23 novembre 2024. (Crédit : Hazem Bader/AFP)
Des partisans du mouvement pro-implantations israéliens, en haut des toits, raillent des Palestiniens près du Tombeau des Patriarches - la Mosquée Ibrahimi pour les musulmans - à l'occasion d'un événement religieux juif annuel à Hébron, en Cisjordanie, le 23 novembre 2024. (Crédit : Hazem Bader/AFP)

Le président Donald Trump a révoqué lundi un décret de son prédécesseur Joe Biden qui avait permis de sanctionner des Israéliens accusés de violences contre des Palestiniens en Cisjordanie, a annoncé lundi la Maison Blanche.

A peine investi, le président républicain a annulé le texte adopté en février 2024, et qui avait été le préalable à des sanctions financières visant plusieurs résidents d’implantations, y compris un individu accusé d’avoir fomenté une émeute dans la ville palestinienne de Huwara, au sud de Naplouse, ayant entraîné la mort d’un civil palestinien.

Cette politique fait partie des dizaines de mesures annulées par Trump quelques heures après sa prestation de serment, par le biais d’une série de décrets qu’il a signés d’abord lors d’un rassemblement après l’investiture devant des milliers de partisans, puis de retour à la Maison-Blanche.

L’annulation du régime de sanctions était une priorité pour le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a soulevé la question lors de diverses réunions avec l’équipe de transition de Trump au cours des derniers mois.

Le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a remercié mardi le « soutien inébranlable » de Donald Trump, après la décision de ce dernier de lever les sanctions américaines à l’égard d’éléments extrémistes israéliens de Cisjordanie.

« M. le Président, votre soutien inébranlable et sans compromission à l’Etat d’Israël est un témoignage de votre intense relation avec le peuple juif et notre droit historique sur notre terre », a écrit le ministre sur le réseau social X.

Le président américain Donald Trump brandissant un décret commuant les peines des personnes condamnées pour des infractions commises le 6 janvier dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 20 janvier 2025. (Crédit : Evan Vucci/AP)

« Ces sanctions constituaient une intervention sérieuse et flagrante dans les affaires intérieures d’Israël et une violation injustifiée des principes démocratiques et du respect mutuel » entre les deux pays, a-t-il ajouté.

Le leader d’Otzma Yehudit et ministre sortant de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, a qualifié la décision d’ « historique ».

« Cette décision répare un grand tort qui a été perpétué ces dernières années dans le cadre d’une politique américaine partiale menée par l’administration américaine et aussi de la part de certains locaux qui confondaient ceux que nous aimons et nos ennemis », a déclaré Ben Gvir.

A l’époque, Joe Biden avait dénoncé les violences « intolérables » d’éléments extrémistes israéliens, une « menace grave pour la paix, la sécurité et la stabilité » de la région selon lui.

Pendant des années, les autorités israéliennes ont largement ignoré le phénomène, et le problème n’a fait qu’empirer depuis la formation du dernier gouvernement de Netanyahu en décembre 2022. Ben Gvir, a rejeté ces attaques comme un non-sujet, et le plus haut responsable chargé de superviser la Cisjordanie fait actuellement l’objet d’une enquête du ministère de la Justice pour avoir apparemment ignoré la violence des résidents d’implantations afin de plaire à son supérieur et d’obtenir une promotion.

Une crèche est incendiée à Sydney, en Australie, avec des graffitis antisémites à côté, le 21 janvier 2025 (Capture d’écran X)

Trump a signé ce décret quelques heures seulement après une autre attaque de résidents d’implantations dans le village d’al-Funduq, dans le nord de la Cisjordanie.

Le décret signé par Biden a désigné 17 personnes et 16 entités, en huit groupes distincts, au cours de l’année écoulée. Il s’agit de résidents d’implantations qui, selon les États-Unis, ont participé à des attaques violentes contre des Palestiniens et à l’expropriation de terres palestiniennes, ainsi que d’avant-postes illégaux entiers dont les résidents ont pris part à de telles actions. L’administration Biden a même envisagé de sanctionner l’ex-ministre de la Sécurité nationale lui-même, ainsi que Smotrich, avant d’y renoncer. La dernière série de sanctions a toutefois désigné la branche du mouvement des résidents d’implantation chargée du développement d’Amana, ce qui a été considéré comme un coup dur.

Les dirigeants de ce même mouvement ont été invités à la cérémonie d’investiture de Trump lundi. Le chef du Conseil de Yesha, qui regroupe les résidents d’implantations, Yisrael Gantz, était présent dans le public de la Capital One Arena à Washington lorsque Trump a annoncé qu’il retournerait à la Maison Blanche pour signer d’autres décrets annulant de nombreuses politiques de Biden. Sa présence a mis en évidence la rapidité avec laquelle Washington a changé de position sur la question des implantations de Cisjordanie, que l’administration précédente considérait comme illégales au regard du droit international.

Trump continuera-t-il à satisfaire le mouvement pro-implantations ? La question reste ouverte, car il a fait progresser un accord de cessez-le-feu et de libération d’otages auquel la plupart des Israéliens de la droite dure s’opposent, car il exige probablement qu’Israël accepte un cessez-le-feu permanent et un retrait de Gaza en échange de la libération des otages restants.

Le mouvement pro-implantations a pour objectif de recréer à Gaza les implantations qui ont été évacuées en 2005 lors du retrait d’Israël de l’enclave côtière. Netanyahu a exclu cette idée, mais il reste redevable aux partenaires de la coalition d’extrême droite qui la soutiennent ardemment.

Trump cherche également à négocier un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite – un accord qui nécessitera probablement que Jérusalem fasse d’importantes concessions aux Palestiniens. Ryad a publiquement conditionné l’accord à la création d’un État palestinien, ce qui irait à l’encontre de l’idéologie du mouvement pro- implantations.

Trump a déclaré lundi qu’un accord de normalisation serait probablement signé « bientôt », voire avant la fin de l’année.

Au début du mois, deux des Israéliens sanctionnés ont entamé des poursuites contre l’administration Biden pour les avoir ciblés, arguant qu’ils n’étaient pas éligibles parce qu’ils étaient également citoyens américains.

En effet, le décret signé par Biden ne concernait que les ressortissants étrangers. La semaine dernière, deux fonctionnaires américains ont déclaré au Times of Israel que l’administration n’avait pas correctement vérifié l’identité des deux plaignants et qu’elle ne les aurait pas désignés si elle avait su qu’ils avaient la double nationalité.

Il n’est toutefois pas certain que l’action en justice aboutisse, étant donné que Trump a mis fin au régime de sanctions.

Si le régime de sanctions à l’encontre des résidents d’implantations n’existe plus aux États-Unis, plusieurs pays occidentaux et l’ensemble de l’Union européenne avaient emboîté le pas à l’initiative de Biden. Ces sanctions devraient rester en place et entraver les efforts des mouvements de résidents d’implantations pour effectuer des transactions à l’étranger et lever des fonds à l’étranger.

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