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Tibi: En interdisant les visites aux détenus palestiniens, Ben Gvir est discriminant

Le ministre d'extrême-droite a refusé la demande de l'élu arabe radical de rendre visite à des suspects palestiniens quand d'autres élus ont pu rendre visite à des suspects israéliens

Le député Ahmad Tibi prenant la parole en séance plénière lors d'une cérémonie commémorative marquant les 27 ans de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, à la Knesset, le 6 novembre 2022. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)
Le député Ahmad Tibi prenant la parole en séance plénière lors d'une cérémonie commémorative marquant les 27 ans de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, à la Knesset, le 6 novembre 2022. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a rejeté mercredi la demande d’un député arabe radical qui souhaitait être autorisé à rendre visite à des Palestiniens arrêtés lors d’un affrontement avec des résidents d’implantations extrémistes en Cisjordanie qui s’est terminé par la mort d’un Palestinien par balle à la fin de la semaine dernière.

Le numéro 2 de l’alliance arabe radicale Hadash-Taal, Ahmad Tibi, a demandé à rendre visite aux Palestiniens après que deux députés de la coalition ont été autorisés par la police, en début de semaine, à rendre visite au résident d’avant-poste illégal qui a tiré les coups de feu mortels. Yehiel Indore, qui est hospitalisé pour des blessures graves subies lors de l’affrontement, est soupçonné de meurtre dans cette affaire et est en état d’arrestation.

Mais Ben Gvir a rejeté la demande de Tibi et a déclaré qu’il ne serait pas autorisé à voir les suspects palestiniens.

Ben Gvir, qui dirige le parti d’extrême-droite Otzma Yehudit et dont le ministère supervise la police, a écrit mercredi sur X – anciennement Twitter – qu’il « n’avait pas l’intention de s’excuser » pour la polémique au sujet des visites.

« Tibi ne peut pas rendre visite à des émeutiers au milieu d’une enquête », a-t-il écrit, ajoutant qu’il apportait son « soutien total » à la décision de la police de refuser l’accès aux suspects dans cette affaire.

Ben Gvir a également publié la lettre qu’il avait envoyée à Tibi la veille pour lui refuser l’autorisation de rendre visite aux suspects palestiniens, dans laquelle il explique que « toutes les demandes des membres de la Knesset et des ministres au chef de la police doivent être faites via mon bureau, conformément aux procédures du ministère de la Sécurité nationale ».

Il a déclaré que la police avait examiné la question et que, de l’avis de l’enquêteur, « il n’est pas possible d’autoriser des rencontres avec l’une des personnes arrêtées ».

Ben Gvir avait précédemment déclaré qu’Indore devrait recevoir « une médaille » pour avoir tiré sur Matan.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir lors d’une réunion avec des officiers de police de l’unité anti-émeute Yasam, à Tel Aviv le 2 août 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Indore serait la personne qui a abattu Qusai Jamal Matan, 19 ans, vendredi dernier lors d’un affrontement entre résidents d’implantations extrémistes et Palestiniens dans le nord de la Cisjordanie, à l’extérieur de la ville cisjordanienne de Burqa, près de Ramallah. Yered est soupçonné d’avoir participé à la fusillade et d’avoir entravé l’enquête en emportant le pistolet chez lui.

Cinq Palestiniens ont également été arrêtés à la suite de l’incident. L’un d’entre eux, mineur, a été libéré mardi.

Indore reste sous la garde de la police dans un hôpital de Jérusalem, où il est soigné pour une grave blessure à la tête suite à un jet de pierres palestinien.

Dimanche, la police a autorisé la députée Tally Gotliv (Likud) et le député d’extrême-droite Zvi Sokot (HaTzionout HaDatit) à rencontrer Indore à l’hôpital Shaare Zedek, où il est toujours hospitalisé. En raison de son état de santé, Indore n’aurait pas encore été interrogé par la police.

Toutefois, on ne sait pas exactement qui a donné son accord pour la visite, et Ben Gvir a nié avoir donné l’autorisation, a rapporté la chaîne publique israélienne Kan.

