Chili Tropper : Le Likud veut qu’on le rejoigne pour le sauver de l’extrême droite
Le député affirme avoir reçu des propositions de membres du Likud, de remplacer HaTzionout HaDatit et Otzma Yehudit à la coalition

Un législateur du parti de centre-droit de l’opposition, HaMahane HaMamlahti, a affirmé dimanche avoir reçu des propositions du parti au pouvoir, le Likud, pour rejoindre le gouvernement dans le but d’écarter deux partis d’extrême droite.
Lors d’une interview accordée à la chaîne officielle de la Knesset, le député Chili Tropper a déclaré que des députés seniors du Likud auraient récemment proposé aux législateurs du parti HaMahane HaMamlahti de rejoindre la coalition pour remplacer les partis HaTzionout HaDatit et Otzma Yehudit.
Le Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu est à la tête du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, reposant sur le parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit pour maintenir sa majorité parlementaire. Les deux partis sont dirigés respectivement par le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et sont étroitement liés pour faire avancer leur agenda radical.
Selon Tropper, les représentants du Likud auraient supplié les députés de HaMahane HaMamlahti de les « sauver du gouvernement [qu’ils ont] formé ».
Tropper a déclaré qu’il avait refusé toutes ces propositions en raison de la mauvaise expérience vécue par son parti la dernière fois qu’il a rejoint un gouvernement dirigé par Netanyahu.
« Nous savons que nous n’avons pas de véritable partenaire », a déclaré Tropper à propos du Likud.
En 2021, l’ancêtre du parti HaMahane HaMamlahti, Kakhol lavan, avait formé un gouvernement de rotation avec le Likud, où le poste de Premier ministre devait être exercé à tour de rôle. Netanyahu a été le premier à occuper le poste de Premier ministre, et le gouvernement est tombé avant que le leader du parti Kakhol lavan, le député Benny Gantz, ne devienne Premier ministre à son tour, une manœuvre qui a été perçue comme un coup monté par Netanyahu.

Les remarques de Tropper surviennent alors que le gouvernement poursuit son projet de réforme controversée du système judiciaire, lequel a provoqué de nombreuses manifestations massives depuis neuf semaines.
Selon la presse israélienne, le Likud considère Gantz comme le chef du parti d’opposition le plus enclin à parvenir à une sorte de compromis avec le gouvernement sur ce projet.
Autre signe d’alignement entre les partis, la semaine dernière, les députés du Likud Yuli Edelstein et Danny Danon ont lancé un appel conjoint aux législateurs de HaMahane HaMamlahti, Gadi Eisenkot et Tropper, pour la tenue de discussions sur la refonte du système judiciaire, sur la base de la proposition formulée par le président Isaac Herzog.
Les avances du Likud font suite à l’indignation provoquée dans le pays et à l’étranger par les propos de Smotrich, leader du parti HaTzionout HaDatit et ministre des Finances, qui a déclaré qu’une ville palestinienne de Cisjordanie devrait être rasée. Netanyahu a déclaré dimanche que ces propos étaient inconvenants après la demande des Etats-Unis de les dénoncer.

Netanyahu n’a, toutefois, pas condamné catégoriquement les remarques mais a seulement suggéré dans un fil de discussion sur Twitter, publié en anglais peu après minuit, que Smotrich s’était mal exprimé.
Netanyahu a remercié Smotrich d’être revenu plus tard sur ses commentaires et d’avoir « précisé que son choix de mots » était « inapproprié ».
L’incident souligne encore une fois la façon dont Netanyahu doit concilier les idéologies des membres d’extrême droite de son gouvernement avec les attentes des États-Unis, principal allié d’Israël.
Netanyahu se serait également heurté à Ben Gvir sur sa politique et ses exigences visant à intensifier la démolition des maisons palestiniennes construites illégalement à Jérusalem-Est. Netanyahu aurait aussi tenu une réunion d’urgence avec les hauts responsables de la sécurité, sans inviter Ben Gvir lors du saccage de Huwara par les habitants des implantations.