Rechercher
Explications

Des questions sur l’état de santé du Premier ministre après son hospitalisation

Un cardiologue explique pourquoi les médecins de Netanyahu ont voulu vérifier l'activité de son cœur à long-terme, alors que les résultats des examens étaient "tout à fait normaux"

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprimant depuis l'hôpital Sheba où il a été hospitalisé, et déclarant qu'il se sent "très bien", à Ramat Gan, le 15 juillet. 2023. (Crédit : Capture d'écran de la Douzième chaîne)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprimant depuis l'hôpital Sheba où il a été hospitalisé, et déclarant qu'il se sent "très bien", à Ramat Gan, le 15 juillet. 2023. (Crédit : Capture d'écran de la Douzième chaîne)

Quelques instants après la sortie de l’hôpital du Premier ministre Benjamin Netanyahu, dimanche matin, à la suite d’un séjour d’une nuit pour un cas de déshydratation – selon une déclaration de son bureau – des questions ont rapidement surgi sur l’état de santé général du Premier ministre après que l’hôpital a annoncé qu’il avait été équipé d’un moniteur cardiaque sous-cutané.

Le Premier ministre est arrivé à l’hôpital Sheba de Ramat Gan samedi après-midi et a été hospitalisé dans la soirée en raison d’une vraisemblable déshydratation et pour être placé sous observation. Selon les médias israéliens, le Premier ministre a été admis au service de cardiologie de l’hôpital.

Un communiqué commun du Bureau du Premier ministre et de Sheba a indiqué samedi que Netanyahu s’était plaint de vertiges après avoir passé plusieurs heures au soleil au lac de Tibériade vendredi, alors qu’une vague de chaleur intense s’abattait sur le pays. Il a été transporté à l’hôpital samedi par convoi depuis son domicile de Césarée, où il passait le week-end. Il était pleinement conscient et marchait sans assistance.

Haaretz et le site d’information Walla ont signalé que Netanyahu s’était évanoui à son domicile. Une information que les médecins n’ont pas confirmée, selon la Douzième chaîne, et le sujet n’a pas été abordé dans la vidéo du Premier ministre et ni dans le communiqué officiel émis par l’hôpital. La Douzième chaîne a précisé que le Premier ministre s’était plaint de douleurs à la poitrine avant d’être emmené à l’hôpital – une information qui n’a pas non plus été vérifiée.

Dimanche matin, l’hôpital a déclaré que le cœur du Premier ministre était « tout à fait normal » et que Netanyahu avait subi « une série d’examens complets et de routine effectués alors qu’il était pleinement conscient, et que le diagnostic médical officiel était la déshydratation ».

Dans un communiqué publié dimanche par le professeur Amit Segev, directeur de l’unité de cardiologie et président de l’Association de cardiologie en Israël, le médecin a déclaré que le cœur du Premier ministre était en bonne santé et que « l’ectrocardiogramme (…) s’est révélé tout à fait normal ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et son épouse Sara pendant des vacances à proximité du lac de Tibériade, le 14 juillet 2023. (Autorisation)

Le communiqué précise « qu’à aucun moment une arythmie cardiaque n’a été détectée » et que les médecins « ont décidé d’utiliser un Holter sous-cutané, comme il est d’usage ».

L’hôpital a déclaré que l’implantation du dispositif médical « permettrait à l’équipe médicale proche du Premier ministre de continuer à assurer un suivi régulier ».

Ce dispositif médical est implanté dans la région de la poitrine pour surveiller et enregistrer l’activité cardiaque pendant plusieurs années.

Au milieu de ces spéculations, l’hôpital a rejeté dimanche soir les affirmations selon lesquelles les responsables cachaient au public des informations importantes sur la santé cardiaque du Premier ministre, âgé de 73 ans, et sur la raison de son hospitalisation, selon un reportage de la Douzième chaîne. L’hôpital a déclaré avoir effectué un grand nombre d’examens qui se sont révélés normaux et que le moniteur cardiaque n’était qu’une mesure de précaution, selon la Douzième chaîne.

Une procédure d’usage ?

Le Times of Israel a demandé au Pr. Shaul Atar, directeur du service de cardiologie de l’hôpital de Galilée à Nahariya, d’expliquer pourquoi un moniteur cardiaque à long-terme a été implanté dans la poitrine du Premier ministre si son cœur est parfaitement sain, et si une telle procédure peut être qualifiée « d’habituelle ».

« Je ne dispose pas de toutes les informations sur sa situation physique, mais d’après ce que j’ai compris, il s’est évanoui chez lui probablement à la suite d’une syncope », a déclaré Pr. Atar.

Le Pr. Shaul Atar. (Crédit : Roni Albert)

La syncope, ou évanouissement, survient lorsque l’irrigation sanguine du cerveau est insuffisante. Elle est généralement causée par un déséquilibre entre les systèmes nerveux parasympathique et sympathique. La syncope est souvent passagère et a des causes diverses, notamment la déshydratation.

La pré-syncope est le sentiment d’être sur le point de s’évanouir et peut se traduire par des vertiges et des étourdissements.

