Ex-chefs de police : Ben Gvir cherche à « entacher » l’enquête sur l’assassinat d’un Palestinien
Un groupe d'anciens policiers envoie une lettre à Shabtaï et à Bar pour les avertir que le ministre de la Sécurité nationale tente "d'interférer dans une enquête criminelle"
Un groupe d’anciens chefs de police et d’officiers supérieurs a envoyé dimanche une lettre au chef de la police israélienne Kobi Shabtaï et au chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet Ronen Bar, exprimant leur inquiétude quant au fait que le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir cherche à « entacher » l’enquête sur le meurtre d’un Palestinien en Cisjordanie.
Deux résidents – dont l’un est un ancien assistant d’une députée du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit de Ben Gvir – ont été arrêtés samedi, soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre d’un jeune Palestinien en Cisjordanie dans la nuit de vendredi à samedi.
Dans la lettre adressée à Shabtaï, le groupe des chefs de police et des généraux de division à la retraite a souligné en particulier les louanges faites par Ben Gvir au tireur présumé, notamment en déclarant que le suspect devrait recevoir une « médaille d’honneur » plutôt que de faire l’objet d’une enquête.
« Les remarques du ministre en charge de la police constituent une tentative d’interférer dans une enquête criminelle, d’en fausser la direction et de l’entacher », ont écrit les anciens officiers. Ils ont également affirmé que Ben Gvir avait contacté le chef de la police en Cisjordanie dans le but d’influencer les enquêteurs.
Les anciens officiers ont appelé ceux qui enquêtent sur l’incident à « se comporter de manière professionnelle […] et à ignorer toute demande émanant de quelque source que ce soit, dans le but de parvenir à la seule vérité ».
Vendredi soir, Yehiel Indore aurait abattu Qusai Jamal Matan, 19 ans, lui tirant dans le cou à proximité de la ville cisjordanienne de Burqa, près de Ramallah, sur un terrain privé palestinien, selon des responsables palestiniens de la Santé et des sources de la Défense israélienne. Il a été enterré samedi. Selon l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne (AP), Wafa, les affrontements ont éclaté après l’attaque du village par des résidents d’implantions, ce qui a conduit les habitants à les affronter.
Les deux principaux suspects ont été identifiés comme étant Yehiel Indore et Elisha Yered, un ancien porte-parole de la députée Limor Son Har-Melech du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit. Indore, qui a été grièvement blessé au cours de l’incident, serait la personne qui a tiré sur Matan, tandis que Yered est soupçonné d’entrave à l’enquête.
« Ma politique est claire. Quiconque se défend contre les jets de pierres devrait recevoir une médaille d’honneur », a déclaré Ben Gvir dimanche dans un communiqué.
Il a exigé que la police « accélère l’enquête et mène des investigations approfondies sur tous les assaillants arabes qui ont lancé des pierres et tenté d’assassiner des Juifs ».
Son Har-Melech a également critiqué les arrestations d’Indore et de son ancien assistant, déclarant dimanche : « Je suggère que les services de sécurité orientent leurs efforts vers la lutte contre les nids du terrorisme au lieu de poursuivre les [résidents] qui s’accrochent à notre terre avec dévotion. »
Bar, le chef du Shin Bet, aurait averti le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à la suite de l’incident, que le terrorisme juif en Cisjordanie alimentait le terrorisme palestinien.
Ces commentaires, rapportés dimanche par Yedioth Ahronoth, ont conduit plusieurs députés de la coalition à critiquer Bar, ce qui a conduit le ministre de la Défense Yoav Gallant à prendre sa défense.
« Je condamne fermement les déclarations des membres de la Knesset qui insultent le chef du Shin Bet, et je leur suggère de se rétracter et de s’excuser pour leurs propos », a déclaré Gallant.
« Toute attaque de personnalités publiques contre le Shin Bet nuit à la sécurité de la nation et de ses citoyens. »
Deux législateurs de la coalition – le député Tzvi Succot (HaTzionout HaDatit) et la députée Tally Gotliv (Likud) – ont rendu visite à Indore à l’hôpital dimanche, profitant de leur liberté de mouvement élargie en tant que membres de la Knesset et exprimant publiquement leur soutien à Indore.
Gotliv a proclamé qu’Indore n’était « rien de moins qu’une victime du terrorisme », tandis que Succot a affirmé que le suspect avait clairement « agi en état de légitime défense ».
Tsahal a déclaré que, selon des témoins, des affrontements avaient éclaté à proximité de Burqa après que des résidents israéliens d’un avant-poste voisin eurent rassemblé des moutons dans la région. Des Palestiniens de la ville se sont alors approchés des résidents israéliens pour les éloigner de leurs terres, ce qui a donné lieu à une confrontation verbale.
À un moment donné, les deux parties ont commencé à se lancer des pierres, a déclaré l’armée, ajoutant que les Palestiniens avaient également lancé des pétards.
« Au cours de la confrontation, des civils israéliens ont tiré en direction des Palestiniens. Suite à cette confrontation, un Palestinien a été tué, quatre autres ont été blessés et un véhicule palestinien a été retrouvé brûlé », a déclaré Tsahal dans un communiqué samedi.
Emanuel Fabian a contribué à cet article