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Coronavirus : bouclage de la Cisjordanie après 7 cas confirmés

Les écoles et les établissements d'enseignement seront fermés ; le Cogat "collabore étroitement avec l'Autorité palestinienne pour endiguer la propagation du coronavirus"

Des forces de sécurité palestiniennes portant des masques se désinfectent les mains à côté d'un hôtel qui a été bouclé dans la ville de Beit Jala suite à des cas suspects de coronavirus COVID-19, le 5 mars 2020. (Crédit : Musa Al SHAER / AFP)
Des forces de sécurité palestiniennes portant des masques se désinfectent les mains à côté d'un hôtel qui a été bouclé dans la ville de Beit Jala suite à des cas suspects de coronavirus COVID-19, le 5 mars 2020. (Crédit : Musa Al SHAER / AFP)

Sept personnes ont contracté le nouveau coronavirus en Cisjordanie, selon les autorités palestiniennes qui ont décrété jeudi l’état d’urgence de 30 jours peu après avoir annoncé la fermeture de la basilique de la Nativité à Bethléem et interdit pendant deux semaines les séjours des touristes dans le territoire.

Israël, qui contrôle tous les points d’entrée vers le territoire palestinien a annoncé jeudi soir le bouclage de la ville de Bethléem « en coordination avec l’Autorité palestinienne », « suite aux cas de contaminations dans le secteur ».

« Il est interdit pour les Israéliens et pour les Palestiniens d’entrer et de sortir de la ville », a fait savoir le ministère israélien de la Défense dans un communiqué.

Les sept malades, premiers cas confirmés de coronavirus dans le territoire palestinien, sont « actuellement soignés et en quarantaine », a rapporté la ministre palestinienne de la Santé Mai Al-Kaila dans un communiqué.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a décrété jeudi soir l’état d’urgence de 30 jours face au coronavirus, selon l’agence palestinienne Wafa, à compter de vendredi matin 8 heures, autorisant les fonctionnaires à prendre « toutes les mesures nécessaires pour faire face aux risques découlant du coronavirus et pour protéger la santé publique ».

Cette décision a été prise après que sept Palestiniens de Bethléem ont été testés positifs au virus, les premiers cas signalés dans les territoires palestiniens.

L’AP a déclaré que les sept personnes travaillaient dans un hôtel où un groupe de touristes grecs avait séjourné lors d’une visite en Israël et dans les territoires palestiniens fin février. Les touristes ont été testés positifs au virus après leur retour en Grèce.

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Mohammad Shtayyeh à son bureau dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 16 avril 2019. (Crédit : AP Photo/ Nasser Nasser)

Les écoles et les établissements d’enseignement seront fermés, a indiqué à la télévision le Premier ministre de l’AP Mohammed Shtayyeh, qui a aussi indiqué que tous les déplacements entre les gouvernorats seraient proscrits sauf exception – les agences gouvernementales resteront néanmoins ouvertes.

Shtayyeh a ajouté que tous les sites touristiques et religieux de Cisjordanie sous le contrôle de l’AP seraient fermés et que l’état d’urgence impliquait un verrouillage quasi-total de la société palestinienne.

Les rassemblements de masse, les célébrations, les manifestations et les grèves ont été interdits et des mesures ont été mises en place pour limiter le stockage et les hausses de prix abusives

À Gaza, théoriquement couverte par le décret d’Abbas mais contrôlée de facto par le groupe terroriste du Hamas, les responsables ont déclaré que l’enclave restait épargnée par le coronavirus, et qu’aucune mesure spéciale n’était prise au-delà de la mise en quarantaine des personnes entrant dans l’enclave pendant 14 jours.

Salama Maroof, le chef du bureau des médias du gouvernement dirigé par le Hamas, a déclaré à l’organisation Al-Rai liée au Hamas qu’aucune décision n’avait été prise concernant la suspension des cours dans la bande de Gaza par précaution à cause du coronavirus.

Les responsables de la santé israéliens et palestiniens ont tenu une réunion jeudi pour coordonner leurs réponses, et ont partagé des informations sur la propagation du virus selon le quotidien israélien Haaretz.

