Des médecins étrangers viennent volontairement en Israël depuis le 7 octobre
Remplaçant les médecins israéliens mobilisés ou affairés à la préparation des situations d'urgence, cinq médecins vont là où on a besoin d'eux afin d'aider au maximum
Dès que le Dr. David Zeltsman, chirurgien thoracique new-yorkais, a entendu parler des terribles attaques du groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël le 7 octobre, il a décidé qu’il devait se rendre en Israël pour apporter son aide.
« La première chose que j’ai faite a été de m’inscrire sur tous les sites web possibles pour me porter volontaire pour venir en Israël à tout moment », a déclaré le Dr. Zeltsman au Times of Israel.
Malgré son activité très prenante au sein de Northwell Health, le plus grand prestataire de soins de santé de l’État de New York, il souhaitait prendre un congé pour venir prêter main-forte dans un hôpital israélien.
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Quelque 7 000 médecins de toutes spécialités, originaires des États-Unis entre autres, exprimant leur volonté de se porter volontaires, se sont inscrits auprès du ministère de la Santé israélien. Le ministère examine toutes les candidatures et met en relation les besoins en personnel des hôpitaux, des dispensaires communautaires et des organisations de premiers secours et de sauvetage avec les volontaires étrangers. Aucun des volontaires ne servira aux côtés de l’armée israélienne près des lignes de front.
Jusqu’à présent, plus de 150 médecins sont arrivés de l’étranger pour un minimum de deux semaines afin d’intervenir là où le besoin s’en fait sentir, alors que nombre de leurs homologues israéliens ont été mobilisés ou sont affairés à la préparation des situations d’urgence.
Si comme cela semble prévisible, la guerre se poursuit pendant plusieurs mois, Israël aura besoin de volontaires qui se tiendront prêts à prendre l’avion à tout moment.
Le Times of Israel s’est entretenu avec cinq médecins américains déjà arrivés, leur demandant pourquoi ils avaient tenu à se porter volontaires pendant la guerre et quelle avait été leur expérience.
Dr. Louis Profeta, médecin urgentiste à Indianapolis
« Le fait d’être Juif, d’avoir un lien profond et durable avec le peuple juif et Israël, et d’avoir des compétences que je pourrais immédiatement mettre à profit m’ont poussé à me porter volontaire », a déclaré le Dr. Louis Profeta expliquant les raisons de sa présence en Israël.
Profeta, médecin urgentiste à l’hôpital St. Vincent d’Indianapolis, s’est servi d’un lien existant avec l’hôpital Galilée à Nahariya et de l’aide de la Fédération juive de la région d’Indianapolis pour enclencher le processus.
Il y a une quinzaine d’années, Profeta avait passé du temps au centre hospitalier Galilée en compagnie d’un groupe d’autres médecins américains venus se former auprès de médecins israéliens en vue de catastrophes impliquant un grand nombre de victimes.
« J’ai suggéré certains de leurs protocoles à Indianapolis et nous les avons mis en application parce que [les Israéliens] font des choses créatives et pleines de bon sens lors d’événements impliquant un grand nombre de victimes qui valent la peine d’être adoptées », a-t-il déclaré.
Depuis son arrivée en Israël, le Dr. Profeta enseigne à certains stagiaires et jeunes médecins de l’hôpital Galilée. Pendant ce temps, les médecins les plus expérimentés sont soit sur le front, soit occupés à préparer des plans d’urgence.
« Les médecins seniors ne sont pas en mesure de dispenser l’enseignement didactique habituel au quotidien, et c’est donc à ce niveau que j’interviens. Je vais, par exemple, voir les patients avec les jeunes médecins et je leur apprends à faire des échographies au chevet des patients », a expliqué Profeta.
Les deux choses qui l’ont le plus impressionné sont la force et la résistance des Israéliens et la profonde gratitude qu’ils éprouvent à son égard et à l’égard des autres volontaires venus apporter leur contribution.
« Ils aiment que nous soyons là, même si nous ne faisons pas grand-chose. Le fait que nous soyons là les stimule. L’un d’entre eux nous a dit que nous étions son médicament », a déclaré Profeta.
Dr. Profeta a apporté une importante somme d’argent récoltée auprès de donateurs de la région d’Indianapolis. Une partie des fonds a été distribuée aux soldats pour qu’ils achètent des effets personnels et des fournitures militaires, et une autre partie pour renflouer les stocks de matériel médical à l’hôpital – en plus du matériel médical apporté par ses soins d’Indianapolis.
« Un de mes bars à cigares préférés à Indianapolis m’a envoyé une tonne de cigares à distribuer aux soldats, une initiative pour essayer de leur donner une raison de sourire. J’ai également apporté des cartes faites par des enfants [spécialement] pour eux », a déclaré Profeta.
Les collègues du médecin urgentiste à Indianapolis l’ont gracieusement remplacé pendant son absence, mais après deux semaines passées en Israël, il a dû reprendre ses fonctions.
« Je ne me suis jamais senti aussi juif de toute ma vie qu’au cours de ces deux dernières semaines », a-t-il déclaré alors qu’il s’apprêtait à rentrer à Indianapolis.
