Israël en guerre - Jour 427

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Dans un enregistrement de 1974, Rabin prône la diplomatie parallèlement à la puissance militaire

"Dans le conflit israélo-arabe, je ne vois aucune possibilité de parvenir à une solution par des moyens militaires", a déclaré l'ancien Premier ministre à de hauts responsables militaires

Yitzhak Rabin (à gauche) et Shimon Peres (à droite) se rendant dans la salle de vote, avant que le comité central du Parti travailliste ne choisisse Rabin plutôt que Peres pour former un nouveau gouvernement, à Tel Aviv, le 22 avril 1974. (Crédit : Nash/AP)
Yitzhak Rabin (à gauche) et Shimon Peres (à droite) se rendant dans la salle de vote, avant que le comité central du Parti travailliste ne choisisse Rabin plutôt que Peres pour former un nouveau gouvernement, à Tel Aviv, le 22 avril 1974. (Crédit : Nash/AP)

Dans un enregistrement datant de 1974 et rendu public pour la première fois mercredi, on entend Yitzhak Rabin, le général devenu chef d’État, déclarer que la paix ne peut être obtenue avec les ennemis d’Israël que par une combinaison de puissance militaire et de négociations politiques.

Ces propos, tenus lors d’une réunion de l’état-major de l’armée israélienne, trouvent un écho dans les discussions actuelles sur la manière de résoudre la guerre en cours contre les mandataires iraniens à Gaza, au Liban et ailleurs.

L’enregistrement, d’une durée totale d’environ 30 minutes, a été publié par les archives du ministère de la Défense pour marquer le 29e anniversaire de l’assassinat de Rabin, le jour de la commémoration officielle du défunt leader selon le calendrier hébraïque.

« Dans le conflit israélo-arabe, je ne vois aucune possibilité de parvenir à une solution par des moyens militaires… S’il y a une chance – et je ne suis pas certain qu’il y en ait une – de parvenir à une solution, c’est uniquement par des négociations diplomatiques. »

Il a toutefois ajouté que « les négociations politiques doivent également s’appuyer sur la puissance militaire, car sans puissance militaire, il n’y aura pas de négociations politiques du tout ».

La discussion a eu lieu peu après la Guerre du Kippour, au cours du premier mandat de Rabin en tant que Premier ministre. Le pays était encore à des années de signer son premier traité de paix avec un voisin arabe, et à des décennies des Accords d’Oslo avec les Palestiniens, signés en 1993 après le retour de Rabin au poste de Premier ministre.

Un canon de l’armée israélienne utilisé par des troupes israéliennes sur le front syrien pendant la Guerre du Kippour, en octobre 1973. (Crédit : Archives d’État)

L’enregistrement a été publié quelque treize mois après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre, et alors qu’Israël cherche à libérer 101 otages, vivants ou morts, des geôles du groupe terroriste.

Le conflit sur la manière de résoudre la guerre en cours a déchiré Israël, avec des manifestations hebdomadaires demandant un accord de cessez-le-feu pour obtenir la libération des otages, et l’insistance d’une partie de l’échelon politique sur le fait que seule la pression militaire permettra d’obtenir leur retour et d’assurer la sécurité d’Israël à l’avenir.

Dans l’enregistrement, les gradés de Tsahal évoquent la possibilité de concessions territoriales en échange de la paix, un modèle adopté dans les négociations avec l’Égypte plusieurs années plus tard, ainsi qu’avec les Palestiniens, dans le cadre de la solution à deux États sur laquelle reposait Oslo, qui n’a jamais été pleinement mise en œuvre.

« Il n’y a rien à abandonner. L’aspiration des Arabes n’est pas de faire la paix avec nous, mais de détruire l’État », a déclaré le général Rafael Eitan, qui deviendra plus tard le chef d’état-major de Tsahal, bien que ses commentaires ultérieurs soient moins catégoriques.

Le Premier ministre Yitzhak Rabin s’adressant à une foule de plus de 100 000 Israéliens à Tel Aviv, le 4 novembre 1995, avant d’être assassiné quelques instants après. (Crédit : Nati Harnik/AP)

« La seule chose sur laquelle nous pourrions faire un petit compromis, c’est le Sinaï », dit-il, faisant référence à la péninsule désertique qu’Israël a prise à l’Égypte pendant la Guerre des Six Jours, et qu’il lui rendra plus tard dans le cadre d’un accord de paix.

« Si les Syriens étaient aujourd’hui prêts à une paix véritable, je leur rendrais moi-même le plateau du Golan », ajoute Eitan. Plus de cinquante ans après son annexion, le plateau du Golan fait toujours partie d’Israël, alors que les relations avec la Syrie restent hostiles.

