Accueil
Début du vote à la Knesset sur la première partie de la réforme judiciaire
Des dizaines de milliers de personnes manifestent ; les organisateurs menace d'intensifier la lutte alors que la première partie de la réforme judiciaire est soumise à un premier vote
La Knesset commence à débattre du projet de loi sur la sélection des juges
La Knesset a ouvert le débat en plénière sur le premier projet de loi de la coalition sur la réforme judiciaire, qui devrait passer la première des trois lectures ce soir, alors que des dizaines de milliers de manifestants anti-réforme se rassemblent devant le bâtiment du Parlement.
Parrainé par la commission de la Constitution, du droit et de la justice de la Knesset, le projet de loi propose de placer les nominations judiciaires sous le contrôle du gouvernement et d’empêcher la Cour suprême d’exercer un contrôle sur les lois fondamentales, y compris sur la proposition de loi elle-même.
Bien qu’il ne s’agisse que de la première de plusieurs mesures prévues, le vote d’aujourd’hui pourrait constituer un tournant dans le discours politique sur les efforts du gouvernement pour bouleverser le système judiciaire. Les partisans de la coalition qui soutiennent le projet de loi, principalement le ministre de la Justice Yariv Levin et le président de la commission de la Constitution Simcha Rothman, ont déclaré qu’ils engageraient un « dialogue » avec l’opposition une fois que le projet de loi aura franchi le cap du premier vote en chambre.
La semaine dernière, le président Isaac Herzog a demandé à la coalition d’arrêter sa progression pour permettre la discussion, et les dirigeants de l’opposition continuent de dire qu’ils ne s’engageront pas tant que la législation ne sera pas mise en pause.
Plus tôt dans la journée, la commission de Rothman a continué à faire avancer le projet de loi suivant de la coalition, qui créerait une immunité préventive pour certaines lois, empêchant la Cour suprême de les examiner.
Des élus de l’opposition brandissent des drapeaux israéliens en signe de protestation
Alors que la plénière de la Knesset commence à délibérer sur un projet de loi au cœur des plans de réforme judiciaire du gouvernement avant un premier vote, de nombreux législateurs de l’opposition ont brandit des drapeaux israéliens en signe de protestation.
Les huissiers parlementaires ont confisqué les drapeaux et le président de la Knesset, Amir Ohana, a ordonné l’expulsion de plusieurs députés.
Plus tôt, la sécurité a informé les députés qu’ils devaient faire fouiller leurs sacs avant d’entrer dans la salle plénière, ce qui a suscité des objections de la part des législateurs, bien que la plupart d’entre eux semblent être entrés sans être contrôlés.
Les manifestants défilent autour de la Knesset
Les manifestants rassemblés devant la Knesset ont organisé un défilé dans le quartier.
Les médias israéliens estiment que 40 000 à 60 000 personnes ont pris part à cette manifestation.
Dan Halutz : le gouvernement « déclare la guerre » aux valeurs du pays
L’ex-chef d’état-major de Tsahal, Dan Halutz, a déclaré lors de la manifestation que le but de la « lutte » contre la réforme judiciaire était de conserver « un système judiciaire fort et indépendant ».
« Le gouvernement déclare la guerre au caractère et aux valeurs de l’État d’Israël », a dit Halutz, « nous ne les laisserons pas faire. »
« Nous ne céderons pas face à ceux qui n’ont jamais porté l’uniforme de Tsahal », a déclaré l’ancien chef militaire, en faisant allusion à certains des membres de la coalition religieuse qui ont proposé les réformes et n’ont jamais fait leur service.
Affirmant qu’il s’agit d’une lutte entre « le peuple », une clique de politiciens « corrompus » et de « députés messianiques issus d’une usine à Kohelet », groupe de réflexion de droite associé à la rédaction des réformes, Halutz a assuré qu’il ne « ne laissera pas les ténèbres s’abattre sur nous ».
Aussi opposée aux intentions du gouvernement de donner plus de pouvoir à l’exécutif aux dépens de la Cour suprême, la dirigeante de la communauté LGBTQ, Hila Peer, a affirmé qu’elle « ne se taira pas ».
