Corbyn éreinte un journaliste juif pour sa couverture des accusations d’antisémitisme
Le dirigeant du Labour accuse Jonathan Freedland de “méchanceté subliminale” et d’être “comme obsédé par moi”
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le dirigeant du Labour britannique Jeremy Corbyn vise un célèbre journaliste britannique juif, Jonathan Freedland. Dans un nouveau documentaire pris sur le vif diffusé mercredi, il accuse l’éditorialiste historique du Guardian de « méchanceté subliminale » dans sa couverture des accusations d’antisémitisme dans le parti.
Corbyn a déclaré dans le documentaire que Freedland est « comme obsédé » par lui, basant son accusation sur un éditorial dans lequel le journaliste accuse le Labour d’avoir un problème d’antisémitisme.
Pendant un appel avec son directeur de stratégie Seumas Milne, Corbyn a accusé Freedland de « méchanceté subliminale complètement repoussante » pour son éditorial de mars intitulé « Le Labour et la gauche ont un problème d’antisémitisme ».
« Ce n’est pas quelqu’un de bien du tout. Il semble comme obsédé par moi », dit Corbyn au sujet de Freedland.
La dispute sur l’antisémitisme du Labour couve depuis des mois, depuis que Corbyn a été élu à la direction du parti par les partisans de la base, malgré l’opposition de beaucoup de députés, et une partie des officiels du parti a effectivement fait des déclarations antisémites.
Corbyn lui-même a été critiqué pour avoir dans le passé parlé du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah comme des « amis » et avoir appelé au dialogue avec le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Le dirigeant du Labour avait donné accès au journaliste de VICE Ben Ferguson pour le filmer pendant deux mois, pendant la période précédant les élections municipales de début mai. Ferguson, militant travailliste qui a voté pour Corbyn pendant l’élection à la direction de septembre 2015, a eu accès à Corbyn et à son équipe pendant qu’ils préparaient les élections municipales en Angleterre tout en essayant de parer les accusations d’antisémitisme profondément ancré dans le parti.
Le film, intitulé « Jeremy Corbyn : l’outsider » comprend aussi une vidéo de Corbyn affirmant que la BBC menait une campagne médiatique pour déstabiliser le Labour.
« Il n’y a pas une histoire sur une élection quelque part au Royaume-Uni que la BBC ne transforme pas en problème pour moi, a-t-il dit. C’est une obsession inconcevable. Ils sont obsédés à l’idée de nuire au leadership du Labour et malheureusement il y a des personnes au Labour qui font leur jeu. »
L’opinion de Corbyn sur la presse britannique en général, depuis qu’il dirige le parti, est « à quel point beaucoup des commentateurs importants, supposés bien informés, de nos médias sont superficiels, faciles et mal informés. »
Fin avril, Corbyn avait annoncé un examen indépendant du racisme au sein du parti.
« Il n’y a pas de place pour l’antisémitisme ou toute forme de racisme au Labour, ou ailleurs dans la société », avait déclaré Corbyn à ce moment.
« Nous nous assurerons que notre parti est un foyer accueillant pour les membres de toutes les communautés minoritaires. »
Le Telegraph avait annoncé en mai que des dizaines de militants travaillistes avaient été suspendus pour des remarques racistes ou antisémites, même si seulement 13 suspensions avaient été annoncées publiquement. Parmi ceux-là se trouve l’ancien maire de Londres Ken Livingstone, qui avait déclaré en avril qu’Hitler avait soutenu le sionisme « avant de devenir fou et de finir par tuer 6 millions de juifs. »
L’équipe du Times of Israël et des agences ont contribué à cet article.