Démission d’un directeur d’une école US qui a gardé un employé visé par un scandale
Deux mois après le reportage du ToI sur l'affaire, la Schechter Long Island a informé les parents que Scott Sokol a accepté un autre poste.
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Une école juive de New York a informé les parents lundi de la démission de son directeur, deux mois après que le Times of Israel a révélé le maintien secret de l’emploi d’un membre du personnel qui aurait démissionné à la suite d’un scandale d’abus qui a secoué la communauté l’année dernière.
Dans un courriel adressé aux parents, le président du conseil d’administration de la Schechter School of Long Island (SSLI) a écrit : « Nous comprenons que le Dr Sokol a décidé de quitter notre école pour poursuivre une nouvelle carrière. Le Dr Sokol a accepté de rester jusqu’en février 2023. »
Une société de cybersécurité engagée par l’école va poursuivre son enquête « indépendante et externe » « sur l’affaire [T]imes of Israel/Mike Hirsch », a écrit le président du conseil d’administration Jeffrey Shlefstein.
Hirsch, 43 ans, était employé comme directeur de la vie étudiante à la SSLI et comme cadre supérieur à la United Synagogue Youth (USY) du mouvement Massorti lorsque le Times of Israel a publié un reportage en août 2021 sur les allégations d’abus commis pendant des décennies dans cette dernière institution. Un ancien membre de l’USY a déclaré qu’à l’âge de 15 ans, il avait confié à Hirsch qu’un autre membre de l’équipe dirigeante, âgé d’une trentaine d’années, s’était masturbé devant lui dans les toilettes et l’avait incité à se joindre à lui. L’ancien membre de l’USY a déclaré que Hirsch lui avait dit de continuer à relayer les incidents d’inconduite sexuelle de l’employé, ce que l’adolescent a fait, mais que Hirsch n’a jamais signalé ces incidents à ses employeurs.
Après la publication du reportage, Hirsch a été immédiatement suspendu des deux lieux de travail. En octobre 2021, Sokol a envoyé un courriel aux parents les informant que Hirsch avait décidé de démissionner de son poste à l’école, sans en préciser les raisons.
Mais le 7 septembre, le Times of Israel a publié un nouveau reportage, citant deux anciens employés et un employé actuel de la SSLI, qui ont déclaré que le directeur de l’école Scott Sokol et la directrice associée de l’école Ofra Hiltzik avaient secrètement orchestré le maintien de l’emploi de Hirsch au cours de l’année précédente. Il venait travailler le soir et les week-ends, quand le bâtiment était désert.
Ainsi, Hirsch a continué d’être payé jusqu’au mois de juillet 2022, ont-ils affirmé au Times of Israel. A ce moment-là, un groupe d’anciens élèves a envoyé une lettre anonyme à des administrateurs, à des parents, à des enseignants et à des donateurs choisis révélant l’emploi dissimulé de Hirsch et s’insurgeant contre la présence de ce dernier dans l’établissement.

Les bulletins de salaire obtenus par le Times of Israel montrent que la SSLI a continué à payer Hirsch jusqu’à la fin de l’année 2021, date à laquelle une nouvelle entité sociale dénommée Hebrew Learning Services Inc. a été enregistrée et a remplacé le nom de Hirsch sur les bulletins de salaire. L’adresse indiquée pour Hebrew Learning Services est la même que celle de la résidence privée de Hirsch, et le salaire est resté à peu près le même en 2021 et 2022.
Après la publication du reportage du 7 septembre, Shlefstein a indiqué aux parents, dans un courriel, que l’école avait déjà mené une enquête il y a un an (apparemment sur la conduite de Hirsch, bien qu’il n’ait pas donné de précision), qui n’a trouvé « aucune preuve d’une quelconque inconduite sexuelle de la part d’un membre du personnel et aucune allégation selon laquelle un élève aurait été abusé ici ».
Néanmoins, Shlefstein a déclaré qu’un « examen indépendant » serait mené sur les dernières allégations.
Plus tard dans la journée, au moins un courriel anonyme a été envoyé aux parents, qui comprenait le texte de l’article du Times of Israel de la veille et un message fustigeant Sokol et Hiltzik.
Le 8 septembre, Shlefstein a envoyé un courriel de réponse aux parents disant que l’école avait été victime « d’une attaque en ligne cynique et calculée par une ou plusieurs personnes inconnues dans le but de défaire le tissu même de notre institution ».
« Ces courriels ont été clairement programmés pour arriver dans la foulée d’une histoire soigneusement montée à l’étranger, puis envoyée en masse au corps enseignant de l’école Schechter à la veille de la nouvelle année scolaire. Le timing n’est pas anodin », a-t-il écrit.
Une semaine plus tard, Shlefstein a envoyé un courriel supplémentaire disant que le conseil d’administration « a été informé que certains parents ont vu Mike Hirsch sur le campus après les heures de cours. Le conseil d’administration n’a appris que récemment que Mike Hirsch était payé pour des missions de travail autres que les prestations de santé non remboursées qui faisaient partie de sa suspension en août 2021 ».
Il a ajouté que l’enquête déjà en cours menée par un cabinet juridique extérieur cherchera à « déterminer comment cet arrangement a été conclu et par qui ».

