Des rabbins Habad sur la liste des personnes interdites d’entrée en Russie
Leur présence sur la liste est considérée comme une riposte aux efforts déployés depuis des décennies pour récupérer les textes sacrés confisqués par les soviétiques
JTA – Parmi les nombreux Juifs figurant sur la dernière liste d’Américains interdits d’entrée en Russie figurent trois rabbins Habad, probablement par mesure de représailles pour les efforts déployés par le mouvement Habad depuis des décennies pour récupérer les textes et les objets confisqués par les soviétiques.
La liste de 963 Américains publiée samedi, signalée en premier lieu par Axios, comprend trois dirigeants de l’organisme faîtier de Habad, Agudas Chassidei Habad. Il s’agit de :
- Rabbin Avraham Shemtov, le président de l’organisation, un fondateur du bureau de Washington du mouvement ;
- Rabbin Yehuda Krinsky, secrétaire du groupe, qui dirige les branches éducatives et sociales de Habad-Lubavitch ; et
- Rabbin Shlomo Cunin, un leader du mouvement sur la côte ouest, qui joue un rôle important dans la branche de l’organisation qui demande le retour des textes.
Habad Online, un site d’information qui rapporte les activités du mouvement, a déclaré que les hommes ont probablement été inclus dans la liste suite aux efforts continus du Habad pour que la Russie rende les textes.
Un avocat du Habad a déclaré à la Jewish Telegraphic Agency la semaine dernière que la guerre de la Russie contre l’Ukraine a ravivé les efforts pour récupérer la collection de textes sacrés, connue sous le nom de la bibliothèque (ou les archives) Schneerson. Les efforts déployés par les États-Unis pour saisir les biens russes sont considérés comme un renfort aux efforts déployés par Habad pour saisir les biens russes afin de payer plus de 165 millions de dollars d’amendes ordonnées par les tribunaux que le pays doit pour ne pas avoir rendu les textes.
La Russie a expressément publié la liste dans le but de riposter à l’extension des sanctions américaines contre la Russie pour sa guerre non provoquée contre l’Ukraine. Les critères utilisés pour inclure un Américain dans la liste ne sont pas toujours clairs ; certaines entrées offrent des explications superficielles – la mention Habad figure dans le cas des trois rabbins – et d’autres portent simplement la mention « citoyen américain ». Certains des ressortissants des États-Unis qui figurent sur la liste, comme l’ancien sénateur John McCain, sont décédés et même inscrits comme tels sur la liste.
La liste comprend également Nathan et Alyza Lewin, une équipe père-fille d’avocats à la Cour suprême qui a représenté des groupes juifs sur un certain nombre de questions relatives à la liberté religieuse. Nathan Lewin a par ailleurs représenté le groupe Habad contre la Russie, et Alyza Lewin est présidente du Louis D. Brandeis Center for Human Rights Under Law.
Figurent également sur la liste Tim Naftali, historien politique réputé qui a analysé les tensions entre la Russie et les États-Unis ; des membres juifs du Congrès, dont les démocrates Steve Cohen (Tennessee), Jerry Nadler (New York), Alan Lowenthal (Californie), Andy Levin (Michigan), Debbie Wasserman Schultz (Floride) et les républicains Lee Zeldin (New York) et David Kustoff (Tennessee) ; et Ellen Weintraub, commissaire fédérale aux élections.
L’acteur juif Rob Reiner figure sur la liste, non pas pour avoir réalisé « Spinal Tap » et d’autres classiques de la comédie, mais pour avoir fondé « Investigate Russia », un site web aujourd’hui en sommeil, qui a suivi l’enquête sur les tentatives de la Russie d’influencer l’élection présidentielle américaine de 2016. Parmi les journalistes cités figure Susan Glasser, l’experte en affaires étrangères qui a récemment coécrit avec son mari Peter Baker Kremlin Rising : La Russie de Poutine et la contre-révolution.
Et puis il y a les mystères, des personnes aux noms ostentatoirement juifs et qui ne sont répertoriés que comme citoyens américains, parmi lesquels Moshe Cohen et Avrohom Yitzhak Weisfish.
Nombre de ces personnes se sont moquées de figurer sur la liste, remarquant qu’elles n’avaient aucune intention d’entrer en Russie et qu’elles n’avaient aucun actif que la Russie pouvait sanctionner. L’article de Habad Online sur la liste commence par le mot russe signifiant « Au revoir » – « Dasvidaniya ! »
Habad est un élément important de la vie juive en Russie. La guerre a placé ses dirigeants locaux dans une position difficile, car ils cherchent à continuer à servir les centaines de milliers de Juifs qui y vivent tout en faisant partie d’un mouvement international ayant des liens affectifs avec l’Ukraine. Le centre Habad de Russie est associé à un musée juif où se trouve actuellement une partie de la bibliothèque de Schneerson.