Egypte : 2 attentats revendiqués par l’EI contre des églises font au moins 44 morts
Les explosions dans une église de Tanta et dans une autre à Alexandrie, au début de la semaine sainte de Pâques, ont fait plus de 100 blessés

Deux attentats à la bombe revendiqués par le groupe Etat islamique (EI) ont visé dimanche des églises coptes en Egypte, faisant au moins 27 morts dans la ville de Tanta et 16 morts à Alexandrie, avant une visite du pape dans trois semaines.
L’attentat d’Alexandrie, la grande ville du nord du pays, a été perpétré par un kamikaze « équipé d’une ceinture explosive », qui a tenté de pénétrer dans l’église Saint-Marc où se trouvait le pape copte orthodoxe Tawadros II à l’occasion de la fête des Rameaux. Des policiers l’en ont empêché et il s’est alors fait exploser, selon le ministère de l’Intérieur.
L’Eglise copte a rapidement précisé que son chef n’avait pas été atteint, et qu’il se « porte bien ».
Le ministère n’a pas expliqué comment l’attentat de Tanta avait été commis.
Les deux attaques ont été revendiquées en début d’après-midi par l’EI, dont la branche égyptienne avait récemment appelé à viser la communauté copte.

Le premier attentat a eu lieu peu avant 10h00 en pleine célébration des Rameaux dans l’église Mar Girgis (Saint-George) de Tanta, une grande ville située à une centaine de kilomètres du Caire, dans le delta du Nil.
Le bilan s’est rapidement alourdi, montant à 27 morts et 78 blessés selon le ministère de la Santé.
« L’explosion a eu lieu aux premiers rangs, près de l’autel, durant la messe », a précisé à l’AFP le général Tarek Atiya, adjoint du ministre de l’Intérieur en charge des médias.

Quelques heures plus tard, une autre explosion a frappé l’église Mar Morcos (Saint-Marc) à Alexandrie, faisant 16 morts et 41 blessés, selon un bilan actualisé du ministère de la Santé.
A l’intérieur de l’église de Tanta, les bancs de bois brisés et divers objets personnels jonchaient le sol maculé de sang. Et les murs blancs, également éclaboussés de sang, portaient la marque d’éclats.
Après avoir inspecté les lieux, la police a établi un cordon de sécurité, devant lequel plusieurs personnes étaient rassemblées pour crier leur colère, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a condamné les deux attentats contre des églises coptes, affirmant qu’il s’agissant « d’autres tentatives d’attaque évidentes mais ratées contre tous les Egyptiens. »
Ahmed Abu Zeid, porte-parole du ministère, a déclaré que ces attentas était « une tentative d’attaque ratée contre notre unité. »
La vice-ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, a condamné ces attentats, et déclaré que « le terrorisme ne s’arrête pas à Stockholm, Saint-Pétersbourg, Berlin, Londres ou Jérusalem. L’attentat terroriste d’aujourd’hui [dimanche] près du Caire nous rappelle que l’Egypte aussi est attaquée. »
« Nous devons unir nos forces contre les forces du mal et du terrorisme avec une main de fer. Israël fait partie de la campagne internationale contre le terrorisme quel que soit l’endroit où il frappe, et est prêt à aider pour le réfréner. »
Le Hamas a « fermement condamné » les attentats, décrits comme des « crimes horribles contre des églises et des lieux de culte […] qui ont visé des civils désarmés. »
« Le Hamas aspire à la sécurité, la stabilité et la prospérité pour l’Egypte et sa population », a déclaré le groupe terroriste gazaoui.

Cet attentat intervient avant une visite du pape François prévue les 28 et 29 avril en Egypte, alors que la branche locale du groupe terroriste Etat islamique (EI) a appelé à viser des chrétiens.
« J’exprime mes profondes condoléances à mon cher frère, sa sainteté le pape Tawadros II, à l’Eglise copte et à toute la chère nation égyptienne. Je prie pour les défunts et les blessés », a réagi le pontife argentin.
Le Premier ministre Chérif Ismaïl a condamné l’attentat de Tanta, soulignant « la détermination de l’Etat à éradiquer de tels actes terroristes, et éliminer à la racine le terrorisme ».
Le chef de la sécurité de la province de Gharbeya, où se trouve la ville de Tanta, a été remplacé à son poste par le ministre de l’Intérieur Magdy Abdel Ghaffar.
Parallèlement, Al-Azhar, prestigieuse institution de l’islam sunnite basée au Caire, a condamné « un attentat terroriste lâche ».

Le président français François Hollande a dénoncé un « attentat odieux », affirmant dans un communiqué que la France « est pleinement solidaire de l’Egypte ».
Ces nouvelles attaques interviennent quatre mois après un attentat suicide spectaculaire, revendiqué par l’EI et qui avait frappé le 11 décembre au Caire l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, faisant 29 morts.
L’EI avait revendiqué l’attentat suicide qui, le 11 décembre, avait tué 29 personnes en pleine célébration, dans l’église copte Saint-Pierre et Saint-Paul, contigüe de la cathédrale copte Saint-Marc, au Caire.
Cet attentat avait été mené par un kamikaze qui a fait exploser une ceinture explosive. En le revendiquant, l’EI avait affirmé sa détermination à continuer les attaques contre « tout infidèle ou apostat en Egypte et partout ».

Attaques sanglantes
La communauté copte n’avait pas connu d’attentat aussi meurtrier depuis l’attaque suicide ayant fait plus d’une vingtaine de morts le 1er janvier 2011 à la sortie d’une église à Alexandrie, dans le nord de l’Egypte.
L’attaque du Caire a relancé les appels à durcir la lutte contre la mouvance jihadiste en Egypte, en particulier dans le Sinaï où elle a mené une série d’attaques sanglantes contre les forces de sécurité.
Les Coptes orthodoxes d’Egypte représentent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen Orient, constituant 10 % des 92 millions d’Egyptiens, et l’une des plus anciennes.
Ils se disent victimes de discriminations dans tout le pays de la part des autorités et de la majorité musulmane.
En août 2013, des partisans de l’ancien président, l’islamiste Mohamed Morsi, renversé par l’armée, avaient incendié des dizaines d’églises et de propriétés coptes après la répression policière qui a coûté la vie à des centaines de manifestants islamistes au Caire.
L’armée égyptienne a annoncé le 2 avril avoir tué en mars dans un raid aérien Abou Anas al-Ansari, un des cadres fondateurs de la branche locale de l’EI, Ansar Beït al-Maqdess.
Auteur de nombreux attentats contre les forces de l’ordre dans le nord du Sinaï, le groupe terroriste Ansar Beït al-Maqdess avait prêté allégeance à l’EI en novembre 2014, se rebaptisant alors « Province du Sinaï ».
L’EI avait revendiqué un attentat à la bombe ayant coûté la vie, le 31 octobre 2015, aux 224 occupants d’un avion transportant des touristes russes après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire située dans le sud du Sinaï.
Le premier avril, un policier a été tué et quinze personnes ont été blessées dans l’explosion d’une moto piégée devant un centre de formation de la police à Tanta.
Par ailleurs, l’église Mar Girgis de Tanta avait indiqué fin mars sur sa page Facebook qu’un « objet suspect » avait été retrouvé devant le bâtiment et qu’une équipe de démineurs l’avait récupéré et transporté « dans un véhicule spécial ».