Israël en guerre - Jour 344

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Déçus d’Obama, les Palestiniens de Bethléem veulent plus que des mots

La visite de Trump s’est résumée à des drapeaux américains et un poster accrochés par des fonctionnaires le long du tronçon emprunté par le cortège

Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le président américain Donald Trump, (à gauche), et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, au palais présidentiel de Bethléem, en Cisjordanie, le 23 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)
Le président américain Donald Trump, (à gauche), et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, au palais présidentiel de Bethléem, en Cisjordanie, le 23 mai 2017. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)

Alors que le cortège du président américain Donald Trump défilait sur la rue Hebron pour rejoindre les quartiers généraux du gouvernement à Bethléem, une centaine de gardes présidentiels observaient minutieusement les spectateurs.

Une main se plonge dans une poche. Un garde armée la fixe du regard. Un téléphone portable émerge, et le garde bondit pour agir.

« Pas de photos », a clamé l’homme tout de noir vêtu. Il s’est approché et a effacé la photo du téléphone.

Pourquoi interdire les photos ? On ne sait pas vraiment. Bien avant l’arrivée du président, prendre des photos dans les rues était un acte répréhensible. Un garde a fouillé mon téléphone pour s’assurer que je n’ai pas pris de photos en cachette.

Quand Trump est passé, tout le monde est resté silencieux. On aurait dit que la foule attendait la permission de traverser la rue.

Les lampadaires sous lesquels est passé le cortège étaient ornés de drapeaux américains et palestiniens. Mais c’était le seul quartier de la ville où l’on pouvait voir des drapeaux américains aujourd’hui.

L’itinéraire du cortège a également croisé la seule photo de Trump affichée. C’était une bannière bas de gamme à côté du visage d’Abbas. On pouvait lire : « la ville de la paix accueille l’homme de paix ». Les couleurs étaient défraîchies et le tissu était déchiré en dessous du mot ‘homme’. On aurait dit que la bannière était accrochée depuis des mois, bien qu’elle ait été probablement placée la nuit qui a précédé la visite, étant donné que personne ne se souvient l’avoir vue plus tôt.

Juste en dessous de la bannière, une autre affiche en arabe proclame : « L’ignoble Déclaration Balfour marque le début de notre Naqba ».

Au cœur des quartiers généraux présidentiels de Bethléem, une jolie cérémonie présidentielle, avec des épées et un défilé a été organisé pour Trump. Mais aucun des résidents de la ville n’a pu l’admirer ailleurs qu’à la télévision.

De retour au centre de la ville, dans la place principale près de l’Église de la Nativité, une petite manifestation de 70 personnes, dont des enfants, réclamaient que Trump s’intéresse au millier de détenus palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes qui observent une grève de la faim et qui vivent d’eau saline depuis 37 jours.

Les prisonniers, dont un tiers sont directement responsables de la mort d’Israéliens, exigent, entre autres, des droits de visite améliorés, la fin de la détention sans procès, et l’accès à des téléphones publiques.

« Écoute, écoute Trump, les prisonniers ne fléchiront pas », ont-ils scandé.

Manifestation de soutien aux prisonniers palestiniens en grève de la faim à Bethléem, pendant la visite du président américain Donald Trump, le 23 mai 2017. (Crédit : Dov Lieber/Times of Israël)
Manifestation de soutien aux prisonniers palestiniens en grève de la faim à Bethléem, pendant la visite du président américain Donald Trump, le 23 mai 2017. (Crédit : Dov Lieber/Times of Israël)

L’un des manifestants, Munther Amira, 36 ans, brandissait un panneau sur lequel on lisait « il n’y a pas de paix sans la liberté pour nos prisonniers ».

Amira a dit qu’il savait qu’il était peu probable que Trump fasse pression sur les Israéliens, afin qu’ils cèdent aux revendications des grévistes.

« Nous élevons notre voix à travers lui », a-t-il dit.

Amira raconte que quand Trump a été élu, il a brûlé des photos de lui, mais « maintenant, je suis perdu ».

Amira a souligné que Trump n’a pas tenu sa promesse de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem et a refusé de se faire accompagner par le Premier ministre Benjamin Netanyahu au mur Occidental.

« Je ne dirais pas qu’il est le bienvenu, mais je ne dirais pas qu’il ne l’est pas », a expliqué Amira.

Issa Qaraqe, ministre des Affaires relatives aux prisonniers pour l’Autorité palestinienne, a affirmé : « nous voulons que Trump intervienne sur les Israéliens pour qu’ils répondent aux revendications des prisonniers ».

Le marché de la vieille ville de Bethléhem n’était pas sécurisé pour la venue de Trump. Les riverains savaient que Trump venait, mais cela leur importait peu.

L’administration américaine a fait de l’amélioration de l’économie palestinienne un objectif majeur. Dans son discours de mardi, aux côtés d’Abbas, Trump a souligné l’importance de « débloquer le potentiel de l’économie palestinienne ».

Mohammad Shalash, gérant d’une boutique à Bethléhem semble confirmer les dires de Trump.

« Si les affaires vont bien, les gens se détendront », a-t-il ajouté.

Adib, un étudiant en médecine de Bethléhem, parle d’un désespoir et d’une lassitude face à la médiation américaine dans le processus de paix.

« Je ne pense pas que la visite de Trump aura des résultats positifs. Il n’est pas le premier président américain à venir en Palestine, et rien ne s’est jamais passé », a-t-il déploré.

C’est le sentiment qui semble s’être généralisé sur Bethléhem aujourd’hui.

Ramadan Abdelkrim, un étudiant en biochimie de 19 ans, originaire de Ramallah, qui a écouté les échanges entre Trump et Abbas à la radio, a déclaré : « On peut dire qu’Obama était à moitié musulman et il n’a pas réussi. Les politiciens disent toujours la même chose. »

Un ami d’Abdelkrim, étudiant en biochimie approuve également .

« On aurait dit une pièce de théâtre. Nous n’avons vu aucune nouvelle idée. »

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