Des élus US appellent l’administration Biden à sanctionner le NSO Group
18 Démocrates demandent au Trésor et au département d'État de geler les avoirs bancaires de cadres de la firme dont le logiciel-espion aurait aidé à violer les droits de l'Homme
Un groupe de députés démocrates a demandé, mardi, à l’administration Biden d’imposer des sanctions financières au NSO Group, une firme privée israélienne dont le logiciel-espion est au centre d’une controverse, et à un certain nombre d’autres compagnies de surveillance.
Les parlementaires ont justifié cette requête en citant les informations disant que ces entreprises auraient aidé des régimes autoritaires à commettre des violations des droits de l’Homme.
Un courrier écrit par dix-huit membres du sénat et du Congrès – avec parmi eux le président de la commission des Finances du Sénat Ron Wyden et le président de la commission des Renseignements de la Chambre Adam Schiff – demande au département du Trésor et au département d’État de sanctionner NSO, ainsi que la compagnie de cybersécurité émiratie DarkMatter et deux compagnies de surveillance en ligne européennes, Nexa Technologies et Trovicor, a fait savoir Reuters, mercredi.
La lettre affirme que ces entreprises ont facilité « la disparition, la torture et le meurtre d’activistes des droits de l’Homme et de journalistes » et elle demande l’application des sanctions dites « Global Magnitsky », qui permettraient de geler les comptes bancaires des cadres de ces firmes et d’interdire leur entrée sur le sol américain.
« Pour les sanctionner de manière significative et pour envoyer un signal clair à l’industrie des technologies de surveillance, le gouvernement américain doit faire appliquer des sanctions financières », a écrit le groupe dans la missive.
Le NSO Group est au centre d’une controverse mondiale en raison de son logiciel-espion Pegasus qui est considéré comme l’un des outils de cyber-surveillance les plus puissants du marché. Cette technologie a été utilisée pour espionner des journalistes, des activistes et des politiciens dans des dizaines de pays, comme l’a révélé une enquête en profondeur réalisée par des médias majeurs et par des ONG dans le monde entier.
Selon cette enquête, ce sont plus de 1 000 personnes dans plus de 50 pays qui auraient été espionnées, notamment plusieurs chefs d’État ou Premiers ministres, des membres des familles royales arabes, des hommes d’affaires mais aussi 85 activistes impliqués dans la défense des droits de l’Homme, 189 journalistes et plus de 600 politiciens et responsables de gouvernement.
Si l’entreprise affirme avec conviction que son logiciel doit être strictement utilisé par les pays dans la lutte contre le crime et le terrorisme – et malgré les interventions du gouvernement israélien en faveur du NSO Group – le département américain du Commerce a placé la firme sur liste noire, apparemment parce que Pegasus aurait été utilisé pour espionner des diplomates américains en Ouganda.
La technologie de Pegasus permet à l’utilisateur de prendre le contrôle du téléphone d’une cible, de télécharger toutes les données figurant dans son appareil et d’activer la caméra ou le micro à distance sans que le propriétaire du téléphone en soit conscient.
S’exprimant auprès de Reuters, Widen a déclaré que « ces mercenaires de la surveillance ont vendu leurs services aux régimes autoritaires dont les antécédents en termes de violation des droits de l’Homme sont importants – et ils ont ainsi accordé de vastes pouvoirs d’espionnage à des tyrans ».
Il a ajouté que « ces nations ont utilisé des outils de surveillance pour enfermer, torturer et assassiner des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme. L’administration américaine a aujourd’hui l’opportunité de fermer le robinet des dollars américains et, ce faisant, de les mettre hors jeu pour de bon ».
Au mois de décembre, le ministère israélien de la Défense a imposé de nouvelles restrictions sur l’exportation de ce type de produits suite à l’indignation internationale suscitée par l’usage malveillant de logiciels de surveillance israéliens comme Pegasus.
Le ministère de la Défense a, lui aussi, réduit de manière spectaculaire le nombre de pays auxquels les entreprises israéliennes sont autorisées à vendre leurs cyber-technologies. La liste, qui comportait à l’origine 102 pays, n’en compte plus que 37.