« Ils pensent vraiment que nous allons nous taire alors qu’ils tentent de détruire la seule institution qui nous protège ? », a interrogé Peer.
« Nous sommes en 2023 et nous allons continuer à avancer sur la voie du progrès : c’est cela qui leur fait peur », a-t-elle ajouté, entraînant le reste de la foule à scander le slogan « démocratie ! »
Netanyahu, choqué par le « comportement voyou » de manifestants, maintient le vote
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a critiqué l’attitude des manifestants et dirigeants du mouvement de contestation de la réforme judiciaire, mais assuré qu’un compromis pouvait encore être trouvé avec l’opposition, qu’il a invitée à entamer le dialogue.
Toutefois, a-t-il souligné, la première lecture à la Knesset sur certaines dispositions du projet de loi, dont celle qui confère au gouvernement la majorité au sein de la commission chargée de la sélection des juges israéliens, aura lieu comme prévu plus tard dans la journée.
(L’adoption d’un projet de loi se fait au terme de trois lectures à la Knesset.)
« Nous avons tous dit il y a six semaines qu’il était possible de dialoguer, mais il est impossible d’accepter les voyous », a déclaré Netanyahu au début d’une réunion de faction du Likud.
« Leaders de l’opposition, exprimez-vous, il est encore temps. Nous pouvons encore tenter de rapprocher nos opinions et trouver un compromis», poursuit le Premier ministre.
Netanyahu a critiqué les leaders de la contestation pour « nous avoir menacés de guerre civile et de bains de sang dans les rues ».
Les leaders des manifestations « détruisent la démocratie. Ils n’acceptent pas les résultats des élections. Ils n’acceptent pas la décision de la majorité. Ils ne condamnent pas les appels à assassiner le Premier ministre et ses proches. Ils ne condamnent pas les appels à nuire voire à assassiner des membres de la Knesset », a-t-il dit.
Il a par ailleurs déploré l’attitude de certains manifestants, ce matin, qui ont empêché la députée du Likud Tali Gotlieb de quitter son domicile pour emmener sa fille, qui a des besoins spéciaux, à l’école et aller voter à la Knesset.
« Ils ont touché le fond, ce matin », a-t-il ajouté.
« Ce sont les mêmes voyous qui nous donnent des leçons d’éthique ou parlent des valeurs humaines, et qui piétinent ces valeurs », a rugi Netanyahu.
« Je remercie les personnes de l’opposition qui ont condamné ce comportement : quant à ceux qui ne l’ont pas fait, vous devriez avoir honte … Vous avez complètement déraillé. »
Il a ensuite évoqué le rappel de la procureure générale concernant son interdiction d’intervenir sur le sujet de la réforme judiciaire en raison de son engagement pour prévenir tout conflit d’intérêts.
« On me dit que je ne peux pas m’occuper de la réforme, mais que je ne peux pas davantage en parler », a-t-il regretté.
« Vous avez été élu, mais vous ne pouvez pas parler au nom de votre électorat. Comment suis-je censé les représenter alors ? Par télépathie ? »
Néanmoins, a-t-il ajouté, « il y a place pour le débat, mais pas pour les brutalités. »
Il a assuré que nombre de leaders d’opposition étaient d’accord avec lui, mais qu’ils avaient peur de le dire.
« Soyez des leaders », a-t-il dit.
Le président Isaac Herzog a présenté des propositions de compromis, la semaine passée, et demandé la suspension de la procédure législative – et notamment des premières lectures prévues aujourd’hui – le temps nécessaire au débat.
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a demandé une suspension de 60 jours.
Les dirigeants de la coalition ont approuvé l’idée du débat mais refusé d’interrompre le processus législatif.
Netanyahu a dit « qu’il restait du temps pour parler sincèrement… afin de rapprocher les vues et parvenir à un compromis. »
Mais il a fait savoir que les votes prévus aujourd’hui en première lecture sur une partie de la réforme auraient lieu comme prévu.
