Des chercheurs vont étudier une zone destinée à l’exploration pétrolière et gazière
Des scientifiques de Greenpeace et de l'Université de Haïfa vont recenser les espèces de la partie peu explorée des grands fonds marins à l'aide d'équipements visuels et acoustiques
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Un projet de recherche conjoint a été lancé dimanche pour cartographier la population de mammifères marins dans une zone peu explorée de la partie israélienne de la mer Méditerranée qui doit être exploitée pour le gaz et le pétrole.
Des scientifiques de la Morris Kahn Marine Research Station de la Charney School of Marine Sciences de l’université de Haïfa, la Greenpeace International Research Unit et Greenpeace Israël collaborent à cette recherche, décrite comme la plus exhaustive à ce jour.
D’après les calculs de Greenpeace Israël, quelque 15 000 kilomètres carrés d’eaux se trouvant dans la ZEE (zone économique exclusive) d’Israël sont menacés par le forage.
Le mois dernier, l’organisation a lancé un appel à la ministre de l’Énergie Karine Elharar et à d’autres hauts responsables du gouvernement pour qu’ils renoncent à l’octroi de nouvelles licences et au renouvellement des licences existantes pour l’extraction de gaz naturel destiné à l’exportation.
La plupart des recherches existantes sur la répartition, le comportement et l’écologie des mammifères marins dans les eaux territoriales d’Israël se concentrent sur les zones proches de la côte.
Mais la mer Méditerranée abrite également des vastes et profondes étendues dont les canaux sont délimités par des pentes, qui constituent pour les mammifères marins un habitat important, puisque 12 espèces ont été repérées dans la partie orientale de la Méditerranée par le passé.
Parmi ces espèces figurent le cachalot et la baleine à bec de Cuvier – définis respectivement comme « en danger » et « vulnérables » – ainsi que le rorqual commun et plusieurs espèces de dauphins.
Les espèces de passage comprennent les faux orques, les orques et les petits rorquals.
La recherche marine, qui combinera l’observation et l’utilisation d’hydrophones pour identifier acoustiquement les mammifères, sera dirigée par le Dr Aviad Sheinin pour le compte de l’université de Haïfa, dans le nord d’Israël, et par le Dr Kirsten Thompson de l’unité scientifique de Greenpeace à l’université d’Exeter, au Royaume-Uni.
Ils navigueront à bord du tout nouveau voilier de recherche de Greenpeace, « The Witness ».
« L’enquête marine est conçue pour documenter la présence de baleines, de dauphins et d’autres mammifères marins des profondeurs, dont certains sont en danger en raison de la pollution par le plastique, des dommages causés par les voiliers à grande vitesse et du forage marin par l’industrie du carburant qui comprend des explosions sismiques mettant en danger la vie des marins », indique un communiqué de Greenpeace.
M. Sheinin, qui dirige les recherches sur les super-prédateurs à la Morris Kahn Marine Research Station, a récemment été élu « Emerging Explorer » par l’organisation mondiale National Geographic pour sa contribution au domaine de la recherche et ses découvertes uniques dans le bassin méditerranéen.
« Depuis 2006, aucune étude acoustique systématique des mammifères marins n’a été menée dans les eaux profondes d’Israël », a-t-il déclaré. « Les lacunes dans les connaissances sur les eaux profondes de la Méditerranée orientale sont énormes.
« Le manque d’informations nuit à notre capacité à cartographier et à protéger les zones importantes pour les mammifères marins en particulier, et pour l’écosystème des eaux profondes en général. Les mammifères marins, en tant que super-prédateurs du système, sont un bio-indicateur important de l’état de l’ensemble du système marin. »
En mars, Greenpeace Israël a soumis au ministère de l’Énergie une évaluation économique indépendante des projets de forage gazier.
Il en ressort que les calculs coûts-bénéfices du ministère de l’Énergie étaient erronés et n’avaient pas pris en compte les quelque 30 milliards de shekels que le public aura investis dans l’industrie du gaz fossile du pays d’ici 2030.
La ministre a annoncé en décembre qu’elle ne retiendrait pas les conclusions du bilan de la politique sur le gaz naturel mené par l’ancien directeur général du ministère, Ehud Adiri, et qu’elle ne s’engagerait pas dans la quatrième phase d’octroi de licences d’exploration de gaz naturel en 2022.