Des étudiants de la fac de l’Ohio protestent contre la présence de 2 soldats israéliens
Des militants anti-Israël ont manifesté contre une conférence donnée par deux soldats blessés le 7 octobre 2023, qui effectuent une tournée sur les campus américain
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Deux vétérans de l’armée israélienne, Saar Arie et Maya Desiatnik, se rendaient lundi à l’Université d’État de l’Ohio lorsqu’ils ont appris que des manifestants anti-Israël présents sur le campus avaient l’intention de s’en prendre à la conférence qu’ils donneraient au centre du mouvement Habad Loubavitch de l’université.
Les manifestants avaient annoncé leur protestation et partagé des photos d’Arie et Desiatnik, qui parcourent les campus américains avec Belev Echad, un groupe basé à New York qui aide les vétérans blessés de Tsahal. Les organisateurs de l’événement de l’État de l’Ohio ont envoyé le message aux deux soldats avant leur arrivée.
« Nous ne savions pas à quoi nous attendre », a déclaré Arie au Times of Israel lors d’un entretien téléphonique, racontant comment lui et Desiatnik sont arrivés pour trouver une soixantaine de manifestants à l’extérieur de l’événement à Columbus.
« Les deux premières secondes, j’ai eu moyennement peur, mais après avoir vu le service d’ordre sur place et tous les gens formidables qui sont venus nous soutenir, je n’ai plus eu peur du tout », a-t-il expliqué.
Arie était un infirmier de la brigade du Corps d’Infanterie Givati qui a été envoyé à Kfar Aza, près de la frontière de Gaza, le 7 octobre 2023, lorsque les terroristes palestiniens du Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël. Il a reçu une balle dans l’estomac et dans le pied au cours de l’attaque.
Desiatnik était une tazpitanit – soldate de surveillance – non combattante à Nahal Oz, également près de la frontière, lorsque les terroristes du Hamas ont envahi la base. Elle se trouvait dans la salle de commandement de la base lorsque les terroristes ont attaqué le bâtiment et y ont mis le feu. Elle s’est échappée par une fenêtre et a été la seule survivante de ce poste de commandement.
Les deux soldats sont arrivés à New York la semaine dernière pour une tournée sur dix campus à travers les États-Unis. La manifestation de l’Université de l’Ohio a été la première qu’ils ont rencontrée. Des manifestants avaient annoncé un rassemblement contre leur venue à l’Université Case Western Reserve de Cleveland, mais personne ne s’est présenté. Le rabbin Uriel Vigler, directeur de Belev Echad, a déclaré qu’il s’agissait de la première manifestation contre l’un des événements de son groupe depuis le 7 octobre 2023, mais qu’il y avait eu des rassemblements contre les soldats du groupe avant l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas.
La manifestation de l’Ohio a été organisée par la branche du groupe anti-Israël Students for Justice in Palestine (SJP) du campus. L’annonce de cette manifestation comportait les noms et les photos des deux soldats, les qualifiant de « criminels de guerre ».
« Ils ont le sang de millions de martyrs sur leurs mains. Nous ne resterons pas les bras croisés et ne permettrons pas qu’ils soient accueillis sur notre campus », avait déclaré SJP.
La police locale, les agents de sécurité du campus et les membres d’un groupe de sécurité juif local étaient sur place pour protéger l’événement.
La vidéo de la conférence communiquée au Times of Israel montre Desiatnik, âgée de 20 ans, décrivant son rôle de tazpitanit devant une salle comble d’étudiants. Elle raconte comment des terroristes ont infiltré sa base, tué et kidnappé ses amies, et tenté de la tuer, elle et d’autres. On peut entendre les chants des manifestants anti-Israël dans la salle.
Desiatnik, qui souffre d’asthme, a déclaré que la fumée des incendies allumés par les terroristes lui avait donné l’impression « de se noyer ».
« La vérité, c’est que j’étais en train de mourir. Je crachais du sang, je crachais noir, c’était terrifiant », a-t-elle rapporté, alors que les manifestants scandaient des chants et soufflaient dans des cornes à l’extérieur du bâtiment.
« Il était très difficile de parler pendant qu’ils criaient à l’extérieur. Il était difficile de se concentrer », a déclaré Desiatnik au Times of Israel, ajoutant qu’elle souffrait encore légèrement des conséquences de l’inhalation de fumée.
« Nous n’avions pas le choix et nous l’avons utilisé comme une opportunité, ce qui a rendu nos récits plus forts parce que nous avons utilisé les gens à l’extérieur comme un exemple » de l’hostilité envers Israël, a-t-elle déclaré.
Une vidéo montre les manifestants rassemblés dans la rue près du centre Habad, et des étudiants juifs observant la scène depuis l’entrée principale du bâtiment.
« Nous honorerons tous nos martyrs », scandaient les manifestants. La plupart d’entre eux portaient des masques ou des keffiehs – le foulard arabe censé protéger du soleil et du sable qui est devenu un symbole du nationalisme palestinien – sur le visage.
« Ils criaient ‘Allah Akbar’ et ‘intifada’ sans même savoir ce que cela signifie, ce qui est assez effrayant », a noté Desiatnik.
Arie a déclaré qu’après avoir été surpris par la manifestation, il est sorti pour prendre des selfies avec les manifestants à l’arrière-plan.
« C’était assez difficile de parler, mais nous avons apprécié », a-t-il indiqué.
Parmi les soldates enlevées de la base se trouvaient certaines des femmes libérées de Gaza la semaine dernière, des amies de Desiatnik. D’autres, a expliqué Desiatnik, « ont été assassinées dans leur chambre à coucher alors qu’elles se cachaient ». Une autre soldate, Agam Berger, a été libérée jeudi.
La manifestation a attiré l’attention des étudiants pro-Israël, ce qui a eu pour effet de gonfler le nombre de participants à la conférence des anciens combattants de Tsahal. Le matin de l’événement, 45 participants s’étaient inscrits, mais environ 130 se sont présentés. Les étudiants présents étaient si nombreux que certains ont dû sortir de la salle de conférence du Habad. Ils sont restés dans le couloir ou se sont assis sur les marches à l’extérieur.
Desiatnik et Arie étaient dans l’Indiana pour une autre conférence mercredi et retourneront à New York jeudi pour s’exprimer au centre hospitalier de l’Université de Columbia.
Belev Echad, une organisation à but non lucratif fondée en 2010, fournit aux vétérans blessés une assistance comprenant des voyages aux États-Unis, des soins médicaux, des visites à l’hôpital, des prothèses et des thérapies. Le groupe gère également une maison et un centre de réhabilitation en dehors de Tel Aviv.
L’un des membres du groupe, Raz Mizrahi, 21 ans, ancienne garde-frontières, a été tuée lors des massacres perpétrés par le Hamas au cours du festival de musique Supernova.