Critiques de Téhéran envers la Turquie, Ankara répond
Hakan Fidan a récemment mis en garde contre le soutien iranien à plusieurs groupes armés dans la région, estimant qu'il risquait de "créer le désordre"

La Turquie a répondu mardi aux critiques de l’Iran qui avait dénoncé des propos « déplacés » sur sa politique régionale en assurant son voisin de sa volonté de « renforcer » leurs relations.
Lors d’un entretien diffusé fin février par la chaîne qatarie Al-Jazeera, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, avait mis en garde contre le soutien iranien à plusieurs groupes armés dans la région, estimant qu’il risquait de « créer le désordre ».
M. Fidan visait notamment les soutiens passés et présents de l’Iran en Syrie, aux côtés des combattants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en lutte contre la Turquie.
« Si cette politique se poursuit, je ne pense pas qu’elle soit correcte », avait-il prévenu.
En retour, un responsable du ministère iranien des Affaires étrangères, Mahmoud Heydari, a jugé que de telles déclarations « risquent d’entraîner des divergences et des tensions dans les relations bilatérales », lors d’un « entretien » lundi avec l’ambassadeur de Turquie en Iran, Hicabi Kirlangic.
Plusieurs médias iraniens ont évoqué une « convocation ».
« Les intérêts communs des deux pays et la sensibilité des conditions régionales exigent que l’on évite les propos déplacés et les analyses illusoires », avait-il ajouté dans un communiqué.
Ankara a répondu à son tour mardi en « invitant » le chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran en Turquie au ministère des Affaires étrangères, pour déplorer que « des responsables iraniens aient exprimé publiquement leurs critiques à l’égard de la Turquie », a indiqué le porte-parole du ministère, Öncü Keçeli.
« Nous pensons que les questions de politique étrangère ne doivent en aucun cas être utilisées comme matière à débat pour la politique intérieure », a ajouté M. Keçeli.
« Nous préférons transmettre les messages critiques qui doivent être transmis à un autre pays directement à ses destinataires », a poursuivi M. Keçeli, tout en assurant que la Turquie « attache une grande importance à (ses) relations avec l’Iran ».
Outre le Hamas dans la bande de Gaza, les houthis au Yémen et des milices en Irak, Téhéran soutient militairement et financièrement le Hezbollah libanais, qui a combattu en faveur du gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie.
La Turquie pour sa part soutient sans réserve les nouvelles autorités de Damas.
« Le renforcement des relations entre la Turquie et l’Iran est important pour nous », a insisté mardi le porte-parole de la diplomatie turque, comme l’avait fait la veille son homologue iranien, Esmaïl Baghaï.
« Ce n’est un secret pour personne qu’il existe depuis longtemps des divergences d’opinions avec la Turquie sur certains dossiers régionaux », avait toutefois ajouté M. Baghaï.