Des armes, trouvées lors du raid à al-Shifa prouvent que le Hamas utilise les lieux
L'armée a décrit une "opération précise et ciblée", sans "frictions" avec les civils ; 5 terroristes tués ; Tsahal demande au Hamas de se rendre et livre des fournitures médicales
Les forces spéciales israéliennes soutenues par des troupes supplémentaires sont entrées dans l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza dans la nuit de mardi à mercredi pour mener une « opération précise et ciblée » contre l’infrastructure terroriste du Hamas sur le site.
L’opération s’est poursuivie dans la matinée, l’armée israélienne ayant trouvé des armes et des équipements du Hamas à l’intérieur. Au moins cinq agents du Hamas ont été tués par les troupes lors d’échanges de tirs à l’extérieur de l’hôpital. Aucun soldat n’a été blessé.
Un haut responsable militaire, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a affirmé que l’armée israélienne disposait de « preuves concrètes » que le Hamas utilisait l’hôpital al-Shifa comme installation militaire. Il a ajouté que Tsahal publierait certaines données de ce qui avait été trouvé à l’intérieur.
Il n’y a pas eu de « frictions » entre les troupes, les patients et le personnel médical. Des incubateurs pour les nouveau-nés, de la nourriture pour bébés et du matériel médical ont été apportés d’Israël et livrés à al-Shifa par des chars de Tsahal, a indiqué l’armée.
« Des équipes médicales et des soldats parlant arabe sont sur le terrain pour s’assurer que ces fournitures parviennent à ceux qui en ont besoin » et pour veiller à ce que les civils soient tenus à l’écart du danger », ajoute le communiqué.
« Nous demandons à tous les terroristes du Hamas présents dans l’hôpital de se rendre », a ajouté l’armée.
L’agence de presse AFP a cité une source à l’intérieur de l’hôpital accusant les soldats israéliens d’avoir tiré des coups de semonce et couru dans les couloirs en allant d’une chambre à l’autre à la recherche de terroristes. L’armée n’a pas confirmé cette information.
En revanche, la BBC, qui citait un journaliste local identifié uniquement sous le nom de Khader présent à l’hôpital, a rapporté qu’il n’y avait pas eu de tirs et que les soldats allaient de chambre en chambre pour interroger les gens. Le journaliste a précisé que les soldats étaient accompagnés de secouristes et de personnes parlant arabe.
Il a également affirmé que Tsahal contrôlaient parfaitement la situation et qu’il n’y avait pas eu de tirs.
IDF releases footage of troops bringing humanitarian aid to Shifa Hospital. pic.twitter.com/qFlVdvlmuZ
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) November 15, 2023
Plus tard, il a indiqué que les soldats de Tsahal avaient demandé à tous les hommes âgés de 16 à 40 ans de quitter les bâtiments de l’hôpital, à l’exception de ceux des services de chirurgie et des urgences, pour aller dans la cour du centre médical. Les soldats ont dû tirer en l’air pour obliger les gens à obtempérer.
Il a également affirmé que les soldats avaient installé un dispositif de détection de métaux et qu’ils avaient demandé aux hommes de le traverser.
La BBC a indiqué qu’elle n’était pas en mesure de vérifier ces informations.
Tsahal a par ailleurs affirmé que l’hôpital servait de couverture au centre de commandement souterrain fortifié du groupe terroriste, mais on ignore ce qu’il en reste et qui s’y trouve encore depuis le lancement de l’offensive terrestre de l’armée dans le nord de la bande de Gaza. Les dirigeants du Hamas se seraient en grande partie déplacés vers le sud de la bande de Gaza.
Des témoins ont décrit les conditions à l’intérieur de l’hôpital comme étant désastreuses, avec des procédures médicales effectuées sans anesthésie, des familles vivant dans les couloirs avec peu de nourriture ou d’eau, et la puanteur de cadavres en décomposition qui emplit l’air.
L’armée a souligné qu’elle « n’avait pas envahi » l’hôpital, affirmant que les troupes avaient mené une opération « ciblée » « dans une zone définie » de l’hôpital.
Israël pense que certains des 240 otages capturés par les terroristes de Gaza ont été détenus dans l’hôpital à un moment donné, mais rien n’indique que des otages y soient actuellement retenus. Tsahal a toutefois estimé que l’opération pourrait fournir des informations sur les otages.
« Notre objectif est de ramener [les otages] chez eux. Notre objectif est de rechercher le Hamas, où qu’il opère », a déclaré le lieutenant-colonel (réserviste) Peter Lerner à CNN.
Les Nations unies se sont déclarées « consternées » par l’opération de Tsahal.
Le responsable des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, a écrit sur X : « La protection des nouveau-nés, des patients, du personnel médical et de tous les civils doit l’emporter sur toutes les autres préoccupations. Les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille. »
Youssef Abul Reesh, un responsable du ministère de la Santé dirigé par le Hamas se trouvant dans l’hôpital, a affirmé avoir vu des chars israéliens à l’intérieur du complexe et « des dizaines de soldats et de commandos aux urgences et à la réception ».
Un responsable de la sécurité a déclaré sous couvert d’anonymat que l’opération israélienne à l’hôpital al-Shifa serait élargie si nécessaire, et a laissé entendre que l’armée savait exactement ce qu’elle allait y trouver.
« Nous commençons modestement, et l’opération s’étendra si nécessaire », a déclaré le responsable à la radio de l’armée. « L’entrée des troupes à al-Shifa est plus un défi pour les médias que pour les opérations. »
Depuis le début de la guerre, Tsahal presse l’hôpital d’évacuer, mais les autorités de Gaza ont persisté dans leur refus. Israël a également tenté de coordonner l’évacuation des patients les plus gravement blessés et des bébés prématurés.
Ces derniers jours, alors que les forces israéliennes se rapprochaient de l’enceinte de l’hôpital, des milliers de personnes déplacées qui s’étaient réfugiées dans son enceinte ont profité d’itinéraires de sécurité quotidiens pour évacuer vers le sud de la bande de Gaza. De nombreux patients qui le pouvaient sont également partis, de même qu’une partie du personnel médical.
Les Nations unies ont estimé qu’au moins 2 300 personnes – patients, personnel et civils déplacés – étaient restées à l’intérieur et pourraient ne pas être en mesure de s’échapper en raison des combats acharnés dans la zone.
L’armée a annoncé tôt mercredi que deux officiers avaient été tués lors de combats mardi dans le nord de Gaza, ce qui porte à 48 le nombre de morts dans l’offensive terrestre contre le Hamas.
Il s’agit du capitaine Omri Yosef David, 27 ans, de Carmiel, commandant adjoint de compagnie dans le bataillon 9217 de la brigade Neguev, et du capitaine Yedidya Asher Lev, 26 ans, de Tal Menashe, commandant adjoint de compagnie dans le bataillon Shaked de la brigade Givati.
Tsahal a également indiqué que quatre soldats et officiers avaient été grièvement blessés lors de combats à Gaza mardi.
Toujours mercredi, l’armée a déclaré que les troupes avaient effectué un raid sur une base d’entraînement du Hamas dans le nord de la bande de Gaza la veille, et qu’elles avaient localisé une ouverture de tunnel et des dizaines d’armes.
Tsahal a déclaré par ailleurs avoir mené une attaque de drone pendant la nuit contre deux agents du Hamas qui étaient sortis d’un bâtiment abritant une position de lancement de missiles antichars et qui avaient placé des « sacs soupçonnés d’être des engins explosifs » sur une route empruntée par les troupes israéliennes.