Des explosions secouent Beyrouth alors que Tsahal cible un financier du Hezbollah
Les civils libanais dans les bastions du Hezbollah sont invités à se mettre à l'abri alors qu'Israël frappe Al-Qard Al-Hassan, une banque non agréée accusée de financer le groupe terroriste

Des frappes aériennes israéliennes ont ciblé des branches d’une association accusée de financer le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah tard dimanche et tôt lundi, ont rapporté les médias d’État libanais, alors qu’Israël semble étendre ses opérations militaires contre le groupe terroriste soutenu par l’Iran et dégrader sa capacité à financer des opérations.
Au moins 11 frappes ont été signalées dans la banlieue sud de Beyrouth, et d’autres attaques ont été recensées dans le sud du Liban et dans la plaine de la Békaa (nord-est), tous des bastions du Hezbollah, alors que des civils paniqués tentaient de se mettre à l’abri.
La plupart des frappes ont visé des succursales d’Al-Qard Al-Hassan, une banque clandestine non agréée considérée comme l’une des principales sources d’argent du groupe.
Israël a déclaré plus tôt dans la soirée qu’il lançait une opération contre les réseaux de financement du Hezbollah, avertissant les civils de s’éloigner de tout établissement d’Al-Qard Al-Hassan.

« Nous frapperons de nombreux sites dans les heures qui viennent, et d’autres dans la nuit. Dans les jours à venir, nous révélerons comment l’Iran finance les activités terroristes du Hezbollah en utilisant des institutions et des associations civiles comme couverture », a déclaré le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, dimanche soir, peu avant le début des sorties.
Des centaines d’habitants de Beyrouth ont fui leurs maisons alors que des explosions retentissaient dans la capitale libanaise, notamment près de l’aéroport international de Beyrouth, qui est adjacent à la banlieue sud de Beyrouth connue sous le nom de Dahiyeh, où le Hezbollah est largement implanté.
Des témoins de l’agence Reuters ont vu d’épais panaches de fumée noire s’élever dans l’air après au moins 10 explosions. Des témoins oculaires, qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat, ont déclaré qu’un immeuble situé dans le quartier de Chiyah, dans la banlieue sud de Beyrouth, avait été réduit en ruines et que les quelques personnes qui se trouvaient dans la zone avaient fui avant l’explosion, sans qu’il y ait de victimes.
Une vidéo non vérifiée diffusée sur Internet semble montrer l’effondrement d’un immeuble de plusieurs étages à la suite d’une frappe.
– BREAKING – Israeli IAF air strike on a High-rise building in the Dahiyeh, Southern suburbs of Beirut
The building was reportedly used by #Hezbollah affiliated bank "Al-Qard Al-Hassan"
The air strike resulted in the collapse of the building https://t.co/zci62o21vI pic.twitter.com/B5XAPBbErG
— The Global Eye (@TGEThGlobalEye) October 20, 2024
Des foules paniquées ont provoqué des embouteillages dans certaines parties de Beyrouth en essayant de se rendre dans des quartiers jugés plus sûrs, selon des témoins.
Al-Qard al-Hassan, qui est sanctionné par le Département du Trésor américain, possède plus de 30 succursales au Liban, dont 15 dans des quartiers densément peuplés du centre de Beyrouth et de sa banlieue.
Aucune déclaration n’a été faite dans l’immédiat ni par Al-Qard al-Hassan, ni par le Hezbollah ni par le gouvernement libanais.
Interrogé par des journalistes sur la question de savoir si les agences pouvaient être considérées comme des cibles terroristes, un haut responsable des agences de renseignement israéliens a déclaré : « Le but de cette frappe est de cibler la capacité du Hezbollah à fonctionner économiquement, à la fois pendant la guerre mais aussi après pour reconstruire et réarmer […] le jour d’après ».

