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Comment les Maccabiades ont aidé une famille juive dans la tragédie

La médaille d’or des Maccabiades 2017 auxquelles le footballeur Adam Henry n’a pas pu participer lui rappelle le soutien que lui a prodigué la communauté à la mort de sa mère

Lorsqu’Adam Henry a perdu sa mère Judy, les Maccabiades ont aidé à le réconforter. (Avec la permission de Jack Wiener/via la JTA)
Lorsqu’Adam Henry a perdu sa mère Judy, les Maccabiades ont aidé à le réconforter. (Avec la permission de Jack Wiener/via la JTA)

JTA – Sur le mur de la chambre d’enfant d’Adam Henry, à Fort Myers, en Floride, est accrochée une médaille d’or des Maccabiades 2017, tournoi sportif international souvent présenté comme les Jeux olympiques juifs.

Adam, qui a aujourd’hui 20 ans et est gardien de but en division I à l’Université du Missouri, à Kansas City, a toujours été un joueur très impliqué. Pourtant, il n’a pas pris part aux Maccabiades de 2017. C’est une longue et triste histoire, faite de blessures et du décès brutal de la mère d’Adam, mais qui se termine par des larmes de joie.

À l’hiver 2017, Adam fait des tests pour faire partie de l’équipe de football junior Maccabi USA et est choisi comme capitaine. Il vit alors à deux heures de chez lui, sur la côte est de la Floride, où il s’entraîne à l’IMG Academy, à la fois programme d’entraînement sportif et pensionnat qui a accueilli des élèves prestigieux, comme la légende du tennis Andre Agassi ou la star du baseball, Gary Sheffield. Adam alterne la vie seul, les temps avec sa mère, Judy et la vie dans une famille d’accueil.

« Je me souviens que je faisais la sieste, je revenais tout juste de l’entraînement et ma mère est arrivée en courant, ravie, pour me dire que j’étais pris dans l’équipe [Maccabi] », se souvient Adam dans une interview accordée à la Jewish Telegraphic Agency.

« C’est sans doute le moment le plus intense que j’aie jamais eu avec ma mère. Un mélange de grande joie et d’excitation, d’impatience à l’idée de représenter mon pays dans cette compétition. »

Élevé dans une région avec une toute petite communauté juive – loin des épicentres juifs de Floride que sont Boca Raton ou Miami – il explique que participer aux Maccabiades était l’un de ses rêves et qu’il avait hâte de rencontrer d’autres sportifs juifs.

« À partir du moment où il a fait partie de cette équipe, cela a confirmé qu’il avait vraiment quelque chose de spécial », déclare Kevin, le père d’Adam.

Cela représente également beaucoup pour Judy Henry, ancienne joueuse de tennis de Division I, qui a beaucoup de proches en Israël. Comme son fils, elle aime la compétition.

« Ma mère et moi, que ce soit pour un jeu de société ou une course, nous voulions toujours gagner », a déclaré Adam. « Et c’est aussi ce qui nous réunissait. »

La joie d’être sélectionné pour les Maccabiades est malheureusement de courte durée.

Quelques semaines seulement avant de se rendre en Israel avec sa famille, Adam, qui a grandi de 20 cm en un an, se fracture la jambe gauche lors d’un match. Il doit porter un plâtre total de la jambe pendant deux mois, et aujourd’hui encore, les conséquences de la blessure sont bien visibles : ses pieds sont de tailles très différentes.

Adam Henry a fracturé sa jambe gauche quelques semaines avant les Maccabiades 2017. (Avec l’aimable autorisation de Jack Wiener/via la JTA)

Bien qu’il ne puisse pas jouer comme prévu dans les rangs de l’équipe du Maccabi USA, Adam et sa famille décident de se rendre en Israël pour les Jeux, afin d’encourager ses coéquipiers. L’équipe remporte la médaille d’or sous les yeux d’Adam, dans les gradins.

À la fin du tournoi, le père d’Adam et sa sœur Rebecca repartent, tandis que lui et sa mère restent en Israël.

Judy avait des problèmes de santé chroniques, explique Kevin, de l’arthrite psoriasique et une maladie capillaire qui lui occasionnait des saignements réguliers au niveau des pieds.

Bien que le saignement ait parfois pu être important, le problème n’a jamais été considéré comme de nature à mettre sa vie en danger.

Alors qu’ils séjournaient près de la mer Morte, Adam et sa mère marchent sur la plage pour se rendre à un spa. Les saignements de Judy reprennent et elle décide de retourner à l’hôtel. Adam se rend seul au spa.

Quand Adam regagne leur chambre d’hôtel, sa mère n’y est pas. Il revient sur leurs pas et tombe sur des personnes massées autour du corps sans vie de sa mère.

Bien que la cause officielle du décès soit inconnue, car la famille a choisi de ne pas demander d’autopsie, Kevin pense à un mélange de déshydratation, chaleur et des multiples épisodes de saignement que Judy avait connus, qui auraient pu causer une embolie. Elle est décédée il y a cinq ans cette semaine.

À seulement 15 ans, Adam se retrouve seul en Israël.

