Des membres du cabinet reprochent à Smotrich de bloquer les fonds alloués aux Arabes
Les ministres expliquent au ministre des Finances que l'argent est nécessaire pour combler les lacunes, et avertissent que le gel coûtera, à long-terme, plus cher à l'État
Les ministres du cabinet se sont joints mardi à un concert de critiques visant le ministre des Finances Bezalel Smotrich pour son refus de débloquer des centaines de millions de shekels budgétés pour les Arabes israéliens, qualifiant sa position d’injustifiée et mettant en garde contre les dommages à long-terme.
Ces critiques ont été formulées après que Smotrich a confirmé à la chaîne publique israélienne Kan qu’il ne débloquerait pas 200 millions de shekels pour le développement économique des municipalités arabes et qu’un programme d’enseignement supérieur destiné aux habitants de Jérusalem-Est resterait gelé. Smotrich, chef du parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit, s’est déjà attiré des accusations de racisme de la part des députés de l’opposition après avoir annoncé ces mesures au début de la semaine.
Le ministre des Affaires de la Diaspora et de l’Egalité et de l’Egalité, Amichaï Chikli (Likud), a envoyé à Smotrich une lettre disant : « Il n’y a aucune justification ou raison de supprimer les subventions accordées aux municipalités ».
Reconnaissant que certains éléments criminels ont été impliqués dans des appels d’offres publics dans des villes arabes (Smotrich a justifié sa décision en invoquant la crainte d’une utilisation abusive des fonds), Chikli a affirmé que le gel ne peut toujours pas être justifié et a souligné que les municipalités « comptaient sur les subventions dans leur planification budgétaire ».
En réponse aux remarques de Smotrich à Kan, le ministre de l’Intérieur Moshe Arbel (Shas) a averti dans une déclaration que le refus de financer les municipalités arabes coûterait plus cher aux caisses de l’État à long-terme, car les villes auraient besoin d’un soutien financier encore plus important.
« Terminer l’année fiscale avec un déficit budgétaire aura pour conséquence que l’année prochaine, les autorités entameront des plans de redressement », a déclaré Arbel. « Le Trésor public paiera bien plus que le montant en question. Nous devons tous travailler ensemble pour réduire les disparités dans la société et permettre la fourniture de services municipaux adéquats à tous les citoyens d’Israël, qu’ils soient juifs ou arabes. »
Une autre membre de la coalition a également émis des critiques. « Il est inacceptable de porter atteinte aux citoyens, quelle que soit leur identité, et de paralyser leur vie quotidienne », a déclaré la députée Tally Gotliv (Likud) à la Douzième chaîne. « Je vous rappelle qu’il est de notre devoir d’agir dans l’intérêt de tous les citoyens », a-t-elle ajouté.
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid (Yesh Atid), a accusé Smotrich de se plier aux exigences de ses électeurs d’extrême-droite.
« Smotrich veut simplement que sa base voie qu’il reste aussi raciste qu’elle le souhaite et qu’il maltraite les citoyens arabes simplement parce qu’ils sont arabes », a-t-il déclaré. « J’ai honte de ce gouvernement. J’ai honte que le racisme soit devenu une politique officielle de l’État d’Israël. »
Au cours de son entretien avec Kan, Smotrich a affirmé que le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutenait sa décision de geler un plan d’aide à l’enseignement supérieur destiné aux habitants de Jérusalem-Est.
Toutefois, le média a ensuite cité une source anonyme dans l’orbite de Netanyahu, qui a déclaré que le Premier ministre s’efforçait de convaincre Smotrich de transférer les fonds.
« En ce qui nous concerne, rien n’est finalisé », a déclaré la source, qui a qualifié le gel de temporaire. La source a noté que Netanyahu se fie à l’opinion du conseiller à la sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, qui aurait dit à Smotrich qu’il était important d’encourager l’enseignement supérieur à Jérusalem-Est pour réduire la menace terroriste.
Smotrich n’a pas bougé d’un iota, déclarant mardi à Kan que « la décision est définitive, le budget ne sera pas transféré » – le financement municipal et l’argent pour le programme d’enseignement supérieur.
« Si nous trouvons des moyens réels de transférer de l’argent aux citoyens arabes d’Israël, nous les aiderons là où c’est nécessaire », a-t-il déclaré. « Un grand nombre d’autorités de la société arabe sont devenues la proie d’organisations criminelles. Les fonds finissent entre les mains de ceux qui causent des dommages. »
Les fonds, destinés à stimuler l’économie, à moderniser les infrastructures et à lutter contre la criminalité dans les communautés arabes, ont été approuvés par le gouvernement précédent qui comprenait le parti islamiste Raam aux côtés de partis de gauche, centristes et de droite qui s’étaient unis contre leur opposant Benjamin Netanyahu, redevenu Premier ministre.
Une vague de crimes violents a submergé la communauté arabe en Israël ces dernières années.
De nombreux dirigeants de la communauté imputent la vague de crimes à la police qui, selon eux, n’a pas réussi à sévir contre les puissantes organisations criminelles et a largement ignoré la violence. Ils pointent également du doigt des décennies de négligence et de discrimination de la part des services gouvernementaux comme étant la cause première du problème.
Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a déclaré lundi que la décision de Smotrich de ne pas transférer l’argent aux municipalités arabes « pue le racisme ».
Des fonctionnaires anonymes du ministère des Finances se sont adressés à un certain nombre de médias ces derniers jours pour exprimer leur désarroi face à cette décision, l’un d’entre eux faisant remarquer à la Treizième chaîne qu’il y a peu de contrôle sur les énormes sommes d’argent transférées aux municipalités ultra-orthodoxes.
La ministre des Renseignements, Gila Gamliel (Likud) a également demandé à Smotrich de revenir sur sa décision concernant le programme d’enseignement supérieur de Jérusalem-Est.
« L’intégration de la population arabe dans le monde universitaire revêt une importance sociale, économique et sécuritaire », a déclaré l’ancienne ministre de l’Egalité dans un communiqué lundi.
Le programme quinquennal de 2,5 milliards de shekels pour le développement de l’enseignement supérieur à Jérusalem-Est prévoit un programme préparatoire , en raison de l’inclusion d’un programme préparatoire – ou mehina en hébreu – pour les étudiants arabes à l’Université hébraïque de Jérusalem. Smotrich a déclaré qu’il retardait le plan jusqu’à ce que le gouvernement puisse s’occuper de ce qu’il prétend être des « cellules radicales islamiques dans les collèges et les universités israéliens ».