Jeudi, le Cogat, l’organisme israélien chargé des activités civiles dans les territoires palestiniens a indiqué « collaborer étroitement avec l’Autorité palestinienne pour endiguer la propagation du coronavirus » et avoir transféré 250 kits de dépistage à l’Autorité palestinienne.

« Les bactéries et les virus ne s’arrêtent pas à la frontière », a déclaré Dalia Basa, la coordinatrice de la santé au sein du Cogat.

« Le Cogat et le ministère de la Santé continueront à œuvrer afin d’aider les autorités palestiniennes à freiner la propagation du virus dans les territoires, à la fois dans l’intérêt d’Israël et pour des raisons humanitaires. Nous étendrons autant que possible la formation médicale du personnel palestinien, ainsi que le transfert de matériel médical au système de santé palestinien », a affirmé Mme Basa.

Le Cogat a déclaré que la fermeture de Bethléem s’appliquerait à tous les Israéliens et Palestiniens, mais pas aux marchandises, qui continueraient à circuler librement – mesure qui resterait en place jusqu’à nouvel ordre.

Des personnes portant des masques visitent l’église de la Nativité, vénérée comme le lieu de naissance de Jésus-Christ, dans la ville de Bethléem, en Cisjordanie, le 5 mars 2020. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Les fermetures n’incluaient pas celle du lieu saint du tombeau de Rachel, situé à Bethléem mais qui est isolé du reste de la ville et accessible uniquement depuis Jérusalem.

Écoles, universités et mosquées étaient également fermées à Bethléem jeudi, selon un correspondant de l’AFP. Le « marathon de Palestine », qui était prévu le 27 mars, a été reporté.

Le virus a infecté des dizaines de milliers de personnes et a tué plus de 3 000 patients dans le monde.

Des personnes portant des masques visitent l’église de la Nativité, vénérée comme le lieu de naissance de Jésus-Christ, dans la ville de Bethléem, en Cisjordanie, le 5 mars 2020. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

L’église de la Nativité a été fermé peu avant 16 heures, quand un ecclésiastique barbu est sorti et a fermé la porte en bois de l’église à clé. Une équipe d’ouvriers vêtus de combinaisons blanches est arrivée avec des bidons de produits de nettoyage et a traversé une entrée latérale pour désinfecter le bâtiment. Tariq al-Ali, l’un des ouvriers, a déclaré que c’était la deuxième fois que son équipe désinfectait l’église.

« Nous avons désinfecté de nombreuses institutions au cours de la semaine dernière. Nous sommes sous pression », a-t-il déclaré.

Saif Saboh, un guide touristique palestinien, a déclaré qu’un certain nombre de groupes avaient annulé des visites ces derniers jours. Il a affirmé qu’il avait cessé de serrer des mains ou de s’approcher trop près des touristes. « Je suis terrifié », dit-il. « N’importe quel touriste pourrait être infecté. »

L’église de la Nativité accueille quelque 10 000 touristes par jour, selon les responsables palestiniens, et devrait accueillir des dizaines de milliers de visiteurs pendant la saison de Pâques.

Elias al-Arja, le chef du syndicat des hôteliers de Bethléem, a accusé avec colère les autorités de céder à la panique. « Cela va causer d’énormes dégâts à l’économie. Nous avons 3 000 travailleurs dans le secteur du tourisme et ils vont tous rentrer chez eux. Qui va nourrir leur famille ? », a-t-il déclaré.

Anton Suleiman, le maire de Bethléem, a reconnu l’impact économique, mais a déclaré que « la sécurité publique est la chose la plus importante pour nous ».

Des personnes portant des masques visitent l’église de la Nativité, vénérée comme le lieu de naissance de Jésus-Christ, dans la ville de Bethléem, en Cisjordanie, le 5 mars 2020. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

« Des personnes contaminées ont visité la basilique », a indiqué à l’AFP Père Asbed Balian, de l’Eglise arménienne, l’une des trois qui gèrent la basilique de Nativité à Bethléem.

