Deux arrestations lors d’une manifestation appelant à la libération de Yehiel Indore
Ben Gvir s’inquiète de savoir si les droits du résident d'implantation soupçonné d'homicide sont respectés ; des activistes sont montés sur un bus et ont bloqué l'entrée de Jérusalem
La police a arrêté au moins deux manifestants à Jérusalem dimanche soir, alors que des centaines de personnes protestaient dans la capitale contre le maintien en détention d’un résident d’implantation soupçonné d’avoir tué un jeune Palestinien lors d’un affrontement en Cisjordanie la semaine dernière.
Plusieurs manifestants ont brièvement bloqué l’entrée de la ville par la Route 1, et « des perturbations ont commencé », selon la police, qui a demandé aux automobilistes d’emprunter des itinéraires alternatifs pour entrer dans la capitale.
La police s’est rendue sur place pour disperser les manifestants.
Lors du rassemblement, plusieurs manifestants ont été vus en haut d’un bus pris dans la circulation près du pont des Cordes, à l’entrée de la ville. Dans un autre bref extrait de la manifestation, on voit un policier semblant frapper ou donner un coup de poing dans le dos d’un manifestant.
Un trafic intense a été signalé sur la Route 16, une entrée relativement nouvelle à Jérusalem depuis le quartier de Givat Shaul à l’ouest.
Selon Ynet, environ 200 personnes ont manifesté lors de l’événement organisé par un certain nombre d’organisations de droite et d’extrême-droite, telles que Im Tirzu et Honenu, une organisation d’aide juridique.
מפגינים בירושלים עלו על גג של אוטובוס עם שלטי מחאה נגד מעצרו של יחיאל אינדור לאחר שחרורו מבית החולים.
אבל המפגינים נגד ההפיכה המשטרית אנרכיסטים. pic.twitter.com/WdmNYvDXxZ— listein (@Lihistein) August 13, 2023
Dans une annonce promotionnelle de la manifestation, ces organisations ont qualifié Yehiel Indore – qui est soupçonné d’avoir abattu Qusai Jamal Matan, 19 ans, lors d’un affrontement le 4 août dans le village palestinien de Burqa – de « héros », assurant qu’il protégeait d’autres personnes, et ont exigé sa libération.
Un juge a ordonné vendredi à Indore de rester en détention jusqu’à la semaine prochaine au moins, après que les forces de l’ordre ont demandé une prolongation de dix jours, affirmant qu’elles disposaient d’éléments de preuve significatifs pour étayer leur dossier.
מפגינים עלו על אוטובוסים בכניסה לי-ם; גורם בשב"ס – פניית בן גביר חורגת מגבולות המעורבות המקובלתhttps://t.co/dru3brriFI pic.twitter.com/u9RbNZji2R
— החדשות – N12 (@N12News) August 13, 2023
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, chef du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, a écrit une lettre à l’Administration pénitentiaire israélienne (IPS) dimanche pour demander une réponse à sa requête concernant Indore et pour savoir si les droits du suspect étaient respectés.
Ben Gvir a cité « de nombreuses demandes de renseignements qui sont parvenues à mon bureau aujourd’hui » et a déclaré qu’Indore avait été transféré sous la garde de l’IPS, « sur instruction [de l’agence de sécurité intérieure] du Shin Bet ».
« J’aimerais recevoir une réponse de l’Administration pénitentiaire israélienne sur ces questions, notamment sur le fait de savoir si les droits du détenu conformément à la loi sont préservés, et si les professionnels [médicaux] de l’IPS ont examiné la nécessité d’ordonner son hospitalisation » dans un établissement de l’IPS pour une blessure à la tête subie lors de l’affrontement.
Honenu a déclaré qu’Indore a été gravement blessé après avoir été frappé à la tête par une pierre qui a été lancée dans sa direction. Il a été opéré et souffre d’une fracture crânienne et d’une hémorragie intra-cérébrale.