« Aujourd’hui, on votera, et j’espère que demain, la voie sera ouverte au dialogue. »
Une chose ne changera pas, a-t-il conclu : « Le peuple a fait son choix lors des élections et ceux qui les représentent ici à la Knesset exerceront leur droit de vote. C’est ce que l’on appelle la démocratie. »
Yaniv Roznai : le projet de réforme est une « bombe à retardement constitutionnelle »
Le juriste Yaniv Roznai confie au Times of Israel que l’approbation du projet de réforme judiciaire du gouvernement reviendrait à légiférer une « bombe à retardement constitutionnelle », juste avant de s’adresser à des dizaines de milliers de manifestants réunis devant la Knesset.
« Ce n’est pas ainsi que l’on édifie une constitution. Ceux qui la défendent soutiennent qu’il s’agit de démocratie, de confiance de la population, de gouvernance, de poids et contrepoids. Mais cette réforme va détruire tout cela », dit Roznai.
« Ne légiférez pas sur cette bombe à retardement constitutionnelle », ajoute l’universitaire.
S’adressant aux manifestants, l’ancien ministre de la Justice du Likud, Dan Meridor, affirme que le Likud a changé.
« Je veux m’adresser aux fidèles du Likud – où êtes-vous ? », dit Meridor, attaquant le programme de réforme judiciaire du gouvernement et ce qu’il dit être son soutien au kahanisme.
« Ce sera la tombe du Likud de Menachem Begin. Arrêtez avant qu’il ne soit trop tard », ajoute-t-il.
Lapid: les projets de loi du gouvernement visent à « annuler la démocratie en Israël »
Par Jeremy Sharon
Le leader de l’opposition Yair Lapid a averti qu’Israël entamera sa transformation en un État non démocratique si la première partie du programme de réforme judiciaire radicale du gouvernement est approuvée dans la journée.
« Le gouvernement soumet au vote deux lois visant à annuler la démocratie en Israël. Chaque tentative de dialogue, celle du président [Isaac] Herzog, de l’opposition, de la société civile et même des Américains, s’est heurtée à un refus total », poursuit Lapid, qualifiant de « mensongers » les appels au dialogue lancés par les responsables gouvernementaux.
Lapid, qui s’exprimait lors d’une réunion de faction de son parti Yesh Atid, a décrit le ministre de la Justice Yariv Levin et le député HaTzionout HaDatit – les architectes de ces réformes judiciaires – comme des « extrémistes sans pareils » qui, selon lui, mènent le pays vers « un désastre économique, un désastre sécuritaire et un désastre sur le plan de l’unité du peuple juif ».
Lapid affirme que le mouvement de protestation populaire l’emportera, et que le gouvernement « ne peut l’ignorer. »
« Nous allons continuer à œuvrer sur tous les fronts, ici à la Knesset, dans les rues, dans les tribunaux… nous œuvrons pour l’avenir de nos enfants, pour l’avenir de notre pays et nous n’avons nulle intention d’abandonner », ajoute-t-il.
Gantz ne négociera pas si le projet de loi sur la sélection des juges passe
Par Jeremy Sharon
Le leader du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz a déclaré que l’adoption probable du projet de loi visant à donner au gouvernement le contrôle sur la sélection des juges en première lecture plus tard dans la journée, reviendrait à armer un fusil. Il affirme qu’il n’entamera pas de dialogue sur le projet de réforme judiciaire dans de telles circonstances.
« Je répète ‘arrêtez’, pour que nous puissions parler sérieusement, il n’est pas trop tard », déclare Gantz lors d’une réunion de la faction de HaMahane HaMamlahti à la Knesset.
« Les pères fondateurs [d’Israël] n’ont jamais envisagé un régime qui ne soit pas démocratique. Ils savaient que la démocratie ne consistait pas uniquement à compter les électeurs mais aussi à les écouter. Aujourd’hui, Premier ministre Benjamin Netanyahu, vous n’écoutez pas. Vous agissez contre la volonté du peuple, contre les principes fondateurs de notre pays ; c’est vous et vos amis contre les pères fondateurs. La coalition 2023 contre la Déclaration d’indépendance ».
Gantz dit qu’il ne voit « aucune raison de dialoguer s’ils font avancer la législation », mais que si le processus était gelé « nous pourrions arriver à des accords. »
Interrogé pour savoir s’il négociera sur les termes du programme de refonte judiciaire du gouvernement si la législation est approuvée en première lecture ce soir, Gantz a comparé la soumission du projet de loi au fait de placer une arme chargée sur la table.