Ces frappes interviennent après qu’Israël a déclaré avoir touché des dizaines de cibles lors de raids aériens sur le Liban plus tôt dans la journée de dimanche, alors que le Hezbollah a revendiqué de nombreux tirs de roquettes sur la frontière et des affrontements avec les troupes israéliennes au sol.
Environ 200 roquettes ont été tirées sur Israël tout au long de la journée de dimanche, causant des dégâts mais sans faire de victimes, selon Tsahal.
Israël a également été la cible de drones apparemment tirés depuis l’Irak dimanche et tôt lundi. L’armée a déclaré avoir abattu un drone « en provenance de l’est », au-dessus de la Syrie. Un deuxième drone, revendiqué par des milices terroristes soutenues par l’Iran en Irak, a été abattu après avoir traversé Israël et déclenché des sirènes d’alerte dans deux implantations du nord de la vallée du Jourdain en Cisjordanie.
Environ 70 projectiles ont été tirés du Liban vers Israël dimanche en l’espace de quelques minutes, a indiqué l’armée, ajoutant qu’elle avait intercepté certains d’entre eux.

Dans de nombreux cas, l’impact des roquettes a déclenché des incendies, dont un important près de Rosh Pina, dans la région de Safed.
Le Hezbollah a également revendiqué une attaque contre Haïfa. Des images de l’AFPTV ont montré des bouffées de fumée dans le ciel au-dessus du port de Haïfa alors que les défenses aériennes interceptaient des roquettes et qu’une sirène d’alerte retentissait.
Les services d’incendie et de secours ont indiqué que des fragments d’un missile intercepteur étaient tombés sur un immeuble résidentiel dans la partie ouest de Haïfa, causant quelques dégâts à la propriété de deux étages mais sans faire de blessés.
Dans le sud du Liban, la force de maintien de la paix des Nations unies, la FINUL, a déclaré qu’un « bulldozer de l’armée israélienne avait délibérément démoli une tour d’observation et la clôture du périmètre d’une position de l’ONU ».

Les Casques bleus ont affirmé à maintes reprises avoir été pris pour cible par les troupes israéliennes, une accusation rejetée par Israël, qui affirme que les soldats de la paix devraient être évacués pour éviter d’être pris dans les tirs croisés.
Lors d’une visite dans le nord d’Israël dimanche, le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré aux troupes de la 98e division que l’armée intensifiait ses frappes contre le Hezbollah au Liban, détruisant des lieux que le groupe terroriste chiite libanais « prévoyait d’utiliser comme bases de lancement pour des attaques contre Israël. »
Plus tôt dimanche, Tsahal a indiqué avoir frappé le « centre de commandement des services de renseignement du Hezbollah » et une installation d’armes souterraine dans le sud de Beyrouth.
L’armée a déclaré dimanche que ses frappes dans le sud du Liban avaient éliminé plus de 65 terroristes du Hezbollah, dont un certain nombre de d’éléments haut placés.

Samedi soir, Tsahal avait également indiqué avoir frappé des entrepôts d’armes et un « quartier général des services de renseignement du Hezbollah » dans la région.
Le Hezbollah a quant à lui affirmé avoir abattu un drone israélien Hermes 450 dimanche, sans préciser où. L’armée n’a fait aucun commentaire.
Après avoir subi près d’un an d’attaques transfrontalières, Israël a lancé une opération majeure contre le Hezbollah en septembre, avec des conséquences catastrophiques pour le groupe terroriste chiite libanais, décimant son leadership et paralysant une grande partie de ses capacités.
L’opération vise à créer les conditions qui permettront à des dizaines de milliers de résidents du nord d’Israël de rentrer chez eux en toute sécurité, après que le Hezbollah a commencé à lancer des attaques transfrontalières le 8 octobre 2023 en soutien au Hamas suite au pogrom perpétré par ce dernier le 7 octobre sur le sol israélien.

Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de vingt-neuf civils du côté israélien, ainsi que celle de quarante-trois soldats et réservistes de l’armée israélienne.
Deux soldats ont été tués lors d’une attaque de drone en provenance d’Irak, et plusieurs attaques ont également eu lieu depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Depuis son début le mois dernier, la guerre entre Israël et le Hezbollah a fait au moins 1470 morts au Liban, selon un décompte de l’AFP à partir des chiffres du ministère libanais de la Santé, qui ne fait pas de distinction entre civils et terroristes. Nombre d’entre elles seraient des terroristes du Hezbollah.
Le Hezbollah a signalé que 516 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Quatre-vingt-quatorze autres terroristes appartenant à d’autres groupes, un soldat libanais et des dizaines de civils ont également été tués.
Face à l’escalade, le Hezbollah semble avoir cessé de nommer ses éléments éliminés, mais Tsahal estime que plus de 1 500 terroristes du Hezbollah ont été tués dans le conflit.