COVID-19 : Des milliers de personnes dénoncent les mesures prises par Netanyahu
Des manifestants ont bloqué les routes à Jérusalem et Tel Aviv ; heurts avec la police dans la capitale ; 13 manifestants arrêtés à Tel Aviv après des heurts avec la police
Des milliers de personnes ont participé samedi soir à des manifestations antigouvernementales simultanées à Tel Aviv et à Jérusalem, la première portant sur la politique économique du gouvernement dans un contexte de résurgence de la pandémie de coronavirus, et la seconde demandant au Premier ministre Benjamin Netanyahu de démissionner à la suite de son procès pour corruption.
Dans les deux villes, les protestations ont commencé dans des zones délimitées par la police mais se sont ensuite étendues à d’autres rues, les manifestants défilant dans ces villes et s’affrontant parfois aux policiers. Quinze manifestants ont été arrêtés à Jérusalem, et 13 à Tel Aviv.
Dans la capitale, des milliers de personnes ont manifesté près de la résidence officielle du Premier ministre. Des foules importantes de ceux qui s’étaient rassemblés ont alors défilé à travers une série de barrages routiers destinés à les contenir et ont bloqué les routes pendant des heures dans les rues du quartier, en grande partie pacifiquement, en agitant des banderoles anti-Netanyahu au son des tambours et des vuvuzelas.
Peu ou pas de distanciation sociale a été observée entre les participants, même si la plupart d’entre eux portaient des masques. La foule était composée d’une grande majorité de jeunes – de la fin de l’adolescence jusqu’à la vingtaine et à la trentaine.
La police s’est ensuite heurtée à certains des manifestants et a utilisé des canons à eau pour tenter de disperser la foule.
המשטרה מנסה לפנות באמצעות רכב התזה את המפגינים שחוסמים את רחוב בצלאל בירושלים וקוראים "מדינת משטרה" @moyshis pic.twitter.com/rjoss6r6pA
— כאן חדשות (@kann_news) July 18, 2020
Des officiers ont été filmés en train de repousser violemment les manifestants anti-Netanyahu qui bloquaient la route près du parc Sacher de Jérusalem. Un certain nombre de manifestants ont crié « Nazis » aux policiers.
La manifestation de samedi à Jérusalem était la quatrième de ce genre la semaine dernière au croisement de la rue Gaza et de la rue Balfour.
https://twitter.com/glick_sh/status/1284569497106550784?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1284569497106550784%7Ctwgr%5E&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.timesofisrael.com%2Fin-jerusalem-and-tel-aviv-thousands-rail-against-netanyahu-covid-19-polices%2F
Auparavant, des manifestants réclamant la démission du Premier ministre se sont également rassemblés sur des dizaines de ponts routiers dans tout le pays.
Des milliers de personnes ont également manifesté au parc Charles Clore de Tel Aviv, tout en maintenant généralement une distanciation sociale.
Tard samedi soir, la police a déclaré avoir arrêté des manifestants à Tel Aviv qui avaient lancé des objets et aspergé un officier de gaz poivre. Une torche a également été jetée sur la police, ne faisant apparemment aucun blessé.
ומתחילים: מעצרים בכיכר הבימה. במשטרה אומרים שהמפגינים התיזו גז פלפל על שוטר@netzer_ben pic.twitter.com/fZcD5Dyco3
— ליה ספילקין | Lia Spilkin (@LiaSpilkin) July 18, 2020
Treize manifestants auraient été arrêtés à Tel Aviv, selon des sources israéliennes.
Prenant la parole lors du rassemblement de Tel Aviv, le propriétaire d’entreprise Nir Hirschman a déclaré : « Monsieur le Premier ministre, la deuxième vague du coronavirus n’a surpris personne. Vous saviez qu’elle allait arriver. Mais vous avez perdu votre temps avec des absurdités ».
« Pendant que vous étiez en train d’obtenir des exonérations fiscales, vous auriez dû vous préoccuper de la mise en place d’un système de recherche épidémiologique. Au lieu de prévoir une lutte contre la justice, vous auriez dû prévoir de lutter contre le chômage ».
L’actrice et comédienne Orna Banai a déclaré qu’il était temps pour Netanyahu de « rentrer chez lui ». Banai a déclaré : « Je ne me souviens pas qu’il y ait jamais eu un gouvernement aussi cruel, déconnecté et dépourvu de valeurs telles que la justice, l’honnêteté et la compassion ». Elle a affirmé que Netanyahu était occupé à « démanteler l’État » plutôt qu’à faire face aux ravages économiques du coronavirus.
