COP28 : Les juifs américains vont-ils redorer l’image du magnat du pétrole émirati ?
Le contrat signé par l'ex-chef de l'ADL-Israël Zev Furst et Masdar d'Abou Dhabi propose de mobiliser les liens avec "l'establishment juif américain" pour améliorer sa réputation
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Une société américaine de relations publiques a laissé entendre qu’elle pourrait « activer ou mobiliser » ses relations au sein de la communauté juive américaine pour redorer l’image du magnat du pétrole Sultan al-Jaber, dont le choix pour diriger la conférence des Nations unies sur le climat COP28 de cette année à Dubaï, aux Émirats arabe unis, a suscité la polémique.
Selon une déclaration fédérale de divulgation déposée auprès du ministère américain de la Justice en date du 8 avril, la société de relations publiques First International Resources, dirigée par le stratège politique Zev Furst, a été engagée par la société d’énergie renouvelable Masdar d’Abou Dhabi.
Furst, ancien directeur de l’Anti-Defamation League (ADL) en Israël, est président du conseil d’administration de Cadogan Petroleum PLC et président du conseil international du Centre Peres pour la paix à Jaffa.
La nomination de al-Jaber, qui préside la société d’État Masdar, a suscité une vive opposition et a déclenché des initiatives de boycott de la conférence en Israël et à l’étranger en raison de ses liens étroits avec l’industrie pétrolière. Au début de l’année, 133 hommes politiques américains et européens ont appelé les responsables des États-Unis, de l’Union européenne (UE) et des Nations unies à faire pression sur les Émirats pour qu’ils annulent la nomination d’al-Jaber.
L’accord passé entre Masdar et First International Resources cite les objectifs suivants : renforcer « la réputation générale et la notoriété » des Émirats, d’al-Jaber et de la COP28 « auprès des publics occidentaux » ; tirer parti de cette « réputation renforcée » pour « protéger » al-Jaber et la COP28 de critiques potentielles ; et « consolider » la position des Émirats en tant que « leader innovant dans les efforts mondiaux de décarbonisation et la transition vers l’abandon des combustibles fossiles ».
Le document déposé indique également que l’entreprise de Furst « mobilisera son vaste réseau de contacts pour s’assurer que les messages essentiels de la campagne atteignent les publics les plus influents et les plus pertinents. » « Le cas échéant, le consultant pourrait également activer ou mobiliser ses relations au sein de « l’establishment juif américain » (sic) pour aider à soutenir les objectifs généraux de la campagne, » lit-on encore dans le document.
La société recommande de sonder l’opinion publique dans divers pays occidentaux et de « renforcer les attitudes » des décideurs à Washington et dans toute l’Europe concernant la « valeur stratégique » des Émirats dans la lutte mondiale contre le réchauffement climatique.
Un porte-parole de Masdar a refusé de répondre aux demandes de commentaires du Times of Israel.