Dr. David Zeltsman, chirurgien thoracique à New York
Comme Profeta, le Dr. David Zeltsman s’est porté volontaire à l’hôpital Galilée. Le lien avec l’hôpital de Nahariya a été établi grâce au chirurgien vasculaire Mark Kissin, un collègue de Northwell Health. Le Dr. Kissin, qui parle hébreu, a appelé tous les hôpitaux d’Israël pour leur demander s’ils avaient besoin d’aide – l’administration de l’hôpital Galilée a répondu par l’affirmative.
Après avoir obtenu des licences temporaires du ministère de la Santé israélien, Zeltsman et Kissin se sont envolés pour Israël. À l’aéroport, ils ont rencontré Profeta, et tous trois ont noué une solide amitié.
Le Dr. Zeltsman, qui a grandi et suivi sa formation médicale initiale dans l’ex-Union soviétique, a félicité le centre hospitalier Galilée pour sa prévoyance.
« Ce qui est clairement apparu lors de notre premier appel avec l’hôpital, c’est qu’il avait compris que le moment de venir en Israël était venu, alors que les choses étaient encore sous contrôle et relativement calmes – et non pas lorsque l’enfer se déchaînera et qu’il y aura une guerre sur deux fronts et des pertes massives dans le nord », a noté Zeltsman.
« L’idée était de nous familiariser avec l’hôpital et ses systèmes, sa structure, les endroits où nous devrions nous rendre et ce que nous devrions faire si, que Dieu nous en préserve, quelque chose se produisait. Cette préparation est la meilleure chose que l’administration d’un hôpital puisse faire », a-t-il affirmé.
Lorsqu’il a annoncé qu’il se rendait en Israël, le Dr. Zeltsman a été surpris et reconnaissant qu’aucun de ses patients n’ait exprimé colère ou déception quant au report de leur intervention ou au fait qu’elle soit effectuée par un autre chirurgien.
Prêt à partager ses connaissances médicales et à offrir une paire de mains chirurgicales à l’hôpital de Nahariya, le Dr. Zeltsman savait qu’en tant que bénévole, son travail consisterait à faire tout ce dont l’hôpital aurait besoin et à faire savoir aux Israéliens qu’ils n’étaient pas seuls.
« L’endroit où nous devions aller et ce que nous devions faire nous importaient peu. Nous venions faire la vaisselle, laver les sols ou opérer. Cela n’avait pas d’importance. Nous devions simplement nous rendre sur place et faire tout ce qui était nécessaire. »
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il s’est senti obligé de faire du bénévolat, Zeltsman, qui a toujours voulu immigrer en Israël, a répondu sans détour.
« Je n’aurais pas pu me regarder dans le miroir si je ne l’avais pas fait. »
Suzanne Karan, anesthésiste de Rochester, New York
Suzanne Karan, anesthésiste, enseignante en médecine et chercheuse à l’Université de Rochester, se trouvait en Israël pour un événement familial le 7 octobre lorsque le groupe terroriste palestinien du Hamas a lancé son assaut dévastateur sur Israël.
Elle était rentrée chez elle peu de temps après, mais avait immédiatement cherché à savoir comment elle pourrait revenir en Israël pour faire du bénévolat. En établissant un réseau avec un grand groupe d’anesthésistes du monde entier partageant les mêmes idées et en appelant à froid les hôpitaux israéliens, elle a fini par être invitée à l’hôpital Hadassah d’Ein Kerem, à Jérusalem.
« Il y a huit ans, j’avais effectué un congé sabbatique de recherche à Hadassah. J’avais donc déjà un lien avec les gens d’ici, que j’ai entretenu », a-t-elle souligné.
Il apparaissait plus logique à Karan de se tourner directement vers les hôpitaux israéliens plutôt que d’attendre que le ministère de la Santé la mette en contact avec l’un d’entre eux. Elle a cependant dû soumettre tous les documents nécessaires à sa candidature et attendre une licence temporaire pour pouvoir exercer à Hadassah.
« D’autres anesthésistes, et moi-même, avons pensé qu’il était probablement utile de venir, de s’informer et d’obtenir des licences temporaires afin de pouvoir revenir, en cas de besoin. Nous nous sommes dit : ‘Pourquoi attendre ? Mettons-nous en route' », a expliqué Karan.
Karan a couvert ses frais de transport et loge chez des amis à Jérusalem. Elle a atterri en Israël un lundi soir et était à Hadassah le lendemain.
« Je me suis présentée à la salle d’opération le mardi matin et ils avaient déjà des choses à me faire faire », s’elle-t-elle souvenue.
Utilisant une métaphore sportive, Karan compare la présence de médecins bénévoles à Hadassah à la mise à disposition d’un « banc de touche ».
« Ce n’est pas comme s’ils ne pouvaient rien faire sans nous, mais certains ont été mobilisés par l’armée et d’autres – médecins non israéliens – sont retournés dans leur pays d’origine. C’est pourquoi je pense que sans nous, ils pourraient être un peu plus stressés. C’est bien d’avoir quelques personnes supplémentaires sous la main », a souligné Karan.