« L’adopter en première lecture, c’est armer le pistolet et mettre une balle dans la chambre et je ne négocierai pas dans de telles circonstances », insiste-t-il.
Liberman demande à Herzog de ne pas signer la loi sur la réforme judiciaire
Le chef du parti Yisrael Beytenu Avigdor Liberman a appellé le président Isaac Herzog à ne pas signer les propositions législatives du gouvernement visant à réformer le système judiciaire, affirmant qu’elles sont contraires à la Déclaration d’indépendance.
S’exprimant lors de la réunion de la faction de son parti d’opposition de droite, Liberman a déclaré qu’il ne voyait pas l’utilité de tenir des discussions avec la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans le but de parvenir à un compromis sur la réforme judiciaire, comme Herzog l’a demandé.
« Il n’y a pas eu d’accord ou d’entente que Netanyahu n’ait pas enfreint, ou qu’il n’ait pas menti ou triché », a déclaré Liberman.
Le chef du Shin Bet met Yariv Levin en garde contre le risque croissant de violences
Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a averti par téléphone le ministre de la Justice, Yariv Levin, au cours des derniers jours, que « l’atmosphère devenait de plus en plus tendue » en raison de la poursuite par le gouvernement des projets controversés de réforme du système judiciaire, selon les informations de la Douzième chaîne.
Bar aurait dit à Levin que les évaluations du Shin Bet indiquent « un potentiel croissant de violence et d’escalade au fur et à mesure que la législation avance » et l’aurait exhorté à « tout faire pour calmer la situation. »
La chaîne, qui ne cite pas de source, affirme que Bar a contacté Levin car le Premier ministre Benjamin Netanyahu préférerait ne pas être impliqué dans cette affaire.
Une petite contre-manifestation dénonce les abus de pouvoir de la Cour Suprême
Sous protection policière, une dizaine de contre-manifestants, chahutés par les opposants à la réforme, près de la Knesset à Jérusalem, témoignent de leur soutien à la réforme judiciaire, pour affaiblir et refonder la Cour suprême.
« La Cour Suprême ne nous aide pas, elle nous piétine », dit l’un des manifestants dans un haut-parleur.
« Elle détruit nos maisons. »
« Le peuple est souverain, le temps est venu pour vous d’arrêter de fouler aux pieds nos droits », ajoute l’homme, affilié au mouvement nationaliste-religieux pro-implantation.
« La Cour Suprême est un dictateur, elle n’est en rien représentative de nos valeurs. »
Aux côtés des manifestants religieux se trouvent des laïcs, qui brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire : « La Cour Suprême est un dictateur ».
« Depuis la révolution judiciaire [dans les années 1990], en vertu de laquelle la Cour Suprême s’est mise à agir à sa guise, elle s’est érigée en souveraine non élue », explique Aharon, 37 ans, originaire de Tel Aviv.
« J’ai le sentiment, depuis des années déjà, que ce pays permet à des criminels de siéger à la Knesset », dit-il en parlant des députés arabes qui, selon lui, « agissent contre les dirigeants d’Israël ».
Aharon, qui est laïc et se dit de droite, ajoute que le processus de paix d’Oslo, le désengagement de Gaza et l’interdiction de l’expulsion des demandeurs d’asile africains illustrent également le pouvoir excessif de la Cour.
Le conseiller à la sécurité de Netanyahu favorable au débat sur la réforme
Le conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre Benjamin Netanyahu, député de longue date du Likud, s’est prononcé en faveur d’un débat entre la coalition et l’opposition concernant la réforme judiciaire et contre le discours tendant à présenter les manifestations comme le fait d’« anarchistes » ou de militants « d’extrême gauche ».
Lors d’un événement organisé lors de la Conférence des présidents, à Jérusalem, Tzachi Hanegbi a dit avoir « beaucoup d’amis qui ne sont ni anarchistes ni d’extrême gauche, mais qui se sentent très concernés par la question de la réforme judiciaire ».
