Des Palestiniens et des ONG tentent de retarder la nouvelle implantation
Une requête a été déposée auprès de l'Administration civile affirmant qu'Amichai, en cours de construction pour les évacués d'Amona, nuira aux villages voisins
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Un groupe de propriétaires terriens palestiniens, de chefs de village, et des ONG israéliennes de défense des droits de l’Homme ont déposé dimanche une requête demandant l’arrêt de la construction d’une nouvelle implantation qui est actuellement en cours de construction, et doit accueillir les évacués de l’avant-poste illégal d’Amona.
L’objection soumise à l’administration civile du ministère de la Défense affirme que l’établissement de l’implantation d’Amichai, la toute première commune israélienne en Cisjordanie en 25 ans, nuira aux Palestiniens qui vivent et cultivent des terres dans le voisinage.
Même si elle n’est finalement pas acceptée, cette requête pourrait retarder pendant des mois cette nouvelle implantation jusqu’à ce que l’administration civile, qui autorise les constructions israéliennes en Cisjordanie, réponde aux inquiétudes soulevées. Elle pourrait également recommander des changements dans les plans de construction.
Le gouvernement de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu œuvre à accélérer l’établissement d’une nouvelle implantation, terrassant les terrains pour la construction des routes et des infrastructures avant la délivrance des permis finaux par l’Administration civile.
Dans leur objection, les requérants – 13 propriétaires terriens palestiniens, trois chefs de villages et les organisations de défense des droits israéliennes Bimkom et Haqel — affirment que l’établissement de cette implantation nuira aux Palestiniens qui vivent dans les villages environnants qui, selon eux, ne pourront plus rejoindre leurs terres.
Alon Cohen-Lifshitz, de l’organisation Bimkom, a déclaré au Times of Israël qu’il « n’y a aucune légitimité à la fondation de l’implantation. »
« On s’est précipité pendant tout le processus sans obtenir les permis nécessaires », a-t-il expliqué lundi.
Cohen-Lifshitz a souligné qu’à plusieurs occasions dans le passé, l’armée avait démoli l’avant-poste illégal de Geulat Zion que des habitants d’implantations radicaux avaient tenté d’établir sur la colline même où Amichai est actuellement construite.
« Nous n’avons même pas déposé de requêtes contre l’avant-poste. Le ministère de la Défense a simplement compris qu’il était illégal et il a agi. Mais maintenant, on veut établir une implantation dans la même zone problématique », a-t-il déploré.
Cette nouvelle implantation, qui sera située à proximité des implantations de Shiloh et d’Eli, au nord de Ramallah, sera la première à être construite depuis la signature des accords de paix d’Oslo entre Israéliens et Palestiniens en 1993.
Au début du mois, le gouvernement a doublé le budget d’Amichai. Le ministre du Logement Yoav Galant a annoncé durant une réunion du cabinet le 2 août que le budget de la nouvelle implantation passerait de 60 millions à 120 millions de shekels.
L’implantation devait initialement accueillir des douzaines de caravanes pré-fabriquées, ce qui nécessite des travaux de terrassement du terrain et la pose d’infrastructures.
Les évacués d’Amona vivent actuellement dans des dortoirs dans l’implantation voisine d’Ofra, et ils devraient exercer sur le gouvernement Netanyahu une pression considérable en faveur de la poursuite des travaux.
S’adressant au Times of Israël lundi, le représentant d’Amona Avichai Boaron a expliqué qu’il « espère toujours pouvoir s’installer [à Amichai] d’ici deux ou trois mois. »
Les futurs habitants d’Amichai affirment que la nouvelle implantation se dressera entièrement sur des terrains appartenant à l’Etat, ce qui n’était pas le cas du précédent avant-poste.
L’avant-poste d’Amona a été évacué au mois de février après que la Haute cour de Justice a statué qu’il avait été construit sur des terrains palestiniens privés.
Boaron a qualifié l’objection de « malveillante », disant qu’elle a été soumise par « une autre organisation d’extrême-gauche qui prétend s’occuper des droits de l’Homme mais ne se préoccupe pas des droits des évacués, qui vivent dans des conditions de vie insalubres depuis sept mois après s’être fait expulser de leurs logements. »
L’Administration civile a indiqué qu’elle n’était pas en mesure de s’exprimer sur les dossiers en cours et qu’elle répondrait plus tard.