Dermer : le discours au Congrès est « un devoir sacré »
L'ambassadeur d'Israël à Washington défend la prochaine visite de Netanyahu ; il faut "parler fort" sur l'Iran

L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Ron Dermer, a défendu dimanche le discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le Congrès américain prévu pour le 3 mars, juste deux semaines avant les élections législatives israéliennes, et affirmé que c’était le « devoir sacré » du Premier ministre de présenter sa position sur l’Iran – une position fortement en désaccord avec celle de l’administration Obama.
S’exprimant lors d’un événement des Bonds d’Israël en Floride, Dermer a accusé l’accord nucléaire en cours de discussion entre les P5 + 1 et Téhéran comme « pouvant mettre en danger l’existence même de l’Etat d’Israël », en permettant à l’Iran d’accéder « au seuil nucléaire ».
Les six grandes puissances mondiales – la Grande-Bretagne, la Chine, la France, la Russie, les États-Unis et l’Allemagne – travaillent avec l’Iran afin de finaliser un accord qui freinerait le programme nucléaire de Téhéran, qui, selon l’Occident, serait destiné à fabriquer des armes atomiques, une accusation que la République islamique nie.
Deux échéances antérieures sont passées, sans accord final, et une troisième échéance se profile pour le 1er juillet.
Dermer a déclaré que la visite de Netanyahu a été « conçue dans un seul but : pour parler pendant qu’il est encore temps de parler. Pour parler quand il est encore temps de faire une différence. »
L’ambassadeur israélien a déclaré que c’était le « devoir le plus sacré du Premier ministre de faire tout son possible afin d’empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires qui pourraient être dirigées contre Israël. »
« Pour Israël, un Iran doté de l’arme nucléaire serait un danger très clair. Le régime iranien est engagé dans la destruction d’Israël et travaille dans ce sens », a-t-il dit.
Le discours à venir de Netanyahu, qui n’a pas été coordonné avec la Maison Blanche, a suscité une dispute publique entre son gouvernement et l’administration du président Barack Obama.
Dans son allocution, le Premier ministre devrait inciter les législateurs américains à adopter une nouvelle série de sanctions contre l’Iran pour l’obliger à se conformer aux exigences internationales visant à freiner son programme nucléaire, une démarche à laquelle Obama s’oppose fermement et contre laquelle il a promis d’opposer son veto.
Mardi dernier, dans son discours sur l’état de l’Union, Obama a salué les progrès des pourparlers.
L’administration a été en désaccord avec Netanyahu pendant des années sur les efforts internationaux pour parvenir à un accord sur le programme nucléaire de l’Iran, Israël exprimant un certain scepticisme sur les termes prévus qui permettraient à Téhéran de conserver une certaine capacité d’enrichissement d’uranium.
Malgré les critiques croissantes aux États-Unis et en Israël à propos de la démarche de Netanyahu, y compris de la part de l’ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis Michael Oren, qui a appelé le Premier ministre à annuler son discours, Dermer a déclaré que la visite ne visait pas « à manquer de respect au président Obama, ni à intervenir dans votre débat politique ».
Plus tôt dans la journée de dimanche, le chef de cabinet de la Maison-Blanche Denis McDonough semblait minimiser les tensions entre la Maison-Blanche et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, insistant sur le fait que la relation des États-Unis avec Israël était « à multiples facettes, profonde et durable ».
Après l’annonce, la semaine dernière, du discours de Netanyahu – il a été invité par le président de la Chambre John Boehner -, la Maison Blanche avait accusé Boehner et Netanyahu de ne pas l’avoir informée de sa prochaine visite, en violation du « protocole » de longue date ».
La Maison Blanche a annoncé qu’Obama ne rencontrerait pas le Premier ministre israélien lors de sa visite aux États-Unis.
« Notre relation avec Israël est à multiples facettes profonde et durable », a déclaré McDonough dimanche matin à « Meet the Press » de la chaîne NBC.
« Elle est axée sur une série commune de menaces, mais aussi sur une série de valeurs communes qu’un incident particulier ne va pas submerger. »
McDonough a refusé de commenter les propos (parus vendredi dans le quotidien Haaretz) attribués à un responsable américain : « Netanyahu nous a craché publiquement au visage, et que ce n’est absolument pas une façon de se comporter ».
Le responsable anonyme a averti que « Netanyahu devrait se rappeler que le président [Barack] Obama a encore devant lui un an et demi à la présidence, et qu’il y aura un prix à payer ».
McDonough a souligné que « nous pensons que, d’une manière générale, nous, les États-Unis, devons rester en dehors de la politique intérieure dans les pays de nos alliés les plus proches. Cela vaut pour la Grande-Bretagne, dont le Premier ministre [David] Cameron est venu en visite quatre mois avant les élections, comme pour Israël ».