Dans l’enregistrement, Rabin insiste sur sa conviction qu’à long-terme, la paix est une nécessité, mais il affirme qu’elle n’est pas envisageable dans un avenir immédiat et il rejette, pour l’instant, la possibilité d’un État palestinien en Cisjordanie.

« Je ne crois pas qu’il soit possible aujourd’hui d’arriver à des négociations sur un accord général, sur la paix. Tout d’abord, les Arabes ne le veulent pas. Il ne s’agit pas seulement de 1967, mais aussi d’un État palestinien en Judée et en Samarie » – terme biblique utilisé par les Israéliens pour désigner la Cisjordanie – « et c’est là la charge explosive immédiate de la prochaine guerre », déclare-t-il.

Le président Clinton invite le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin (à gauche) et le chef de l’OLP Yasser Arafat à se serrer la main dans la Chambre Est de la Maison Blanche, le 28 septembre 1995. Le président égyptien Hosni Mubarak est derrière Arafat. (Crédit : Doug Mills/AP)

« En ce qui concerne la réalité arabe et la réalité internationale, je ne crois pas que la situation actuelle puisse durer longtemps. Il y a deux options : la guerre ou une chance infime de parvenir à un accord. Rabin préconise d’éviter la guerre autant que possible, « tant que nous n’avons pas à payer un coût qui nous mette trop en danger ».

Dans l’enregistrement, Rabin et les autres membres du forum abordent également la question du fardeau, surnom du service militaire en Israël, imposé aux réservistes. Cette question est encore plus pertinente aujourd’hui, alors que ces soldats effectuent des durées de service sans précédent pendant la guerre, tandis que la coalition semble s’articuler autour de l’exemption des hommes ultra-orthodoxes de l’appel sous les drapeaux.

« Lorsque vous considérez cette question dans dix ans, vous vous retrouvez face à une pénurie de 50 000 hommes. Je tiens à vous dire que cent jours de service de réserve en un an et demi épuiseront la nation », prévient le général Avraham Tamir.

Shimon Peres, qui deviendra plus tard Premier ministre, ajoute : « Il y a eu des périodes où nous avons enrôlé la nation, mais il n’y a jamais eu de période comme celle d’octobre 1973 à aujourd’hui. »

« Il y a des gens qui ont été en service de réserve plus de 200 jours. Quand cela s’est-il produit dans ce pays ? »

Depuis l’assaut barbare et sadique commis par le Hamas, le 7 octobre 2023, certains réservistes ont servi plus de 300 jours. Récemment, le nombre de réservistes se présentant à leur poste a fortement diminué, en raison d’un certain épuisement après tant de temps de service.

« Je pense que l’atmosphère, l’ordre, le sentiment d’utilité des réservistes – c’est, plus que tout autre chose, ce qui donne à la nation confiance en l’armée », déclare Rabin.

Outre l’enregistrement de la réunion de l’état-major général, le ministère de la Défense a diffusé la vidéo d’un discours prononcé par Rabin lors d’une cérémonie commémorative en 1988, soulignant le sentiment d’unité parmi ceux qui se rassemblent pour se souvenir des êtres chers tombés au champ d’honneur.

« Qu’est-ce qui nous amène ici, à part le désir de nous souvenir et de faire en sorte que d’autres se souviennent ? Ce qui nous amène ici, c’est le désir d’être ensemble. » Dans son discours, Rabin évoque « la grande famille sans partis, sans rivalités, sans disputes ».

Le gouvernement a également organisé une cérémonie commémorative officielle mercredi pour marquer l’anniversaire de l’assassinat de Rabin, en présence du président Isaac Herzog et de plusieurs hauts fonctionnaires.

Yoav Gallant, l’ancien ministre de la Défense que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a limogé la semaine dernière, était également présent.

Conformément à la demande de la famille de l’homme d’État défunt, l’événement s’est déroulé sans discours.

La famille de Rabin a annulé la cérémonie commémorative annuelle de la Knesset ainsi que d’autres événements, en raison de la guerre. La famille aurait également voulu annuler la cérémonie du mont Herzl, mais n’a pas pu le faire, car celle-ci est prévue par la loi établissant le jour commémoratif officiel.

Selon Ynet, Dalia, la fille de Rabin, a écrit dans sa demande d’annulation de la cérémonie à la Knesset : « Ce n’est pas le moment de faire de grandes cérémonies. »

Rabin, Premier ministre travailliste, a été assassiné le 4 novembre 1995 par l’extrémiste Yigal Amir à la suite d’un grand rassemblement pour la paix à Tel Aviv, qui avait pour but de souligner l’opposition à la violence et de montrer le soutien du peuple aux efforts du Premier ministre pour négocier avec les Palestiniens.

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