El Al : Profits records avec des prix (très) élevés et en l’absence de concurrents
La compagnie nationale israélienne jouit d'être pratiquement la seule à desservir Tel Aviv, les opérateurs étrangers tardant à rouvrir leurs lignes à cause de la guerre avec Gaza
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Alors que la majorité des transporteurs étrangers n’ont pas encore repris leurs vols vers Israël, El Al Israel Airlines a publié un bénéfice trimestriel record, jouissant d’une « demande inhabituelle » et d’une population israélienne qui a été contrainte de payer des billets très onéreux.
El Al a déclaré un bénéfice de 80,5 millions de dollars au cours des trois premiers mois de l’année, après avoir enregistré une perte de 34,4 millions de dollars au cours de la même période l’année dernière. Les revenus ont bondi de 48 % au premier trimestre pour atteindre 738 millions de dollars en glissement annuel et ont augmenté de 9 % au cours des trois derniers mois de 2023, alors que la guerre avec le groupe terroriste Hamas a éclaté le 7 octobre.
Ces derniers mois, El Al a fait l’objet de vives critiques pour avoir appliqué des tarifs exorbitants au public israélien, alors que les compagnies aériennes étrangères, et notamment, les compagnies low-cost, annulaient des liaisons en dernière minute en raison de la guerre, et que le gouvernement continuait à fournir des milliards de dollars aux compagnies aériennes israéliennes pour couvrir le coût de l’assurance contre les risques de la guerre.
Dina Ben Tal Ganancia, PDG d’El Al, a rejeté les critiques selon lesquelles El Al aurait profité de la crise du transport aérien pour maintenir des tarifs élevés, arguant qu’il s’agit d’une question d’offre et de demande et de la nécessité de garder de l’espace pour les besoins diplomatiques de dernière minute.
La compagnie nationale israélienne a bénéficié du fait d’être l’une des seules compagnies aériennes à assurer des vols réguliers après la suspension des services de la plupart des transporteurs étrangers, entraînant une hausse des tarifs de plus de 100 % pour les Israéliens. Depuis l’assaut meurtrier du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre dernier, les touristes hésitent à se rendre dans le pays.
« La principale raison pour laquelle les transporteurs étrangers, en particulier les compagnies aériennes américaines, n’ont pas repris leurs activités est que leurs équipages refusent de rester en Israël à cause de la guerre, en plus de la prime d’assurance plus élevée qu’ils devraient payer », a expliqué Mark Feldman, PDG de Ziontours Jérusalem, au Times of Israel. « C’est dans ce contexte qu’El Al opère et pratique des prix très élevés parce qu’elle est une valeur sûre pour les Israéliens et parce qu’elle le peut, étant donné que c’est une compagnie privée », a-t-il ajouté.
« Il existe pourtant des solutions de transport aérien moins chères pour les Israéliens qui sont prêts à réserver des vols indirects », a souligné Feldman.
Certains transporteurs étrangers, comme Lufthansa, Swiss et British Airways, ont repris leurs vols vers Israël de manière limitée, tandis que des transporteurs américains, dont United Airlines et Delta Airlines, ainsi qu’Air Canada, ont indiqué qu’ils prévoyaient de reprendre leurs vols en juin.
« Même si les transporteurs étrangers prévoient de reprendre leurs liaisons vers Israël dans les semaines à venir, si vous regardez les tarifs aériens pour Souccot, ils sont astronomiques, ce qui signifie qu’ils sont alignés sur les prix d’El Al », a déclaré Feldman.
El Al a indiqué qu’au cours des trois premiers mois de l’année, contrairement à une saison hivernale normale avec de faibles niveaux de trafic passagers, la demande de vols était particulièrement élevée par rapport à la capacité de sièges qu’elle pouvait offrir.
« Environ huit mois après le début de la guerre, l’industrie aéronautique israélienne est toujours en proie à l’instabilité en raison de la poursuite des annulations de vols vers Israël par les compagnies aériennes étrangères », a expliqué Ben Tal Ganancia. « Cette situation crée une véritable crise parmi les consommateurs israéliens qui ont commandé des billets auprès de ces compagnies aériennes et qui, dans de nombreux cas, sont laissés dans l’incertitude et contactent EL AL en dernière minute ».
Ben Tal Ganancia a exhorté les compagnies aériennes étrangères à reprendre leurs vols vers Israël et à « rétablir la stabilité sur le marché régional de l’aviation ».
Reuters a contribué à cet article.