Knesset : Expulsion de nombreux députés lors d’une réunion consacrée à la réforme
Par Jeremy Sharon
Au sein de la Commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset, les débats houleux se poursuivent, à grands coups de cris, d’insultes, de récriminations et d’incivilités, désormais caractéristiques de l’examen des dispositions de la réforme judiciaire.
Le président de la commission, le député Simcha Rothman – et, plus tard, son remplaçant, le député du Likud Hanoch Milwidsky – a expulsé de nombreux députés au cours d’un débat particulièrement houleux.
En ont par exemple fait les frais Hadash Ofer Cassif, qui a traité le député Likud Ariel Kallner de « terroriste », après avoir été traité par lui d’« antisémite ».
Le projet de loi à l’examen prévoir de limiter la compétence de la Cour Suprême pour invalider des lois jugées incompatibles avec les lois fondamentales d’Israël et d’autoriser la Knesset à adopter de pareilles lois, insuceptibles de tout contrôle judiciaire.
Rothman a confirmé qu’une disposition du projet de loi priverait la Cour Suprême de toute compétence pour interpréter les lois fondamentales, que le gouvernement estime infondée.
Le conseiller juridique de la commission, Gur Blaï, a souligné qu’il s’agissait du point de loin le plus important du projet, puisque la Cour suprême a précisément tiré certains droits fondamentaux de cette interprétation .
En réponse à une question de la députée Avoda, Efrat Rayten Marom, Bligh a indiqué que la liberté d’expression ne serait plus protégée après l’adoption de cette loi car elle n’est spécifiquement ancrée dans aucune loi fondamentale.
Rothman a déclaré que la Cour Suprême devait « s’en tenir » aux lois votées par la Knesset, ajoutant espérer que la Knesset adopte à l’avenir une loi fondamentale protégeant les droits fondamentaux.
Les manifestants déferlent à Jérusalem: « Pour mes enfants et petits-enfants »
Dans une clameur qui célèbre la démocratie et rejette le « capitalisme de copinage », des centaines de manifestants se pressent hors de la gare de Jérusalem, en route vers ce qui sera la deuxième semaine de manifestations de grande ampleur devant la Knesset, contre la réforme judiciaire.
Parmi eux se trouvent des réservistes et anciens réservistes, porteurs de banderoles revêtus de slogans tels que « frères d’armes ». C’est le cas de Yohanan Ittach, 69 ans, de Nirit.
« Je suis un guerrier. Face à mes ennemis. Pour mes valeurs. Et je me bats en ce moment pour mon pays », dit-il à la sortie de la gare de Jérusalem, en route pour la manifestation.
« Je ne le fais pas pour moi, ma vie est terminée », dit le presque septuagénaire avec panache.
« C’est pour mes enfants et petits-enfants. »
Les trains de Tel-Aviv à Jérusalem sont bondés, mais moins que la semaine passée
En beaucoup moins grand nombre que lundi dernier, pour la manifestation devant la Knesset, les opposants à la réforme judiciaire se pressent sur les quais bondés de Tel Aviv pour se rendre à Jérusalem et grossir les rangs des dizaines de milliers de manifestants attendus cet après-midi.
L’une d’entre elles, Shiri, qui souhaite garder l’anonymat, a pris un nouveau jour de congé pour venir manifester, en ce jour de première lecture du projet de loi de réforme judiciaire par l’assemblée plénière de la Knesset.
« Non, je pense que cela ne changera rien », dit Shiri à propos du projet destiné à donner le contrôle des nominations judiciaires au gouvernement et limiter l’examen par la Cour suprême des lois fondamentales, qui sera examiné par la Knesset aujourd’hui.
Néanmoins, « il faut continuer à manifester », ajoute-t-elle, drapeau israélien à la main.
Comme tant d’autres parmi les manifestants, Shiri dit espérer que la pression de la rue aura pour effet d’assouplir les réformes, ou d’encourager « les forces modérées du Likud à élever la voix ».
Avec ses partenaires d’extrême droite et religieux, le Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’est dit déterminé à adopter en première lecture les projets de loi avant de « débattre » des dispositions de la réforme.
Toutes les routes bloquées à Tel Aviv ont été rouvertes – police
Selon la police, toutes les routes bloquées à Tel Aviv dans le cadre de la manifestation contre la réforme judiciaire du gouvernement ont été rouvertes.
