Dhahi Khalfan Tamim: Abbas n’a pas à dire qui peut avoir des liens avec Israël
Dhahi Khalfan Tamim, qui a oscillé entre soutien à l'Etat juif et discours antisémites, affirme que les nations ne sont pas "aux ordres" du chef palestinien
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Un haut responsable de la police de Dubaï a reproché lundi au président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas d’avoir « créé des problèmes » et a exhorté les nations arabes à ignorer les critiques de Ramallah concernant le processus de normalisation des Emirats arabes unis avec Israël.
« Débarrassez-vous de cette notion selon laquelle vous ne construisez pas de relations avec Israël sauf sous le commandement de Mahmoud Abbas », a écrit Dhahi Khalfan Tamim, le chef adjoint de la police et de la sécurité générale de Dubaï, sur Twitter.
« Le croassement d’Abbas et l’insistance des Palestiniens à créer des problèmes dans la région… est le comble de la naïveté. Ici, je lui dis : ‘Personne ne te répondra' », a-t-il écrit dans un deuxième tweet.
Sous la direction d’Abbas, l’AP a sévèrement condamné le rapprochement émirati-israélien, qui devrait aboutir à un traité entre les deux nations qui sera signé à Washington dans les dix prochains jours.
Khalfan Tamim, qui est connu pour dire ce qu’il pense même sur des questions controversées, a déjà soutenu publiquement la normalisation des relations de son pays avec Israël.
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فكرة انكم ما تعملون علاقات مع اسرائيل إلا بامر محمود عباس شيلوها من من رؤوسكم…
— ضاحي خلفان تميم (@Dhahi_Khalfan) September 7, 2020
Le mois dernier, il avait déclaré à la chaîne israélienne la Douzième chaîne dans une interview que l’accord du 13 août entre Jérusalem et Abou Dhabi « est très important ».
Tamim, qui a déjà affirmé que le Mossad avait tué un haut responsable du Hamas dans un hôtel de Dubaï et qui a également tenu des propos antisémites sur Twitter, a ajouté : « Le choix de la paix est la stratégie qui domine le Moyen-Orient aujourd’hui, qui est plein de tensions et de guerres et de haine entre les pays ».
Israël et les Émirats arabes unis ont conclu un accord historique le 13 août pour établir des relations diplomatiques complètes, le troisième accord de ce type que l’État juif conclut avec un État arabe après l’Égypte et la Jordanie.
En tant que chef de la police de Dubaï en 2010, Tamim a dirigé l’enquête sur le meurtre de Mahmoud Mabhouh du Hamas – un co-fondateur de l’aile armée du Hamas et un fournisseur d’armes pour le groupe terroriste – qui a été retrouvé mort dans une chambre d’hôtel de Dubaï. Il a accusé le Mossad d’avoir mené l’opération en utilisant de faux passeports européens.

Dans son interview à la Douzième chaîne, Tamim a qualifié le meurtre de Mabhouh d' »erreur stratégique du Mossad israélien » qui s’est produite parce qu' »ils pensaient qu’elle ne serait pas dévoilée ».
« Ils ont peut-être mené de telles opérations dans d’autres pays et n’ont pas été pointés du doigt publiquement, mais dans ce cas-ci, ils l’ont été », a-t-il commenté, comparant le meurtre à des actes de terrorisme commis par des groupes comme les Frères musulmans et avertissant qu’il prendrait des mesures pour empêcher de telles activités, quel qu’en soit l’auteur.
Tamim a également appelé Israël à s’entendre avec les Palestiniens, déclarant que Jérusalem devait « reconnaître un État palestinien à l’intérieur de frontières qui ont été convenues au niveau international ».
L’officier supérieur de sécurité a une longue histoire de remarques controversées concernant Israël et les Palestiniens sur les réseaux sociaux.
En 2012, il a tweeté sa haine pour le président de l’époque, Shimon Peres, l’accusant d’avoir « tué des milliers de Palestiniens innocents ».
En 2013, Tamim a exprimé son soutien à une théorie complotiste accusant les Juifs d’utiliser les Frères musulmans (dont il avait précédemment déclaré qu’ils n’étaient « pas l’islam ») pour atteindre leur objectif de contrôler les musulmans et d’établir un Grand Israël.
Cependant, pendant la guerre dans la bande de Gaza en 2014, Tamim a appelé le Hamas à cesser de lancer des roquettes sur Israël et à rendre le contrôle du territoire à la faction du Fatah basée à Ramallah, ainsi qu’à fustiger le groupe terroriste pour ses liens avec le Qatar, rival des EAU.
Il est allé plus loin en 2016, appelant les États arabes à rejoindre une coalition de sécurité avec Israël et se disant opposé à la création d’un État palestinien indépendant. Exhortant ses adeptes de Twitter à ne pas « traiter les Juifs comme des ennemis », il a affirmé que « l’Amérique essaie de se rapprocher d’Israël… le monde entier est… Le rapprochement résoudra les problèmes ».
« Pourquoi ne pas avoir une coalition avec les Juifs contre les ennemis du Moyen-Orient ? » a-t-il demandé, dans ce qui a été largement interprété comme une référence à l’Iran.
Moins d’un mois plus tard, Tamim a semblé faire marche arrière, en se lançant dans une étrange diatribe sur Twitter, dans laquelle il s’en prend au « contrôle juif » des États-Unis et accuse Israël de soutenir le groupe terroriste État islamique. « Israël tombera sur ses propres actions diaboliques. Je suggère à mes cousins juifs de donner aux Palestiniens un État aux frontières de 1947 », a écrit Tamim le 29 mars 2016, faisant référence apparemment aux conditions du plan de partition de l’ONU élaboré cette année-là.
« Les juifs ont besoin de psychologues pour analyser leur personnalité », a-t-il tweeté. « Ils n’ont jamais quitté un pays sans provoquer la colère de son peuple. Dans cent ans, les Américains partiront en tant que réfugiés à cause de l’oppression de nos cousins. »
L’équipe du Times of Israël et Aaron Boxerman ont contribué à cet article.