Élections sans précédent, les responsables du scrutin font preuve de créativité
L'idée est de concevoir un système qui réduirait le nombre d'électeurs dans les bureaux, tout en développant de nouvelles possibilités pour les personnes malades ou en quarantaine

Le 2 mars 2020, les électeurs israéliens se sont rendus aux urnes, croyant que le coronavirus n’était autre qu’un sujet effrayant se déroulant qu’à l’étranger.
On savait alors que 10 personnes étaient porteuses du virus dans le pays, et 5 600 autres se trouvaient en quarantaine, contraintes de se rendre dans 16 tentes dédiées pour participer à l’élection. Les bulletins étaient placés dans des urnes aux parois doublées pour l’occasion, puis dépouillés par la suite par des fonctionnaires électoraux spécialement équipés pour la manipulation de matières dangereuses. Seuls ces électeurs en situation d’isolement étaient obligés de porter des masques.
« Nous saurons avec le temps si c’était exagéré ou pas, mais cela a pesé lourd », avait expliqué au Times of Israël un électeur qui était alors en quarantaine.
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Le temps s’est écoulé depuis. Et tandis qu’Israël s’apprête à retourner aux urnes un peu plus d’un an après les dernières élections, les responsables se préparent à une journée de scrutin sans précédent dans l’histoire du pays.

Le 23 mars prochain, plus de la moitié du pays aura été vaccinée. Mais la pandémie fait toujours rage, et les réglementations sanitaires sont susceptibles de rester en vigueur durant encore plusieurs mois. Aussi des précautions spéciales ont été élaborées afin d’empêcher que ce jour d’élection ne se transforme en phénomène de diffusion du virus à large échelle.

Le système électoral d’Israël est peu développé du point de vue technologique. Les électeurs placent un bordereau dans une enveloppe qu’ils déposent ensuite dans une boîte. Pour éviter toute fraude, les électeurs doivent normalement se rendre dans leur bureau de vote, désigné par l’adresse indiquée par leur carte d’identité émise par l’État. Seuls les soldats en poste loin de chez eux, les représentants d’Israël à l’étranger, les prisonniers et les patients hospitalisés sont autorisés à voter par correspondance.
De nouvelles règles ont dû être édictées afin d’éviter tout rassemblement et déplacement, et offrir plus de possibilités aux personnes malades ou isolées. Des changements majeurs marqueront cette élection, avec notamment de nouvelles règles, plus d’isoloirs ainsi que la mise en place de bureaux de vote spéciaux.
Selon un porte-parole de la commission centrale des élections, on comptait, en 2020, 10 631 bureaux de vote dans tout le pays. En 2021, il y en aura environ 15 000. Autour de 3 000 bureaux seront prévus dans des endroits spéciaux, tels que les maisons de retraite médicalisées, les cliniques, les hôpitaux ou tout autre lieu où se trouvent des personnes malades ou en quarantaine. Certains bureaux seront itinérants, un concept qui n’a jamais été expérimenté jusqu’à ce jour en Israël.

Le comité doit planifier avec un maximum de flexibilité ces services itinérants offerts aux personnes malades ou en quarantaine. Car il est impossible de prévoir quelle sera la situation le 23 mars.
Le porte-parole a indiqué qu’il serait envisageable que les centres de tests à la COVID-19 soient utilisés comme bureau de vote. Cela permettrait d’éviter l’installation de nouvelles tentes comme l’an dernier, et d’économiser de l’argent par la même occasion.

Le Comité électoral a évoqué l’idée au ministère de la Santé, qui n’a pas encore rendu sa décision.
Selon le porte-parole du Comité électoral, la Clalit, le plus grand fournisseur de soins du pays, a prévu d’installer des isoloirs dans des cliniques à travers le pays pour les électeurs malades ou en quarantaine.
Ainsi, les électeurs n’auront pas besoin de montrer un certificat médical prouvant qu’ils sont en quarantaine. Il y aura aussi vraisemblablement une augmentation du nombre de bulletins de vote par correspondance.
Les 12 127 autres bureaux resteront dans les lieux publics tels que les écoles et les centres communautaires. Il faudra également créer des bureaux de vote supplémentaires, afin d’éviter toute file d’attente, les rassemblements dans un même bâtiment et les encombrements. Ainsi, le nombre d’électeurs par isoloir passera de 800 à 650.
Un huissier affecté à chaque bureau sera chargé de veiller à la distanciation sociale. Dans certains endroits, les entrées et les sorties seront séparées afin d’éviter tout encombrement.

Les électeurs devront se désinfecter les mains à deux reprises : à l’entrée du bureau, et avant de mettre le bulletin dans l’enveloppe derrière le rideau.
Les préposés au scrutin seront protégés derrière un écran en plastique transparent tandis que les électeurs devront retirer leurs masques à des fins d’identification.
Toute cette organisation suppose que le comité recrute plus d’agents électoraux pour superviser le processus de vote et de dépouillement. De même, les équipes d’observateurs anti-fraude, qui portent des caméras corporelles, seront plus nombreuses.

Un autre grand défi auquel est confronté le comité n’est pas lié directement au coronavirus, à savoir la nécessité de compter plus vite que d’habitude les bulletins.
En effet, en temps normal, les responsables des élections ont sept jours pour dépouiller les bulletins de vote qui incluent ceux par correspondance dont l’enveloppe est double, et qui nécessitent une double vérification.

Or cette année, les élections se déroulent cinq jours avant les fêtes de Pessah. Ce qui signifie que, quoi qu’il arrive, la date butoir sera le dimanche 28 mars, et même sans doute avant. En effet, les activités du gouvernement cessent le Shabbat, du vendredi au coucher du soleil au samedi au coucher du soleil. Et la veille de Pessah n’est pas non plus une journée de travail normale.
Non seulement le dépouillement devra prendre moins de temps que d’habitude, mais on s’attend à un afflux de dizaines de bulletins par correspondance. Et comme ces derniers nécessitent une double enveloppe, ce qui constitue une étape supplémentaire de vérification, la situation sera particulièrement tendue.
En 2020, on comptait 330 000 bulletins par correspondance. Il est probable que l’on en compte le double en mars, ce qui fera peser sur le Comité central des élections une pression supplémentaire.
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