Une manifestation de masse est attendue plus tard près de la Knesset à Jérusalem.
Ben Gvir demande une évaluation de situation suite aux blocages par des « anarchistes »
Suite au blocage de routes et autoroutes stratégiques par des opposants au gouvernement, en lien avec les manifestations contre la réforme judiciaire, le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a annoncé la tenue d’un point de situation « urgent » dans un centre de commandement de la police à Jérusalem.
Une déclaration du cabinet de Ben Gvir parle d’« anarchistes déchaînés » et de manifestations « hors de contrôle », avec des barrages routiers qui enfreignent les règles.
« La liberté d’expression, oui ; l’anarchie, non », a asséné le ministre d’extrême droite.
« Nous devons préserver ce qui fait la vie dans ce pays et ne pas permettre aux anarchistes de le paralyser. »
Les manifestants bloquent des routes dans tout le pays
Les manifestants ont bloqué des routes dans tout le pays – et notamment la Route 1, l’autoroute qui relie Jérusalem à Tel Aviv, près de l’échangeur de Hemed.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent également les protestataires bloquer la route située à proximité des tours Azrieli à Tel Aviv.
חוסמות וחוסמים בתל אביב pic.twitter.com/2cttgACqeL
— Haaretz הארץ (@Haaretz) February 20, 2023
Israël se dirige vers une « rupture » sans précédent, estime Gantz
Le leader du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a appelé au dialogue de manière à éviter ce qui sera, a-t-il dit, « une rupture sans précédent – je doute qu’Israël en ait connu une d’une telle ampleur dans le passé ».
« La révolution judiciaire envisagée par le gouvernement transformera la démocratie en la rendant méconnaissable », a-t-il ajouté lors d’une conférence, selon Ynet.
Se tournant vers Netanyahu, Gantz a déclaré qu’il y avait « une opportunité historique » de trouver un consensus sur la réforme judiciaire.
« Si une partie doit perdre, nous allons tous perdre », a-t-il poursuivi. « Il est encore temps de transformer la rupture en opportunité de réconciliation ».
Refonte judiciaire : Une journée de « deuil », pour certains membres de l’opposition
Alors que la Commission de la Constitution, du droit et de la Justice vient de lancer son débat sur ses projets de loi entrant dans le cadre de la réforme judiciaire controversée, les membres de l’opposition ont affirmé que cette journée de lundi était « une journée de deuil national ».
« C’est une journée difficile pour nous comme pour de nombreux citoyens israéliens », a commenté la députée Orit Farkash-Hacohen du parti HaMahane HaMamlahti de centre-droit.
Se tournant vers Simcha Rothman, le président de la Commission, elle a ajouté que « malgré vos appels au dialogue, je n’ai pas constaté au sein de cette commission une main tendue en faveur du dialogue. Je suis déçue de ce qui se passe ici et des résultats entraînés par ce débat ».
Le président Isaac Herzog a pris la tête d’une initiative visant à trouver un accord de compromis dans la réforme judiciaire – mais pour le moment, cette démarche est dans l’impasse, le gouvernement ayant rejeté les demandes soumises par l’opposition d’une mise en pause du processus législatif le temps d’éventuels pourparlers.
Gotliv s’emporte contre les manifestants qui ont bloqué sa maison
La députée du Likud Tali Gotliv – dont la maison a été encerclée par des manifestants ce matin – a condamné les protestataires à grands cris pendant une session de la Commission de la Constitution, du droit et de la Knesset.
« Ce sont des animaux ! Des prédateurs ! », a-t-elle hurlé. « On n’a pas le droit de venir à l’entrée d’une habitation, on n’a pas le droit de me dire que je ne suis pas autorisée à quitter ma maison – c’est le summum de l’anarchie. Vous ne toucherez pas au droit à la vie privée au nom d’un mouvement de protestation ! »
« Venir m’attendre chez moi, à 6 heures 10 du matin ! », a-t-elle répété, hors d’elle.
« S’il y avait eu des violences, je n’aurais pas pu me défendre », a-t-elle ajouté, les larmes aux yeux. « Les amis, détendez-vous ! »
Les membres de l’opposition qui ont assisté à la session de la communication ont également dénoncé la présence de manifestants aux abords de l’habitation de Gotliv.