« Nous restons confiants, malgré la tentative d’une source anonyme de ternir la réputation de notre école et de ses administrateurs, que notre école a été, est actuellement et restera un espace sûr et sécurisé pour que vos enfants étudient et s’épanouissent », a écrit Shlefstein dans ce courriel du 15 septembre.
Il a ajouté que « les opérations quotidiennes de notre école sont gérées, avec le soutien total du conseil d’administration, par notre chef d’établissement, le Dr Scott Sokol, et notre cheffe d’établissement adjointe, Ofra Hiltzik ».
Le 1er novembre, un autre message anonyme a été envoyé aux parents, remettant en question l’intégrité de l’enquête indépendante lancée par le conseil d’administration, l’auteur affirmant avoir eu vent de preuves supplémentaires contre Sokol et Hiltzik.
Dimanche, une pétition intitulée « Stand With Schechter » a été lancée sur Change.org, appelant les membres de la communauté à manifester leur solidarité à l’égard de Sokol, Hiltzik et Hirsch, dont « les réputations ont été injustement assassinés et les vies sont ruinées à la suite de l’inculpation de l’ancien directeur financier de l’école ».
L’ancien directeur financier David Ostrove a été inculpé en juillet pour avoir prétendument détourné des fonds de l’école.
Dans une déclaration préparée pour l’article du 7 septembre, Shlefstein a déclaré au Times of Israel que c’est Ostrove qui a aidé à la création de l’entité commerciale Hebrew Learning Services Inc., ce qui a permis de continuer à payer Hirsch sans que son nom apparaisse sur les documents financiers.
Cependant, les bulletins de salaire obtenus par le Times of Israel montrent que les paiements à Hebrew Learning Services Inc. ont continué pendant des mois après qu’Ostrove a été suspendu en avril et n’avait donc plus eu accès aux systèmes informatiques de l’école. L’ancien directeur financier de la SSLI avait, à l’époque, refusé de s’exprimer sur cette affaire.
Quelque 48 heures après sa mise en ligne, la pétition en faveur de Sokol, Hitzik et Hirsch avait recueilli 235 signatures. Mais lundi, Sokol n’était plus là.

Dans le message adressé lundi aux parents d’élèves annonçant le départ de Sokol, Shlefstein a évoqué les dernières accusations anonymes qui ont été diffusées la semaine dernière, disant que « bien que [cet] email soit peut-être un savant mélange de réalité et de fiction, nous sommes confiants dans notre choix d’engager des professionnels extérieurs pour protéger notre école. »
« Alors que les médias révèlent une recrudescence du fléau de l’antisémitisme, le rôle de The Schechter School of Long Island ne pourrait être plus important : inculquer nos valeurs juives, créer un environnement académique stimulant, et fournir une base éthique solide à une nouvelle génération de jeunes juifs », a ajouté le président du conseil d’administration de la SSLI.
Mardi, Sokol a envoyé son propre courriel, en précisant qu’il ressentait « le besoin d’expliquer un peu plus les raisons de mon départ que ne le permettait la correspondance [de M. Shlefstein] ».
Sokol a écrit qu’il avait espéré ne pas avoir à quitter l’école après avoir délocalisé sa famille de Boston afin d’accepter le poste à la SSLI il y a cinq ans. « Néanmoins et malgré la situation actuelle, je ne regrette pas ce déménagement car la SSLI est en fait la merveilleuse école que je croyais qu’elle était, et mon propre enfant a bénéficié directement de son excellent corps professoral, de son éducation de premier ordre et de son environnement juif fort. »
Il poursuit en décrivant une « culture du ‘tout m’est dû’ et de l’incivilité au sein d’un petit groupe de familles qui se font entendre, ce qui fait que les enseignants et les administrateurs se sentent souvent maltraités » et qui « m’a finalement forcé à annoncer mon départ ».
« Le manque général d’appréciation pour le travail de tant de personnes au nom de vos enfants, et le manque de décence humaine dans la gestion des conflits, est quelque chose que je n’ai pas connu ailleurs. Je suis désolé d’être si dur et négatif dans mon évaluation, mais à mon avis, si la SSLI doit aller de l’avant avec succès, cette sous-culture doit être éliminée », a-t-il écrit, sans élaborer davantage ni commenter spécifiquement les allégations révélées dans le reportage du Times of Israel.
Bien qu’il ait semblé exposer un désaccord entre lui et le conseil d’administration de Shlefstein, Sokol s’est fait l’écho de l’affirmation de ce dernier selon laquelle les courriels et lettres anonymes envoyés ces derniers mois avaient été « conçus pour détourner et/ou détruire notre communauté ».
Sokol a déclaré qu’il avait toujours l’intention de travailler avec le conseil d’administration de la SSLI « pour aider l’école à effectuer une transition en douceur vers une nouvelle direction ».
Il a terminé en citant un passage de la littérature rabbinique : « Rabbi Shimon enseigne qu’il y a trois couronnes [que l’on peut rechercher dans la vie] : la couronne de l’apprentissage, la couronne de la prêtrise et la couronne du leadership, mais la couronne de la bonne réputation les surpasse toutes. »
Vous pouvez contacter l’auteur de ces lignes à l’adresse office2@timesofisrael.com