La travailleuse sociale Suheir Deksah a déclaré : « Si le gouvernement écoutait et se souciait de la situation, je leur dirais qu’un million de chômeurs est un désastre. Je leur dirais que les gens qui ont un frigo vide ne sont pas des ‘conneries’… Ils ont précipité toute une population dans une lutte pour la survie, tandis que Netanyahu cherche à obtenir des avantages fiscaux et que les magnats font des bénéfices. »
Contrairement à la précédente manifestation contre la crise économique à Tel Aviv la semaine dernière, le rassemblement de cette semaine comprenait également des membres du mouvement du « drapeau noir » qui a averti que Netanyahu est en train de porter atteinte à la démocratie israélienne par ses attaques contre le système judiciaire et la police dans le cadre de son procès pour corruption.
Les manifestations drapeau noir sont un mouvement permanent contre Netanyahu, qui est jugé dans une série d’affaires de corruption. Des manifestations ont lieu régulièrement dans tout le pays, les manifestants brandissant des pancartes portant l’inscription « crime minister » et demandant la démission de Netanyahu.
Netanyahu est accusé de fraude et d’abus de confiance dans trois affaires distinctes, ainsi que de corruption dans l’une d’entre elles. Il a nié avoir commis des actes répréhensibles et a affirmé que ces accusations faisaient partie d’un effort des opposants politiques, des médias, des forces de l’ordre et des procureurs pour le démettre de ses fonctions.
À la fin du rassemblement, des centaines de personnes ont également bloqué les routes près du parc Charles Clore en marchant et en chantant.
מאות חוסמים את הטיילת בתל אביב אחרי מחאת העצמאים, צועקים ״ביבי הביתה״ וקוראים לנהגים להצטרף אליהם. חשבתי שהברדקיסטים עלו הערב לירושלים ושבתל אביב יהיה פסטיבל אבל נראה שיש מספיק זעם לכולם pic.twitter.com/ecbf6IG1Cd
— Bar Peleg (@bar_peleg) July 18, 2020
Avant la manifestation, les organisateurs du rassemblement de Jérusalem ont déclaré qu’ils se rassemblaient en raison de « l’incapacité du gouvernement à gérer la crise ».
Dans une déclaration de jeunes militants de Jérusalem diffusée par la Douzième chaîne, les organisateurs ont déclaré « Nous en avons assez de rester silencieux face à l’entêtement, au détachement, à la corruption et à l’incompétence de ce gouvernement malfaisant. Ils ont détruit nos moyens de subsistance, mais nous ne sommes pas prêts à les laisser détruire notre avenir ainsi que nos espoirs ».
En réponse à ceux qui les ont accusés d’être anarchistes, les organisateurs ont déclaré que « les vrais anarchistes sont assis à la Knesset et sont dirigés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu ».
Une précédente manifestation à Jérusalem, à laquelle ont assisté plusieurs milliers de personnes mardi, a tourné à la violence et des dizaines de personnes ont été arrêtées lors d’affrontements avec la police.
À Tel Aviv, des entrepreneurs indépendants touchés par les fermetures dues à la pandémie avaient cherché à organiser la manifestation sur la place Rabin, où la semaine dernière au moins dix mille personnes ont participé à un tel rassemblement. Mais la police a opposé son veto à une grande manifestation sur le lieu en raison des craintes de propagation du virus. Au moins un des manifestants qui a participé à la manifestation économique très dense sur la place samedi a été diagnostiqué plus tard comme porteur du coronavirus.
La police a autorisé la manifestation dans le parc à condition que les participants respectent la réglementation sur le virus et que le nombre de personnes présentes reste inférieur à 8 000.
Le taux de chômage en Israël est d’environ 21 % – soit 850 000 personnes – et il augmente, les restrictions imposées dans un contexte d’infections quotidiennes record du coronavirus frappant encore plus l’économie. Les cas de virus augmentent actuellement de 1 800 à 1 900 par jour. Depuis le début de la pandémie, le nombre de décès s’élève à 400 dans la nuit de samedi à dimanche.
Dans un contexte de hausse continue des taux d’infection au niveau national, les dernières réglementations sur le coronavirus ont sévèrement limité les rassemblements publics jusqu’à nouvel ordre (bien que les manifestations en soient exemptées), ont ordonné la fermeture des restaurants pour les places assises à l’intérieur des locaux dans un avenir proche (bien que cette mesure ait été reportée à mardi après une réaction de rejet massive des restaurateurs) et ont ordonné de multiples fermetures le week-end à l’avenir, notamment des plages, des parcs et d’autres activités de loisirs.