Eizenkot sur Bouchris : “aucune tolérance pour les agressions sexuelles dans Tsahal”
Après des protestations contre la peine légère de l’ancien général accusé de viols, le chef d’Etat-major affirme que l’armée poursuivra quiconque, quel que soit son poste
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le chef d’Etat-major de l’armée israélienne, Gadi Eizenkot, a publié samedi un communiqué au sujet d’un ancien général jugé pour viol et agression sexuelle, en promettant une « tolérance zéro » pour de tels crimes, dans le cadre d’un tollé public de la part de ceux qui pensent que l’ancien militaire accusé sera condamné à une peine injustement légère.
« Je prévois de continuer à montrer une tolérance zéro pour tous les incidents de harcèlement sexuel ou d’agression au sein de Tsahal », a écrit Eizenkot dans une lettre adressée aux commandants.
« Nous ne fermerons pas les yeux, nous n’abandonnerons pas et nous n’hésiterons pas à prendre des mesures décisives, même dans le cas où des haut-gradés sont impliqués, quels que soient leur rangs, leurs actes ou leurs succès : ces choses ne sont pas pertinentes dans de telles affaires. »
La lettre citait spécifiquement le général de brigade Ofek Bouchris, qui finalise actuellement un accord judiciaire avec le procureur militaire de l’armée israélienne.
Eizenkot cite dans sa lettre les mesures non judiciaires prises à l’encontre de Bouchris, qui avait très vite progressé jusqu’aux plus hauts échelons de l’armée.
« Quand les suspicions contre le général de brigade Bouchris ont commencé, j’ai pris un certain nombre de mesures de commandement, notamment en le suspendant et en annulant sa nomination à la tête de la division des opérations », a écrit Eizenkot.
« Le système d’enquête et de justice militaire travaille de manière professionnelle et totalement indépendante, et c’est ainsi qu’il a fonctionné dans ce cas, et je fais confiance à son jugement », a-t-il ajouté.
Tous n’ont cependant pas été aussi confiants.
La sentence perçue comme légère pour les crimes de Bouchris a déclenché une protestation sur les réseaux sociaux.
Des soldats israéliens, vétérans ou en service, ont utilisé Facebook et Twitter avec le hashtag « #Plus que Bouchris », pour partager des histoires de délits mineurs (un mot mal épelé, un sol mal lavé, un bâillement pendant une cérémonie officielle) qui leur ont valu des peines plus sévères que celle à laquelle le général de brigade a été condamné.
L’accusation avait déclaré cette semaine que l’accord judiciaire ne serait appliqué que si les victimes l’acceptaient. L’une d’entre elles a souligné mercredi que Bouchris devait prendre ses responsabilités pour ses actes et préciser qu’ils n’avaient pas de relation romantique consensuelle pour qu’elle puisse accepter l’accord.
L’avocat d’une des deux victimes a également critiqué la lettre de Bouchris, déclarant qu’elle manquait d’empathie et montrait qu’il avait fait le minimum absolu.
« La lettre du suspect, tout en étant médiocre, laconique, et ne montrant aucune empathie réelle pour l’accusatrice pour les dommages qu’il lui a causé par ses actes, empêche encore tout renoncement à l’accord judiciaire, par lui et par d’autres », a déclaré l’avocat, selon Ynet.
« Le suspect, qui a menti pendant toute l’enquête, a discrédité la fiabilité de ses accusatrices et n’a pas empêché leur dénigrement, et n’a, à part prendre la responsabilité de ses actes, apparemment pas eu la magnanimité de présenter des excuses réelles et sincères. »
Certaines associations de défense des droits des femmes se sont également exprimées contre l’accord judiciaire de Bouchris, en affirmant qu’il blessait deux fois les victimes.
« La première fois quand il a profité d’elles sexuellement, et la seconde fois quand il les a placées dans un supplice de déni et de calomnie, de sa part et de celle de ses proches », a déclaré l’association Naamat dans un communiqué.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.