Le groupe a visité plusieurs autres lieux saints en Israël et en Cisjordanie, selon le ministère israélien de la Santé, notamment le monastère Mar Saba, situé à flanc de falaise près de la mer Morte, l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, l’église de la Transfiguration sur le mont Thabor et la basilique de l’Annonciation à Nazareth, entre autres.

Malgré l’interdiction des rassemblements de masse un jour plus tôt, les responsables israéliens ont déclaré qu’il n’y avait pas de précautions particulières sur les lieux saints, y compris au mur Occidental, le site le plus sacré où les Juifs peuvent prier, bien que des stations de désinfection des mains aient été placées sur le site.

« En ces temps de détresse, il n’y a rien de plus approprié que de venir prier au mur Occidental », a déclaré Shmuel Rabinowitz, le rabbin qui supervise le site.

Le complexe de la mosquée Al Aqsa, situé à proximité, devrait accueillir 50 000 fidèles pour les prières du vendredi. Le Waqf islamique, qui administre le site, a déclaré que les bâtiments ont été désinfectés et que le sermon serait bref.

Le ministère de la Santé a ordonné jeudi à toute personne ayant été en contact avec une touriste new-yorkaise qui a récemment visité Jérusalem et a ensuite été diagnostiquée porteuse du Covid-19, de rester en quarantaine pendant 14 jours à sa maison.

Israël, qui compte à ce jour 17 cas confirmés de la maladie, a imposé des mesures strictes aux arrivées en provenance de nombreux pays européens afin de contenir la maladie.

Les salles de départ vides de l’aéroport Ben Gurion. Les gens annulent leurs voyages par crainte du coronavirus. Le 4 mars 2020. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

L’armée israélienne a annoncé qu’elle interdisait à tous ses soldats de voyager à l’étranger à compter de vendredi midi et annulait tous les exercices internationaux à la lumière des craintes de propagation du coronavirus.

Le virus a également perturbé le culte musulman dans tout le Moyen-Orient.

L’Arabie saoudite a suspendu mercredi « temporairement » la Omra, le petit pèlerinage musulman, une mesure inédite destinée à prévenir la propagation du nouveau coronavirus.

Cette décision concerne les « citoyens (saoudiens) et les (résidents) étrangers » et vise à « assurer la sécurité des foules », a indiqué l’agence officielle ajouté SPA, citant une source au ministère de l’Intérieur.

Les autorités avaient suspendu il y a une semaine l’octroi de visas pour la Omra, un pèlerinage qui peut être entrepris tout au long de l’année, et décidé de suspendre, « temporairement » là aussi, l’entrée des pèlerins.

La mesure concerne les deux villes saintes de La Mecque et Médine, les deux premiers lieux saints de l’islam, « qui connaissent un flux permanent et intense de foules humaines, ce qui rend la sécurisation de ces foules de la plus haute importance », selon la même source.

La suspension de la Omra, qui attire chaque année des millions de pèlerins en Arabie saoudite, fera l’objet d’un « réexamen de façon permanente » et sera « annulée dès lors que les raisons qui l’ont justifiée disparaîtront », a-t-elle précisé.

L’Irak redoute particulièrement une épidémie dans les lieux saints chiites, où des pèlerinages réunissent des millions de fidèles venus notamment d’Iran.

Si plusieurs mausolées ont ainsi fermé leurs portes, les dignitaires religieux s’invectivent mutuellement sur le droit ou non de fermer des lieux de culte.

Le leader chiite Moqtada Sadr a ainsi personnellement poussé à rouvrir le mausolée de l’imam Ali à Najaf, alors que les autorités religieuses de Kerbala ont annoncé une mesure inédite : l’annulation de la prière collective du vendredi dans ce haut lieu saint du chiisme mondial, pour éviter un rassemblement trop important et le risque de contagion.

Le nouveau coronavirus est apparu en Chine à la fin de l’année dernière. Il a infecté plus de 93 000 personnes dans le monde et en a tué plus de 3 200.

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