Des rabbins statuent que les personnes handicapées mentales peuvent se marier
Beit Hillel déclare être favorable au mariage des personnes qui souffrent de trisomie, d'autisme et d’autres déficiences mentales
Une association de rabbins orthodoxes libéraux a statué que les personnes ayant des déficiences cognitives sont autorisées à se marier selon la loi juive, ou Halakha ; ils cherchent à bouleverser l’attitude de certains rabbins qui bannissaient de telles unions.
Certains rabbins locaux refusaient de célébrer des mariages de personnes souffrant de handicaps cognitifs, tels que la trisomie ou un autisme sévère, estimant que le couple ne pourrait remplir les exigences du mariage et du ménage juif.
Mais le rabbin Ronen Neuwirth, directeur exécutif de Beit Hillel, qui a publié la décision halakhique, a déclaré que le handicap ne devrait pas empêcher les gens de se marier.
« J’ai célébré 800 mariages, et ceux de personnes handicapées étaient les plus émouvants », déclare Neuwirth, qui est aussi le rabbin de la Congrégation Ohel Ari à Raanana.
Il y a six mois, Beit Hillel a publié un document similaire détaillant les raisons pour lesquelles les personnes handicapées mentales pouvaient célébrer une bar ou bat mitzva et être reconnues comme des adultes juifs selon la Halakha.
Pour Neuwirth, le public, y compris des rabbins, n’a pas compris que des personnes atteintes de déficiences cognitives peuvent accomplir ces mitsvot, et devraient même être encouragées à le faire si cela les rendait plus heureuses et épanouies.
« Ce n’est pas la décision des rabbins, c’est la décision des familles », note Neuwirth. « Il n’y a aucun problème à ce que des personnes ayant une déficience cognitive se marient selon la loi juive. C’est légitime, c’est valide, et il leur est également possible de divorcer »
Dans divers textes juifs, les rabbins ont, au cours des siècles, débattu de la question de la capacité mentale nécessaire à une personne pour se marier.
Le document de Beit Hillel recueille ces débats et examine leur application aujourd’hui – à savoir, permettre aux professionnels, travailleurs sociaux, aux familles et à la personne handicapée de déterminer si les intéressés ont les outils nécessaires pour construire une relation conjugale saine.
« Notre objectif est de sensibiliser les gens et de leur montrer que c’est certainement possible selon la Halakha », précise Neuwirth. Il ajoute que les communautés ont la responsabilité d’intégrer et de soutenir les personnes handicapées, tout comme elles soutiennent les non handicapés.
Il note que le mariage n’est pas toujours la bonne décision, surtout pour quelqu’un souffrant d’un handicap ou d’un autisme émotionnel qui l’empêche de comprendre des situations contextuelles. Toutefois, cela doit rester la décision de la personne, de sa famille et de son réseau de soutien, et non celle d’un rabbin.
Un certain nombre d’organisations défendent cette question du mariage entre personnes ayant des difficultés cognitives. Inbar est un organisme bénévole de shiddoukhim [rencontres] qui organise des événements pour personnes handicapées religieuses. La Fondation de la famille Ruderman a établi un partenariat avec l’Institut Feuerstein pour créer un réseau de soutien aux familles et aux couples handicapés qui désirent se marier.
Le Times of Israel a récemment interviewé Ari Neeman, qui a reçu le Prix E. Morton Ruderman pour l’intégration, et qui évoquait la nécessité d’une « compétence présumée » qui offrirait ainsi aux personnes handicapées la capacité de s’autodéterminer, la possibilité de grandir et de faire leurs propres expériences.
Neeman qui souffre de la maladie d’Asperger, est fiancée et dirige le réseau « Autistic Self Advocacy Network » (ASAN), qui milite pour que les communautés et les organisations soutiennent les personnes handicapées lorsqu’elles prennent leurs propres décisions.
Selon Neuwirth, les rabbins étaient très réticents à marier des personnes ayant une déficience intellectuelle jusqu’en 2011.
A cette date, les grands rabbins ont statué que chaque rabbin local pouvait se rapprocher directement d’un grand rabbin afin de déterminer si une personne handicapée pouvait être autorisée ou non à se marier.
Malgré cela, Beit Hillel a décidé de rédiger un acte visant à clarifier encore davantage la situation.
« Je suis convaincu que la plus grande partie de la société n’a pas conscience [que les personnes handicapées désirent se marier], déclare-t-il. C’est pourquoi nous voulions affirmer cela afin de lancer une campagne publique. Nous voulons que les gens commencent à discuter de ce sujet, afin qu’ils aient conscience des enjeux et qu’ils nous offrent leur soutien. »