Israël en guerre - Jour 348

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Des soldats suspendus pour avoir frappé des activistes de gauche à Hébron

Sur des images, un soldat s'attaque violemment à un activiste et un autre déclare que la nomination du futur ministre extrémiste Ben Gvir pourrait bien "régler les choses"

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Un soldat israélien frappe un activiste de gauche à Hébron, en Cisjordanie, le 25 novembre 2022. (Crédit : Breaking the Silence)
Un soldat israélien frappe un activiste de gauche à Hébron, en Cisjordanie, le 25 novembre 2022. (Crédit : Breaking the Silence)

L’armée israélienne a suspendu vendredi deux soldats israéliens qui ont physiquement agressé des activistes de gauche à Hébron, les raillant et les provoquant. C’est le dernier d’une série d’incidents impliquant la brigade d’infanterie Givati à avoir eu lieu dans cette ville de Cisjordanie, en proie à de fortes tensions.

Sur des images partagées par Breaking the Silence, une ONG d’extrême gauche qui recueille des témoignages majoritairement anonymes d’anciens soldats sur des violations présumées faites aux droits de l’Homme contre les Palestiniens et qui médiatise ensuite ces témoignages, un soldat jette violemment un activiste au sol et le frappe au visage.

Les membres du groupe s’étaient rendus à Hébron pour y rencontrer des familles palestiniennes pour leur faire part de leur solidarité après des affrontements violents avec des Israéliens qui étaient venus dans la ville pour y participer à un pèlerinage annuel, la semaine dernière.

Sur les images, les soldats tentent d’arrêter l’homme qui prend la fuite avant d’être rattrapé, cloué au sol et frappé avec violence. Un autre militaire dit aux autres activistes : « Foutez le camp d’ici ».

Le guide à la tête du groupe – l’homme attaqué avec violence par le soldat – a ensuite été interrogé par la police israélienne pour agression présumée contre un policier et pour avoir empêché ce dernier de mener sa mission, a confié son avocat au site d’information Ynet, qui a ajouté que son client était actuellement placé en détention malgré ses blessures. Deux autres activistes ont été aussi brièvement emprisonnés pour des raisons indéterminées, a continué l’avocat. Les images ne montrent aucune violence de la part des activistes.

Dans une autre vidéo, un militaire de la même unité fait face à un activiste et vante les qualités du député extrémiste de droite, Itamar Ben Gvir, qui devrait devenir le prochain ministre de la Sécurité nationale – une version élargie du poste de ministre de la Sécurité intérieure.

« Ben Gvir va enfin régler les choses ici », estime le militaire. « C’est comme ça, vous avez perdu… fini la rigolade », raille-t-il.

Interrogé par l’activiste qui est en train de filmer et qui lui demande : « Pourquoi ? Est-ce que j’ai fait quelque chose d’illégal ? », le militaire répond : « Tout ce que vous faites est illégal. Je suis la loi ». Il ordonne ensuite à l’activiste de reculer.

« On peut d’ores et déjà voir les effets de la nomination de Ben Gvir sur le terrain », a noté un communiqué émis par Breaking the Silence.

Le soldat porte une pièce de tissu accrochée au velcro au dos de sa veste militaire sur laquelle est écrit : « Un tir. Un mort. Aucun remords. C’est moi qui décide ». Ce type de pièce va à l’encontre des règles militaires – seuls le logo de l’unité à laquelle le soldat appartient ou le drapeau israélien sont autorisés sur l’uniforme.

L’armée israélienne a indiqué dans un communiqué que l’incident ferait l’objet d’une enquête de Yehuda Fuchs, commandant du Commandement central.

« Les soldats impliqués ont été suspendus jusqu’à la fin de l’enquête », a noté Tsahal.

Le chef d’état-major Aviv Kohavi a condamné les agissements des soldats, estimant qu’ils sont « extrêmement graves et contraires aux valeurs de l’armée israélienne ».

« Les régulations et les procédures de Tsahal accordent aux soldats toute liberté d’action dans l’exercice de leur mission mais ils n’ont pas le droit d’utiliser la force de manière non-nécessaire et ils n’ont pas le droit d’agir violemment », a dit Kohavi dans une déclaration.

Les activistes ont expliqué s’être rendus à Hébron pour y rencontrer des Palestiniens en signe de solidarité, après des affrontements violents qui ont eu lieu dans la ville, la semaine dernière. Au moins deux Palestiniens et un soldat ont été blessés au cours de ces heurts, samedi dernier. Ils avaient été entraînés par la présence de milliers de Juifs israéliens venus pour un pèlerinage annuel dans la ville, le week-end dernier.

L’incident survenu vendredi est le troisième incident violent impliquant des soldats de la brigade Givati à Hébron, ces dernières semaines.

La semaine dernière, l’armée avait suspendu un soldat qui avait insulté un activiste de Breaking The Silence. « Tu es un traître au pays et tu es un fils de p…e. Je voudrais que tu crèves d’un cancer généralisé », avait dit le militaire.

Le groupe Breaking the Silence se rend régulièrement à Hébron pour souligner ce qu’il estime être « les répercussions négatives » du contrôle militaire exercé par Israël sur la population palestinienne de Hébron. Des visites qui suscitent la colère des partisans du mouvement pro-implantation juifs de la ligne dure qui vivent à Hébron – ainsi que des soldats qui les défendent – et qui affirment que Breaking the Silence présente une réalité mensongère de la ville divisée.

Des commerçants palestiniens récupérant leurs marchandises sur un marché saccagé par les altercations entre Israéliens et Palestiniens, à l’occasion du pèlerinage annuel de la tombe d’Othniel dans la ville de Hébron, en Cisjordanie, le 19 novembre 2022. (Crédit : Hazem Bader/AFP)

Trois autres soldats de la brigade avaient été suspendus le mois dernier suite à une agression contre un Palestinien. Une affaire qui fait l’objet d’une enquête de la police militaire et qui avait été aussi condamnée par le chef d’état-major Aviv Kohavi.

Les tensions se sont accrues en Cisjordanie depuis plusieurs mois alors que l’armée a lancé au printemps une offensive antiterroriste majeure dans le nord de la Cisjordanie tout particulièrement, suite à une série d’attentats qui ont causé la mort de 30 Israéliens au sein de l’État juif et en Cisjordanie. Hébron se situe au sud du territoire.

Plus de 2 000 arrestations ont été effectuées lors de raids quasi quotidiens et plus de 150 morts ont été rapportées parmi les Palestiniens, essentiellement lors d’attaques ou d’affrontements avec les forces de sécurité.

Il y a eu aussi une forte recrudescence des attaques des partisans du mouvement pro-implantations contre les Palestiniens et les forces de sécurité.

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