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Début d’un tournoi d’échecs en Israël, sur fond de colère des organisateurs

Ce tournoi relevant des Championnats du monde accueille 16 des meilleurs joueurs du monde ; le ministère refuse de le financer pour en faire un événement à long-terme

Illustration. Un jeu d'échecs (Crédit : Hadas Parush/Flash90)
Illustration. Un jeu d'échecs (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Pour la toute première fois de son histoire, Israël accueille un tournoi d’échecs de haut rang relevant des Championnats du monde. Seize des meilleurs joueurs du monde — dont un Israélien — s’affronteront ainsi à Jérusalem à partir de mercredi.

Le Jerusalem Grand Prix se tiendra au centre Notre Dame de Jérusalem, dans la Vieille Ville, jusqu’au 23 décembre.

Les organisateurs — World Chess, une entreprise basée à Londres partenaire de la Fédération internationale des échecs (FIDE) et diffuseur officiel de ses événements — accusent le gouvernement israélien d’avoir refusé des financements qui auraient permis au tournoi de se tenir tous les deux ans dans le pays.

« Nous espérions, si nous avions obtenu le soutien du gouvernement ou de la ville dont nous avions discuté avec le gouvernement israélien, faire du Grand Prix en Israël un événement récurrent », a expliqué le PDG de World Chess CEO, Ilya Merenzon, au Times of Israel la semaine dernière. « Cependant, malheureusement, nous n’avons reçu aucun soutien du gouvernement pour l’instant. C’est très surprenant ».

L’affiche officielle du Grand Prix de Jérusalem d’échec de 2019. (Fédération internationale d’échecs)

Il a indiqué que la Fédération internationale d’échecs et le ministère de Jérusalem et du patrimoine s’étaient livrés à de longues discussions, mais que le ministère avait fini par décliner.

Ce dernier a répondu que la demande de financement avait été débattue et rejetée car le pays est actuellement dirigé par un gouvernement par intérim sur fond de crise politique sans précédent. Un porte-parole du ministère a expliqué que « sur le plan juridique et judiciaire, il s’agit d’un moment sensible ».

Merenzon révèle que la décision d’organiser ce prestigieux événement en Israël a été prise, car « nous pensons que les échecs sont très populaires en Israël, et cela s’est avéré être le cas – l’intérêt des médias et des fans d’échecs est élevé. Israël, qui est surnommé la ‘start-up nation’, est intéressante pour les partenaires et nous espérons développer la collaboration avec les start-ups et les entreprises technologiques israéliennes et les brancher sur les échecs. »

Alors que les organisateurs ont reçu plusieurs « courriels politiquement chargés » de la part de partisans du boycott d’Israël, il n’y a pas eu de réaction négative au sein de la communauté des échecs, a rapporté la FIDE au Times of Israel, « les joueurs, les commentateurs, les arbitres et les dirigeants de la FIDE ont été formidables, et nous attendons tous avec impatience cet événement spectaculaire à Jérusalem. »

Les grands maîtres participants ne comprendront pas le champion du monde, le Norvégien Magnus Carlsen, puisque le cycle des Championnats du monde est conçu pour déterminer qui sera son challenger dans la bataille pour le titre de champion du monde l’année prochaine.

L’un des prétendants est l’Israélien Boris Gelfand, un joueur chevronné de haut rang qui, en 2012, a failli devenir champion du monde en se qualifiant pour le match contre l’Indien Viswanathan Anand, alors détenteur du titre, mais qui a finalement perdu contre lui lors d’un match décisif.

Boris Gelfand lors d’un tie break du championnat du monde d’échecs, le 30 mai 2012. (crédit photo illustratif : AP/Misha Japaridze)

Parmi les autres joueurs d’élite présents à l’événement – venant de 11 pays au total – figurent Shakhriyar Mamedyarov (Azerbaïdjan), Maxime Vachier-Lagrave (France), Anish Giri (Pays-Bas) et Wesley So (États-Unis).

Le champion du monde d’échecs en titre, le Norvégien Magnus Carlsen, sourit lors d’une conférence de presse après avoir conservé le titre mondial d’échecs à Londres, le 28 novembre 2018. (AP Photo/Frank Augstein)

La série de quatre épreuves du Grand Prix – dont la dernière est celle de Jérusalem – déterminera les deux joueurs qui se joindront aux six autres pour se qualifier pour le Tournoi des candidats. Le vainqueur de cette épreuve affrontera Magnus Carlsen.

La dotation de chaque Grand Prix est de 130 000 euros, auxquels s’ajoutent 280 000 euros pour le classement général.

Le tournoi est à élimination directe. Pour gagner, un joueur devra vaincre ses adversaires en quatre tours. Chaque tour consiste en deux parties avec un contrôle classique du temps et une série de tie-breaks en cas d’égalité des points.

Certains en Israël se sont opposés au lieu du tournoi, car le centre Notre Dame est un hôtel chrétien appartenant au Vatican et géré par une organisation mexicaine, qui s’opposerait à ce que des symboles de l’État d’Israël soient affichés dans ses locaux.

Notre-Dame de Jérusalem, le plus grand bâtiment construit dans la ville avant la Première Guerre mondiale, vue depuis les remparts de la Vieille Ville. (Crédit : Shmuel Bar-Am)

La FIDE – dont le directeur général est le grand maître israélien Emil Sutovsky – a assuré que le drapeau israélien serait visible pendant le tournoi, qui aura lieu dans un auditorium situé près de l’hôtel et dans une partie du même complexe.

« Les organisateurs ont choisi le lieu qui est bien équipé pour accueillir un événement d’échecs, et qui se trouve à un emplacement central », a dit la fédération. « Et selon les règlements de la FIDE, il arborera le drapeau de la FIDE et le drapeau du pays hôte, Israël. »

Le ministère de Jérusalem aurait fait part de ses réserves quant à la tenue du tournoi au centre Notre Dame, mais comme il ne finançait pas l’événement, il n’avait aucune influence sur le lieu choisi.

En 2017, sept joueurs israéliens se sont vus interdire de participer aux championnats du monde d’échecs rapides et blitz en Arabie saoudite, après que le royaume arabe leur a refusé les visas nécessaires à leur participation. En conséquence, la FIDE a déménagé le site du tournoi de 2018 de l’Arabie Saoudite vers la Russie.

Le PDG de World Chess, Ilya Merenzon. (World Chess)

Les athlètes israéliens font souvent face à des difficultés lorsqu’ils participent à des compétitions au Moyen-Orient ou contre des pays de la région en raison de l’hostilité envers l’État juif.

Certains rapports israéliens ont émis l’hypothèse que la tenue du Grand Prix en Israël était une forme de compensation pour ce qui s’est passé en Arabie saoudite.

« Ce n’est tout simplement pas vrai », affirme Ilya Merenzon.

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