Indore n’était pas présent à l’audience, car il est toujours hospitalisé à Jérusalem. Le tribunal a décidé mardi que les membres de sa famille seraient autorisés à lui rendre visite à l’hôpital, ce qui leur était auparavant interdit en raison de son arrestation. Deux députés de la coalition ont toutefois été autorisés à lui rendre visite, ce qui a suscité de vives critiques.
Ben Gvir, qui a fait carrière en défendant des Juifs soupçonnés de terrorisme avant d’entrer en politique, a précédemment déclaré qu’Indore devrait recevoir une médaille d’honneur et a exigé que la police « accélère l’enquête ».
Ces remarques ont suscité des mises en garde de la part d’anciens responsables de la police qui ont affirmé que Ben Gvir – un extrémiste et activiste du mouvement pro-implantations de longue date – tentait d’interférer dans l’enquête.
Lors de l’audience de placement en détention provisoire vendredi, la police a révélé qu’elle ne soupçonnait plus un motif racial pour les actes d’Indore, mais qu’elle le soupçonnait toujours d’avoir tué Matan avec intention ou indifférence, d’avoir participé à une émeute, d’avoir conspiré en vue de commettre un crime et d’avoir fait obstruction à la justice. Indore a affirmé avoir tiré en état de légitime défense.
Vendredi, la police a fait état d’un « développement significatif » dans l’enquête, qui a renforcé son dossier à l’encontre d’Indore.
La police a déclaré qu’Indore avait avoué, lors de l’interrogatoire, avoir tiré avec son arme, mais qu’il avait nié avoir visé vers l’avant et affirmé avoir tiré en l’air.
La police a ajouté que pendant la majeure partie de l’enquête, Indore avait exercé son droit à garder le silence.
Le juge Zion Sahraï a déclaré dans sa décision que même si les preuves contre Indore avaient effectivement été confirmées, la thèse de la légitime défense ne pouvait être écartée.
« Il est prématuré de tirer des conclusions sur les circonstances de l’incident et, compte tenu de la durée de la détention du suspect, il convient de s’efforcer de mener l’enquête à son terme [au plus vite] », a-t-il déclaré.
Cette affaire très médiatisée a attiré l’attention de la communauté internationale, car les efforts déployés par les États-Unis pour apaiser les tensions israélo-palestiniennes se sont heurtés à ce que les observateurs considèrent comme une augmentation des cas de violence perpétrée par des résidents d’implantations à l’encontre de Palestiniens et attisée par la rhétorique d’extrême-droite des hommes politiques du gouvernement.
Un autre suspect israélien, Elisha Yered, a été arrêté pour suspicion d’implication et d’obstruction à l’enquête de police, mais il a été libéré et assigné à résidence mardi. Les forces de l’ordre ont fait appel jeudi pour que Yered soit à nouveau arrêté, mais le recours déposé a été rejeté par la Cour suprême.
Selon les termes de sa libération, Yered – ancien porte-parole de la députée d’extrême-droite Limor Har Son-Melech (Otzma Yehudit) – est assigné à résidence chez son oncle. Il lui est interdit d’avoir des conversations téléphoniques et il n’est autorisé à quitter les lieux que pour se rendre aux interrogatoires de la police ou aux audiences du tribunal.
Jeudi, un tribunal militaire de Cisjordanie a ordonné la libération de quatre Palestiniens arrêtés à la suite de l’incident, le juge estimant qu’il n’y avait pas de « soupçon raisonnable » à leur encontre. Un cinquième suspect a été libéré en début de semaine.
Ben Gvir, qui dirige le parti Otzma Yehudit, a refusé au député arabe Ahmad Tibi (Hadash-Taal) l’autorisation de rendre visite aux Palestiniens arrêtés dans le cadre de cette affaire, ce qui a incité ce dernier à accuser le gouvernement de discrimination flagrante.