Douma: des extrémistes juifs scandent « Ali est sur le grill » devant les Dawabsha
Des militants d'extrême-droite ont manifesté devant le tribunal en soutien aux auteurs présumés de l'incendie criminel ; les proches accusent la police de ne pas avoir réagi
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Des militants d’extrême-droite ont scandé des slogans saluant la mort d’un bébé palestinien de 18 mois, devant un tribunal du centre d’Israël, alors que la famille marchait près d’eux après une audience mardi.
Faisant référence à Ali Saad Dawabsha, tué en 2015 dans un incendie criminel commis par des terroristes juifs, des extrémistes de droite scandaient « Où est Ali ? Ali est mort », et « Ali est sur le grill », et d’autres slogans haineux.
Près d’une vingtaine de jeunes s’étaient rassemblés devant le tribunal de la ville de Lod à l’occasion d’une audience sur la recevabilité des aveux de deux suspects dans l’attaque contre le domicile de la famille Dawabsha, qui a causé la mort d’Ali Saad Dawabsha et de ses parents Riham et Saad Dawabsha.
Un autre enfant, Ahmed, alors âgé de 5 ans, a subi des mois de traitement après d’importantes brûlures dues à l’incendie.
Ces slogans survenaient alors que Nasr et Hussein Dawabsha, oncle et grand-père d’Ahmed, qui sont ses tuteurs légaux depuis l’attaque, sortaient du tribunal, accompagnés du député Ahmad Tibi et Ayman Odeh (Liste arabe unie).
Un porte-parole de Tibi a réussi à filmer la plupart des chants sur la vidéo, notamment celui d’un jeune militant religieux, qui s’est approché de la foule venue soutenir les Dawabsha et a crié : « où est Ali ? Il a brûlé ! » en rigolant.
Près de 20 policiers étaient présents, mais aucun n’a semblé réagir.
Les proches des Dawabsha se tenaient près de leurs sympathisants, sans réagir.
« Ces chants barbares racistes indiquent que l’habitat naturel [des militants d’extrême-droite] est dans un zoo », a dit Nasr Dawabsha au Times of Israel devant le tribunal.
Cette scène évoquait une vidéo après l’attaque de Douma, durant laquelle on pouvait voir des militants d’extrême-droite fêter un mariage en brandissant des photos du bébé et en les poignardant.
Les images, qui avaient fait l’objet de vives condamnations, ont permis à la police d’arrêter plusieurs personnes qui avaient assister « au mariage de la haine », comme il a été surnommé.
Mardi, la police n’a pas stoppé les militants.
Nast Dawabsha a déclaré que si des Palestiniens venaient tirer fierté du meurtre d’un Israélien, comme l’ont fait les militants, « ils seraient durement punis par les autorités ».
Il a accusé la police de « garantir la protection » des manifestants.

Peu avant cet incident, le tribunal a rejeté les aveux d’un adolescent complice accusé d’avoir participé à l’attentat à la bombe incendiaire meurtrier de 2015 dans une maison palestinienne de la ville de Duma, en Cisjordanie, déclarant que la déposition avait été faite sous la contrainte.
Cependant, les aveux du suspect principal Amiram Ben-Uliel ont été validés, les juges ayant déterminé qu’il s’était écoulé suffisamment de temps entre le moment où il avait été torturé et celui où il avait reconnu le crime.
La décision constitue un obstacle majeur pour l’accusation, qui pourrait désormais devoir abandonner l’affaire contre le mineur non nommé accusé d’avoir aidé à planifier l’incendie criminel de la maison familiale Dawabsha le 31 juillet 2015.
Le mineur et Amiram Ben-Uliel, accusé l’année dernière d’avoir perpétré l’attaque, ont clamé leur innocence, insistant sur le fait qu’ils n’ont avoué le crime qu’après avoir été soumis à la torture par les interrogateurs du Shin Bet.

En avril, le Bureau du Procureur général a annoncé qu’il éviterait d’utiliser les aveux obtenus des suspects par des « moyens spéciaux », se référant à des aveux extorqués sous la contrainte.
L’accusation possède des preuves supplémentaires sur lesquelles fonder son acte d’accusation contre Ben-Uliel le liant à l’affaire de Duma. Les déclarations recevables du mineur ne concernent que d’autres incidents, pour lesquels il peut encore faire l’objet de poursuites.
Le tribunal a établi une distinction entre les aveux obtenus dans le cadre de ce que l’on appelle une « enquête nécessaire » et ceux qui sont obtenus lors d’un interrogatoire typique. Dans le premier cas, les enquêteurs sont autorisés à utiliser des méthodes renforcées contre les suspects en raison d’un « scénario de bombe à retardement » dans lequel les autorités pensent qu’une autre attaque pourrait être imminente.
Toutefois, le tribunal a jugé ces dépositions irrecevables.