Eliezer Berland assigné à résidence dans un dossier de fraude
Le rabbin, condamné dans le passé pour des délits sexuels, ne pourra pas contacter ses disciples ; il a versé une caution de 1,2 million de shekels et sera gardé en permanence

Un rabbin, reconnu coupable et condamné dans le passé pour des délits sexuels et qui est dorénavant accusé d’avoir escroqué des fidèles malades et âgés à hauteur de millions de shekels, a été assigné lundi à résidence après plus d’une année passée en détention. Il devra se soumettre à des restrictions sévères.
C’est la Cour de district de Jérusalem qui a déterminé les conditions de la libération du rabbin Eliezer Berland, chef de la secte extrémiste Suvu Bonim, qui aurait arraché d’importantes sommes d’argent à ses fidèles malades contre des promesses de guérison miracle.
Il est interdit à Berland, 83 ans, d’entrer en communication avec qui que ce soit à l’exception d’une liste spécifique d’individus et de contacter ses fidèles. Il a dû déposer une caution de 1,2 million de shekels et il s’est engagé à verser la même somme s’il venait à fuir le pays.
Le lieu où il a été assigné à résidence reste secret et Berland a été placé dans l’obligation de payer lui-même une firme de sécurité privée chargée de sa surveillance. Il doit notamment assumer les frais induits par la présence d’une équipe de deux gardiens, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, qui resteront avec lui en permanence.
L’équipe assurant la défense de Berland a fait part de sa satisfaction, estimant que cette assignation à domicile avait été rendue nécessaire par l’état de santé de l’octogénaire.
« De manière regrettable, la santé du rabbin s’est beaucoup détériorée ces derniers mois et nous sommes heureux que les magistrats aient reconnu la nécessité d’offrir au rabbin Berland une solution de détention alternative qui lui permettra de préserver sa santé jusqu’à la fin des procédures judiciaires », ont indiqué ses avocats dans un communiqué.
Berland avait été placé en état d’arrestation dans ce dossier il y a plus d’un an.
Le mois dernier, les avocats représentant les victimes présumées de la fraude avaient fait part de leur mécontentement face à l’accord judiciaire qui était en cours d’élaboration entre l’accusé et les procureurs. Dans un courrier adressé au procureur-général Avichai Mandelblit et au tribunal de Jérusalem, ils avaient qualifié « d’absurde » l’accord, disant qu’il était une « insulte » pour toutes celles et ceux qui affirmaient avoir été escroqués par Berland.
Ils avaient imploré le procureur-général et les procureurs de ne pas prendre en compte l’âge avancé de Berland et son état de santé lors de la formulation de l’arrangement judiciaire, et ils avaient noté également que Berland avait déjà été libéré de manière anticipée de prison en raison de son mauvais état de santé il y a plusieurs années, alors qu’il se trouvait derrière les barreaux après une condamnation pour délits sexuels. Ce qui n’avait nullement dissuadé le rabbin de commettre d’autres crimes, avaient-ils poursuivi.
Les détails des négociations sur l’arrangement judiciaire doivent être confirmés par les autorités. Selon les avocats des victimes présumées, ils comprendraient une peine de 14 mois d’emprisonnement, une indemnisation à hauteur de 5 000 à 10 000 shekels pour chaque victime et une amende payable à l’Etat.

Berland avait été arrêté pour fraude en février après que les plaintes de centaines de personnes auprès de la police, qui l’avaient accusé d’avoir vendu des prières et des « médicaments magiques » à des membres de sa communauté malades ou handicapés – et notamment en promettant à des familles de personnes paralysées que leur parent serait bientôt en mesure de marcher et aux familles de détenus condamnés que ces derniers seraient libérés de prison.
Lors du raid qui avait suivi l’arrestation, des dizaines de boîtes de poudres et des pilules avaient été retrouvées au domicile du rabbin. Elles étaient délivrées aux malades comme étant des « médicaments magiques ». Des tests initiaux réalisés en laboratoire avaient révélé qu’ils étaient constitués de médicaments anti-douleur en vente libre et de bonbons, notamment de Mentos, avaient fait savoir les officiels. Le rabbin avait été mis en examen au mois de mars.
Berland avait nié les accusations lancées à son encontre à ce moment-là, affirmant qu’il n’avait offert que des bénédictions et des services de guérison lorsque cela lui avait été demandé et ce, pour des sommes bien inférieures à celles avancées par la police.
Au mois de mai, Berland avait été encore mis en examen pour blanchiment d’argent, évasion fiscale et autres crimes financiers pour n’avoir pas déclaré – et même dissimulé – des revenus issus de ses activités au sein de la secte Shuvu Bonim.
Berland fait l’objet d’un véritable culte parmi les milliers de membres de son groupe – une branche de la secte hassidique de Breslev. Il avait fui Israël en 2013, accusé d’agressions sexuelles à l’encontre de plusieurs femmes parmi ses disciples.
Après avoir échappé aux forces de l’ordre pendant trois ans et parcouru différents pays, Berland avait été condamné, au mois de novembre 2016, à 18 mois de prison pour deux chefs d’inculpation d’attentat à la pudeur et pour un chef d’inculpation d’agression sexuelle dans le cadre d’un arrangement judiciaire qui comprenait alors sept mois de prison ferme.
Il avait été libéré pour raisons médicales cinq mois plus tard.