Netanyahu s’insurge contre le blocage d’habitations par les manifestants
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’en est pris avec fureur aux manifestants qui se sont rassemblés aux abords de l’habitation de Tali Gotliv, députée du Likud dont la fille a des besoins particuliers.
« Quand les manifestants empêchent les représentants publics de venir voter à la Knesset et qu’ils rendent malheureuse une enfant atteinte d’un trouble du spectre autistique, alors un mouvement de protestation n’est pas légitime », a-t-il déclaré.
« Les manifestants qui se gorgent du mot ‘Démocratie’ sont les mêmes qui mettent un point final à la démocratie en empêchant des représentants publics de bénéficier d’un droit fondamental dans une démocratie – le droit de vote », a ajouté Netanyahu.
« J’appelle la police à agir immédiatement et à permettre à tous les membres de la Knesset de venir au Parlement ».
Parents et enfants rejoignent les manifestations contre les réformes judiciaires
Des parents et leurs enfants ont rejoint les manifestations contre la refonte judiciaire dans tout le pays, notamment à Tel Aviv et à Haïfa.
Ils manifestent actuellement aux environs des écoles et des institutions d’éducation, un grand nombre entonnant le slogan « Pas d’éducation, pas de démocratie ».
מחאת ההורים והתלמידים נגד ההפיכה המשטרית – ההפגנות ברחבי הארץ כעת: pic.twitter.com/BuZrGzyDTJ
— Or-ly Barlev ~ אור-לי ברלב (@orlybarlev) February 20, 2023
בהוד השרון הבוקר הורים וילדים – הילד pic.twitter.com/ZTHReygmli
— לירי בורק שביט (@lirishavit) February 20, 2023
בחיפה הורים יצאו לצעדה נגד הרפורמה מבית הספר הריאלי בעיר
עדכונים שוטפים >>> https://t.co/wRkQ3jCOIC
(מיכל וסרמן) pic.twitter.com/NjodMBw9J3— כאן חדשות (@kann_news) February 20, 2023
Lapid fustige le blocage de l’habitation d’une députée dont la fille est handicapée
Le leader de l’opposition, Yair Lapid, a condamné les manifestants qui ont bloqué l’habitation d’une députée du Likud, Tali Gotliv, l’une des partisanes les plus ferventes du plan de refonte judiciaire proposé par le gouvernement.
« Je condamne avec vigueur le blocage de la maison de la députée Tali Gotliv, dont la fille a des besoins particuliers et je condamne le fait que les manifestants ne l’ont pas laissée emmener sa fille à l’école », a écrit Lapid, dont la propre fille souffre de troubles du spectre autistique, sur Twitter.
« Ce n’est pas notre façon d’agir », a-t-il ajouté. « Ce n’est pas notre façon de mener notre mouvement de protestation. J’envoie de la force à Tali et j’embrasse sa fille ».
Les manifestants ont aussi bloqué le logement du ministre de l’Éducation Yoav Kisch.
Huit personnes ont été arrêtées par la police aux abords des deux habitations.
Ces incidents sont survenus alors que des manifestations massives sont prévues lundi. Le gouvernement se prépare aujourd’hui à faire franchir aux premiers projets de loi de la réforme judiciaire controversée leur premier obstacle législatif.
Des manifestants bloquent les domiciles de plusieurs membres de la Knesset
Des manifestants ont bloqué les domiciles de plusieurs membres de la Knesset en amont d’une journée de protestations massives contre les projets du gouvernement visant à modifier radicalement le système judiciaire du pays.
Plusieurs dizaines de manifestants ont bloqué l’entrée du domicile de Simcha Rothman, député HaTzionout HaDatit, chef de la commission des Lois, de la constitution et de la justice de la Knesset et principal architecte du projet.
Les manifestants ont également bloqué le domicile de Tali Gotliv, députée du Likud, qui a été l’une des plus ardentes partisanes de la réforme, ainsi que celui de Yoav Kisch, ministre de l’éducation.
Israël est important pour vous…
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Vous êtes un de nos fidèles lecteurs
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel
En savoir plus sur :