Des scouts palestiniens pour l’indépendance écossaise
Les partisans du "oui" au référendum historique sur l'indépendance de l'Ecosse prévu jeudi ont trouvé un soutien inattendu

Cornemuses et tambours à l’unisson, une vingtaine de scouts défilent au pas. La musique militaire semble sortie tout droit des Highlands, pourtant la scène se passe en Cisjordanie, où les joueurs de cornemuse ont pris fait et cause pour l’indépendance écossaise.
Les partisans du « oui » au référendum historique sur l’indépendance de l’Ecosse prévu jeudi ont trouvé un soutien inattendu parmi les joueurs de cornemuse palestiniens, qui y voient un parallèle avec leur propre combat.
« Les Ecossais veulent leur indépendance et leur Etat, pour qu’ils puissent vivre dans un pays qui soit le leur, et le leur uniquement », explique Khaled Qassis, chef scout.
« En tant que Palestiniens, comme n’importe quel autre peuple, nous voulons aussi notre propre Etat », poursuit-il.
« La cornemuse fait partie de la résistance », explique Majid Qonqar, 31 ans. Pratiquant cet instrument depuis son adolescence, il est venu participer à la répétition hebdomadaire dans une petite salle de Beit Jala.
Dans cette ville de Cisjordanie majoritairement chrétienne, la réalité du conflit israélo-palestinien se fait sentir au quotidien, Israël menaçant de confisquer une bande de territoire appartenant aux habitants afin d’achever la construction du mur de séparation qui traverse la majeure partie de la Cisjordanie.
« Pour moi, c’est un instrument de guerre », insiste Majid. « Les Ecossais emportaient toujours leurs cornemuses sur les champs de bataille. »
Paradoxalement, c’est un occupant qui a introduit en Palestine cet instrument devenu symbole de résistance : les Britanniques, durant leur mandat de 1920 à 1948.
Ils y ont également implanté le scoutisme, avec un certain succès: selon Majid, Beit Jala compte 800 scouts sur un total de 16 000 habitants.
Héritage de l’empire britannique
« De nombreuses choses nous sont restées de l’Empire britannique », s’amuse Khaled.
Presque 70 ans plus tard, le scoutisme palestinien a pris une dimension clairement nationaliste.
« La musique (que nous jouons) est palestinienne », souligne George Ghawali, 20 ans, un grand sourire sur les lèvres au sortir d’une intense répétition.
La troupe multiplie les actions de soutien à la cause palestinienne. Plus tôt dans l’année, les scouts ont participé à une grève de la faim entamée par des prisonniers détenus en Israël.
Chaque fois qu’ils se produisent en dehors de leur ville, la présence israélienne se fait sentir.
« C’est très difficile de se déplacer librement. Quand on veut aller à Jérusalem pour se produire dans des rassemblements scouts ou à Nazareth [ville arabe dans le nord d’Israël, ndlr], il faut passer les postes de contrôle israéliens, ce qui peut prendre des heures et implique parfois que l’on nous soumette à des fouilles corporelles », se plaint Majid.
Dans ce contexte, la troupe sert de point de ralliement aux Palestiniens chrétiens des environs, renforçant leur sentiment d’appartenance à une même communauté.
A chaque fête chrétienne, comme Noël ou Pâques, les joueurs de cornemuse se produisent à Beit Jala ou dans la ville voisine de Bethléem, devant un public composé notamment d’enfants.
« Chaque membre de ce groupe scout voudrait rejoindre le corps de cornemuse, mais ce n’est pas facile », prévient George. « Il y a beaucoup de compétition ».