L’expérience a un impact sur sa vie sportive et sur sa foi. « J’ai interrogé Dieu, je suppose », dit-il. « J’avais 15 ans et j’avais vu ma mère morte, ensanglantée. Cela m’a vraiment fait penser, quel Dieu permet cela ? »

Avec le temps, dit Adam, il se surprend à penser que tout arrive pour une raison. Et finalement, il se rapproche du judaïsme.

« Cela m’a rapproché de la communauté juive et de la religion elle-même », explique—t-il. « Pour moi, le judaïsme est une grande famille. Et il m’a donné des gens sur lesquels j’ai pu compter. »

Adam Henry joue au football depuis sa plus tendre enfance. (Avec l’aimable autorisation de Jack Wiener/Adam Henry/via la JTA)

Adam continue à jouer au football, mais, là aussi, il fait face à des difficultés, les années suivantes. En septembre 2019, Adam se déchire le ligament croisé antérieur, puis une fois guéri, le ménisque – le tout sur la jambe cassée des années plus tôt.

Pour s’en sortir, il pense au petit garçon de 8 ans qu’il a été et le plaisir ressenti en entrant dans la cage de but pour la première fois.

« J’avais toujours rêvé de jouer sur la scène mondiale et de représenter mon pays, comme je le ferais aux Maccabiades », confie-t-il. Être une star, un sportif professionnel, c’est quelque part ce dont j’ai toujours rêvé et que j’ai voulu accomplir. Jusqu’à ce qu’on me dise non, jusqu’à ce que je me dise que j’avais tout essayé, je ne voulais pas m’avouer vaincu. »

Adam continue à jouer, loin de chez lui, de ses amis et de sa famille, tout au long de ses études secondaires.

« C’était un sacrifice et je lui demandais régulièrement ‘Est-ce que tu veux vraiment continuer ?’ », confie le père d’Adam. « Et il me répondait : ‘Absolument’. Le football était tout pour lui. »

La famille finit par connaitre des jours meilleurs.

Jack Wiener, avocat new-yorkais ami de la famille depuis des années, a été en contact avec Judy tout au long de l’expérience Maccabiades, des essais d’Adam au voyage fatal en Israël.

Lui-même ancien escrimeur, Wiener connaît Jeff Bukantz, le président des Maccabiades USA. A la mort de Judy, il décide de faire quelque chose pour la famille Henry : il voudrait qu’Adam reçoive une médaille d’or des Jeux de 2017.

« Les Maccabiades sont une question de communauté – la communauté juive, l’idéalisme, la loyauté envers les coéquipiers et les frères », explique Wiener. Adam et sa mère avaient ô combien fait preuve de ces qualités. J’ai pensé que ce serait un clin d’œil approprié aux idéaux des Maccabiades de remettre cette médaille à Adam.

Pour Bukantz, c’est une évidence.

« Quand Jack a suggéré de remettre à Adam la même médaille d’or que son équipe avait remportée en 2017, j’ai immédiatement dit oui », déclare-t-il à la JTA depuis Israël, où les Maccabiades de cette année se sont déroulées.

« J’ai contacté l’Union mondiale du Maccabi et ai rapidement été en possession d’une belle médaille d’or bien brillante des Maccabiades 2017. Jack m’a donné l’adresse d’Adam et elle est ainsi partie par courrier. Je sais qu’Adam a été ravi de la recevoir, mais bien moins que moi de l’avoir envoyée. »

L’automne dernier, quatre ans après ce rendez-vous sportif manqué en Israël, Adam a finalement obtenu sa médaille.

« J’ai pleuré », dit Adam. « Évidemment, c’était des larmes de joie, de penser qu’ils avaient eu la gentillesse de me remettre cette médaille. Et le souvenir des efforts acharnés pour être sélectionné, des difficultés que j’ai traversées. Cela me connecte à ma foi juive, à la gentillesse de tout le monde, à la façon dont ils se sont comportés avec moi comme une grande famille. Je ne pourrai jamais les remercier pour tout cela. »

Pour le père d’Adam, qui s’est depuis remarié, la médaille revêt une autre signification.

« C’est ce que Judy aurait voulu », explique Kevin.

« Sa mère voulait cette médaille, pour laquelle Adam avait fait tant d’efforts. Et même s’il n’avait pas pu jouer, elle voulait qu’il soit reconnu pour les efforts qu’il avait faits jusque-là. C’était une façon de le faire. Et donc la médaille, pour moi, est la concrétisation de ce que souhaitait ma [défunte] femme. »

Il ajoute : « Quand je lui ai remis la médaille, je pense qu’il était partagé. Il en était très reconnaissant. Mais en même temps, il me disait : « Papa, je ne l’ai pas gagnée. » Puis il a ajouté : ‘Je sais que maman l’aurait voulu, c’était vraiment important pour elle.’ »

Adam se prépare pour la prochaine saison de football à Kansas City, et sa mère reste une source d’inspiration importante.

« Surtout au début, j’essayais d’imaginer ce que ma mère aurait fait si elle était encore là, ou ce qu’elle aurait voulu que je fasse », confie-t-il.

« Cela m’a motivé. Cela m’a vraiment fait franchir une étape supplémentaire, pour réaliser mes objectifs et mes rêves. C’est ainsi qu’elle m’a élevé. »

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