Après leur visite, Tibi a envoyé une lettre au chef de la police israélienne Kobi Shabtaï pour demander l’accès aux Palestiniens, soulignant que « à première vue, dans la Knesset actuelle, il y a deux types de députés : les Juifs et les Arabes ». Il s’est engagé à attirer l’attention de la communauté internationale sur cette discrimination présumée.

Selon Kan, Tibi a également demandé au président de la Knesset, Amir Ohana, d’intervenir dans cette affaire.

Mercredi, Tibi a accusé le gouvernement de discrimination éhontée.

« Il y a deux sortes de membres de la Knesset : les Juifs qui bénéficient de l’immunité parlementaire et de droits, et les membres arabes de la Knesset qui n’en bénéficient pas. C’est une preuve supplémentaire que nous avons un chef de la police qui est totalement soumis à un ministre raciste », a-t-il déclaré à Ynet.

Tibi a également critiqué le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a récemment accordé une série d’interviews aux médias américains dans lesquelles il a cherché à apaiser les inquiétudes concernant la direction prise par sa coalition.

« Peu importe le nombre de stations locales américaines où Bibi donnera des interviews », a-t-il écrit sur Twitter, en utilisant le surnom de Netanyahu. « Pensez-vous vraiment que les gens dans le monde entier vont continuer à croire qu’Israël est toujours une démocratie pendant encore longtemps ? »

La conseillère de la Knesset, Sagit Afik, lors d’une réunion de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice, à la Knesset, à Jérusalem, le 5 février 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

À la suite de ces visites, la conseillère juridique de la Knesset, Me Sagit Afik, a demandé au conseiller juridique du ministère de la Sécurité nationale de vérifier comment et sur quelle base l’autorisation avait été donnée aux députés de rendre visite à Indore.

Afik a noté dans une lettre adressée au conseiller que lors d’une conversation avec Ben Gvir la semaine dernière, elle a dit au ministre « qu’il ne peut y avoir de comportement sélectif qui crée une distinction entre les députés ».

Afik a pris contact à la demande de Tibi, qui n’a toujours pas reçu de réponse à une autre demande faite il y a plus de deux mois pour rendre visite à Walid Daqqa, un Arabe israélien condamné pour terrorisme, qui est en grève de la faim.

Par ailleurs, Ben Gvir a demandé mercredi à la procureure générale Gali Baharav-Miara d’enquêter sur Tibi au sujet des remarques faites par le député lors d’un discours prononcé en début de semaine à l’université arabo-américaine de Jénine qui, selon le ministre, s’apparentent à une incitation au terrorisme et à la sédition, a rapporté Walla.

Citant une lettre envoyée à la procureure générale, Walla indique que Ben Gvir a affirmé que Tibi avait exprimé son soutien aux terroristes dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, en parlant de « la bataille en cours pour la liberté » et en disant que « tous les Palestiniens, lorsqu’ils excellent, s’opposent et se battent, chacun à leur manière [contre le contrôle de la Cisjordanie par Israël] ».

« Ils mèneront cette nation vers la liberté. »

La procureure générale Gali Baharav-Miara s’exprimant lors d’une conférence à l’Université de Haïfa, le 15 décembre 2022. (Crédit : Shir Torem/Flash90)

« Dans son discours, le député Tibi incite à la haine contre l’État d’Israël et porte atteinte à sa souveraineté et à son existence en tant qu’État », a écrit Ben Gvir à Baharav-Miara. « Ses propos venimeux sur la ‘bataille en cours pour la liberté’ ne prêtent pas à confusion. »

Il a également fait référence aux remarques présumées de Tibi qualifiant l’opération militaire de Tsahal à Jénine « d’assaut de l’occupation » qui doit être « déracinée ».

Israël a mené un certain nombre d’incursions militaires à Jénine et dans le camp de réfugiés adjacent, affirmant que la région était devenue un bastion du terrorisme palestinien.

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