« Une fois qu’une cause neurologique a été exclue par le scanner ou l’IRM, la cause probable de l’évanouissement est une sorte de trouble du rythme cardiaque, ou ce que nous appelons un bloc cardiaque. Dans de nombreux cas, il s’agit d’un phénomène bénin, mais il doit être vérifié », a déclaré le Pr. Atar.

Il a expliqué que, comme indiqué, Netanyahu avait subi une exploration électrophysiologique (EP) pour vérifier si c’était le cas. Cet examen implique un cathétérisme cardiaque qui pénètre dans le côté droit du cœur et mesure les intervalles de conduction électrique entre des points spécifiques du système de conduction du cœur.

« On veut savoir si les temps de conduction sont normaux ou trop longs. S’ils sont trop longs, cela signifie qu’il y a un problème. Le système de conduction électrique est très lent », a expliqué le Pr. Atar.

« Parfois, ce problème est résolu par l’insertion d’un stimulateur cardiaque [pour réguler les signaux électriques]. Le Premier ministre n’a pas reçu de stimulateur cardiaque, mais cela n’exclut pas complètement la possibilité qu’il ait eu une sorte de bloc transitoire », a-t-il suggéré.

Au mois d’octobre, Netanyahu avait été hospitalisé à l’hôpital Shaare Zedek de Jérusalem après avoir fait un malaise à la synagogue pendant un office de Yom Kippour. Il avait quitté l’hôpital le lendemain matin, après avoir subi des examens et passé la nuit en observation.

Selon le Pr. Atar, le Premier ministre pourrait également avoir été victime d’une pré-syncope ou d’une syncope au mois d’octobre. Par conséquent, bien que ses médecins n’aient pas posé de stimulateur cardiaque ce week-end, ils ont certainement décidé qu’il était pertinent  de surveiller les signaux électriques de son cœur en permanence.

Surveillance cardiaque

Il existe trois options pour surveiller le cœur d’un patient en dehors de l’hôpital ou d’un cabinet médical. La première est un moniteur Holter externe, un électrocardiogramme portable de la taille d’un baladeur que la personne porte sur elle pendant 24 à 72 heures. Le moniteur enregistre l’activité électrique du cœur grâce à des électrodes collées sur la poitrine et l’abdomen de la personne, qui sont reliées au moniteur par des câbles.

Un moniteur cardiaque implantable (ILR) vu aux rayons X. (Crédit : Hellerhoff, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

Le second est un enregistreur d’événements cardiaques, également connu sous le nom d’enregistreur à boucle d’événements (ECG). Comme le moniteur Holter, il est porté à l’extérieur. La différence est que l’enregistreur d’événements cardiaques a une capacité de transmission.

« Disons que vous avez des vertiges. Vous appuyez sur le bouton, qui transmet à une personne regardant un écran, qui verra votre rythme cardiaque. Cette personne saura exactement ce qui se passe, si vous souffrez de tachycardie (rythme cardiaque plus rapide que la normale) ou de bradycardie (rythme cardiaque plus lent que la normale), si vous souffrez ou non d’une forme d’arythmie », a déclaré le Pr. Atar.

Netanyahu a reçu le troisième type de moniteur cardiaque, appelé « moniteur cardiaque implantable » (ILR). L’ILR est un dispositif métallique rectangulaire de 2,5 à 5 cm ressemblant à une clé USB contenant un circuit électrique et une batterie. Il est inséré en sous-cutané dans la partie gauche de la poitrine et fonctionne pendant deux à trois ans.

L’ILR surveille la fréquence et le rythme cardiaques et génère automatiquement des enregistrements de toute activité électrique anormale. Il sauvegarde les informations et peut les envoyer au cardiologue du patient. L’ILR est accompagné d’un activateur portatif synchronisé avec le dispositif implanté afin que le patient puisse demander à l’appareil d’enregistrer des données s’il ressent des symptômes.

Une ambulance, après l’hospitalisation du Premier ministre Benjamin Netanyahu, devant l’entrée des urgences de l’hôpital Sheba à Ramat Gan, le 15 juillet 2023. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

« Il s’agit d’un dispositif à long-terme, et il est très facile à utiliser parce qu’il ne perturbe pas les activités quotidiennes. Vous pouvez courir, prendre l’avion, vous douchez. Vous pouvez faire tout ce que vous feriez normalement », a déclaré le Pr. Atar.

« Il peut rester en place pendant des années. Parfois, même lorsque la batterie est épuisée, les gens le laissent en place pendant des dizaines d’années », a-t-il ajouté.

Le Pr. Atar doute que Netanyahu ait souffert d’un simple cas de déshydratation. Il est assez probable que le week-end dernier n’était pas la première fois qu’il avait une syncope et que ses médecins ont considéré qu’il était temps de surveiller les choses de plus près avec l’ILR.

« Ils ont besoin de réponses définitives pour savoir pourquoi il a eu des vertiges – ou pourquoi il s’est évanoui. Cependant, il est important de garder à l’esprit que la syncope vasovagale est généralement une situation très bénigne et qu’elle peut être peu fréquente. Si c’est le cas, elle ne nécessite pas d’interventions telles qu’un stimulateur cardiaque ou des médicaments », a déclaré le Pr. Atar.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.