Ce qu’il faut savoir sur la fédération Musulmans de France
L'association assure "répondre aux besoins cultuels, culturels, éducatifs, sociaux et humanitaires des musulmans", selon sa page Facebook
Le rapport sur l’islamisme politique examiné mercredi en Conseil de défense les qualifie de « principale émanation » des Frères musulmans dans l’Hexagone : que faut-il savoir sur Musulmans de France, qui rejette vigoureusement cette définition ?
Qu’est-ce que Musulmans de France ?
Musulmans de France (MF) est une fédération d’associations musulmanes qui a succédé en 2017 à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), elle-même créée en 1983.
Elle est dirigée depuis 2021 par Mohsen Ngazou, directeur du collège-Lycée Ibn Khaldoun à Marseille, après Amar Lasfar.
L’association veut « répondre aux besoins cultuels, culturels, éducatifs, sociaux et humanitaires des musulmans », selon sa page Facebook.
Quel est son poids ?
En 2024, MF revendiquait de fédérer « 280 associations et de contrôler une trentaine de centres cultuels et plusieurs grandes mosquées », explique Franck Fregosi dans son ouvrage « Gouverner l’islam de France ».
Le chercheur au CNRS souligne que sa force « ne résulte pas d’une hégémonie en matière d’offre religieuse » mais « de son maillage au sein de la communauté musulmane, dont elle investit les mondes associatifs étudiant, féminin, médical, scolaire ».
Le rapport remis au gouvernement estime que les lieux de cultes affiliés à MF représentent 7 % des 2 800 répertoriés en France, avec une fréquentation moyenne de « 91 000 fidèles le vendredi ».
Quel regard des autorités ?
MF a été « légitimé par les institutions républicaines depuis de longues années », a affirmé jeudi Chems-eddine Hafiz, le recteur de la Grande mosquée de Paris que le rapport égratigne pour son « dialogue » avec Musulmans de France.
En 2003, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait fait entrer l’UOIF dans le tout jeune Conseil français du culte musulman (CFCM), avant de se rendre au rassemblement du Bourget.
En 2020, Musulmans de France avait fait partie des instances reçues par Emmanuel Macron dans l’optique d’un futur conseil national des imams chargé de labelliser leur formation.

Une mouvance très surveillée
Mais des voix s’élèvent régulièrement à droite pour demander une interdiction – Eric Ciotti jeudi, Marine Le Pen en 2020…
L’Institut européen des sciences humaines (IESH), école d’imams fondée à l’initiative de l’UOIF, a été perquisitionnée fin 2024 pour des soupçons de non-déclaration de financements étrangers, notamment du Qatar.
En 2022 avait été expulsé le prédicateur Hassan Iquioussen, proche de MF.
Quels liens avec les Frères musulmans ?
Le rapport décrit MF comme « la branche nationale des Frères musulmans en France ». Une « allégation » que l’association a aussitôt rejetée « fermement », comme elle le fait régulièrement.

Qui sont les Frères musulmans ?
La confrérie des Frères musulmans a été fondée en Egypte en 1928 par Hassan al-Banna, et sa doctrine s’organise autour du dogme du « tawhid » (unicité de Dieu), la fusion du religieux et du politique.
Le mouvement a été interdit dans plusieurs pays comme l’Arabie saoudite, l’Egypte et très récemment la Jordanie. Le groupe terroriste du Hamas est la branche palestinienne de ce mouvement.
Des branches se sont développées en Europe depuis les années 1980.
Se distinguant des salafistes, qui affichent « une forme d’intransigeance morale, comportementale, vestimentaire, avec un évitement du jeu politique », les Frères « sont des acteurs participationnistes qui vont chercher à être adoubés par l’État », explique M. Seniguer.