« J’ai un ami ici à l’hôpital, par exemple, dont le fils est revenu de Gaza à l’improviste pour une journée. Grâce à la présence de personnel supplémentaire, il a pu prendre le temps d’être avec son fils. Si c’est ce que nous pouvons faire, c’est formidable », a-t-elle déclaré.
Karan a apporté avec elle une valise pleine de kits EZ-IO, des équipements médicaux utilisés lorsqu’il est difficile d’obtenir un accès vasculaire dans les cas urgents ou médicalement nécessaires, pour une durée maximale de 24 heures, et fournit un accès veineux périphérique avec un cathéter veineux central.
« Mes collègues de Rochester m’ont aidé à organiser cette opération. J’ai pu collecter 10 000 dollars pour [subventionner] ces kits auprès des membres de mon département, dont 80 % ne sont pas Juifs. Ils ont simplement fait un don par pure bonté d’âme. »
Dr. Avi Schlager, chirurgien pédiatrique à Boca Raton, Floride
En tant que chirurgien pédiatrique, le Dr. Avi Schlager est également formé à la chirurgie des adultes et aux traumatismes. Ses compétences ont été identifiées par le ministère de la Santé comme nécessaires dès la première vague de volontaires invités à venir en Israël.
Spécialiste de la chirurgie mini-invasive, en particulier sur les nouveau-nés, le Dr. Schlager a été jumelé avec l’hôpital pour enfants de Petah Tikva.
Avec l’aide de l’Association médicale des femmes juives orthodoxes (JOWMA), Schlager a mis de l’ordre dans ses papiers pour qu’une licence temporaire puisse lui être délivrée par le ministère de la Santé.
« La JOWMA a été fantastique. Elle s’est occupée des vols et de l’hébergement. Ils avaient des réponses pour tout, notamment la couverture médicale, la couverture de la pratique de la faute professionnelle, et plus encore. Ils avaient tous les détails en main pour permettre au voyage de s’organiser très rapidement », a déclaré Schlager.
Au cours de ses deux semaines passées en Israël, Schlager a été invité à remplacer des chirurgiens qui avaient été mobilisés sur le front. Il a réalisé des opérations abdominales complexes et réparé une grave obstruction intestinale. Les patients qu’il a soignés étaient d’âges divers, aussi bien juifs qu’arabes.
Schlager est personnellement impliqué dans la guerre, ayant de nombreux membres de sa famille vivant en Israël, dont certains servent dans les rangs de Tsahal. Il a vécu en Israël par intermittence pendant cinq ans, étudiant dans une yeshiva et faisant également de la recherche au milieu de son internat en chirurgie.
Il est reconnaissant d’avoir été invité à aider, à enseigner et à apprendre à Schneider pendant la guerre. Il n’a pas été facile de laisser son épouse et ses quatre jeunes enfants à la maison, mais il a le sentiment de faire ce qu’il faut.
« Je crois sincèrement que nous vivons l’un des tournants de l’histoire juive (…). Et nous regarderons en arrière et nous demanderons si nous avons fait tout ce que nous pouvions pour aider à ce moment critique », a noté Schlager.
« Je suis reconnaissant de pouvoir contribuer [à Israël] de la façon dont je me sens le plus à l’aise et dont je pense pouvoir être le plus utile », a-t-il ajouté.
Dr. Jeffrey Forman, médecin rééducateur de Boston
Bien qu’Israël soit réputé pour la qualité de sa médecine physique et de réadaptation (MPR), même avant que la guerre n’éclate, le pays disposait de trop peu de places pour la rééducation hospitalière et ambulatoire. Israël a également besoin d’un plus grand nombre de professionnels de la santé pour se consacrer à cette spécialité.
Alors que le gouvernement et les hôpitaux commençaient à se pencher sur la question de la réadaptation physique et psychologique de tous les blessés de guerre, le Dr. Jeff Forman est arrivé pour travailler bénévolement à l’hôpital Sheba de Ramat Gan.
Forman, qui a fait carrière pendant 30 ans dans la MPR à la faculté de médecine de l’Université de Tufts, a su qu’il ne pouvait pas rester les bras croisés lorsqu’il a entendu les terribles nouvelles du 7 octobre.
« Je voulais utiliser toutes mes compétences pour aider ici autant que cela m’était possible », a-t-il souligné.
Forman a vu beaucoup de soldats blessés dans le nouveau centre de rééducation de Sheba pour les soldats et autres blessés de guerre.
« C’est difficile à voir, mais je pense que c’est un très bon endroit pour eux, » a-t-il noté.
Malgré la douleur et la souffrance, Forman a été motivé par la façon particulière dont les Israéliens font preuve de solidarité dans l’adversité.
« En tant qu’Américain, c’est fantastique et inhabituel pour moi de voir autant de gens se rassembler autour de chaque patient. On ne peut presque pas marcher dans le couloir à cause de tous les soldats qui apportent des friandises à leurs camarades », a déclaré Forman.
« Chaque soldat blessé a mis un drapeau de son unité dans sa chambre. Ils sont soutenus par la fierté de leur unité et la présence de tous leurs amis et camarades, et ils s’entraident. C’est vraiment incroyable. »
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