Émigration volontaire : Berlin et Paris dénoncent les propos de Smotrich et Ben Gvir
Le Quai d’Orsay dit que les propos des ministres "attisent les tensions" en parlant de transfert, Berlin rejette catégoriquement toute "expulsion ou réduction territoriale"
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Mercredi, la France et l’Allemagne se sont jointes aux condamnations du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir quant au déplacement de Gazaouis hors de Gaza.
Paris a appelé Israël à « s’abstenir de tenir des propos aussi provocateurs et irresponsables qui attisent les tensions », tandis que Berlin « a rejeté les propos peu constructifs » des ministres israéliens.
Dans un communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères, la France a rappelé « que la pratique des transferts forcés de population constitue une violation grave du droit international au regard des Conventions de Genève et du Statut de Rome ».
Le Quai d’Orsay a ajouté que « ce n’est pas au gouvernement israélien de déterminer où les Palestiniens doivent vivre sur leur terre. L’avenir de la bande de Gaza et de ses habitants s’inscrira dans le cadre d’un État palestinien unifié vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël ».
De son côté, Berlin « rejette sans équivoque les commentaires peu constructifs des ministres du gouvernement israélien proposant une évacuation massive des Palestiniens de Gaza », a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand. « Notre position est claire : il ne doit pas y avoir d’expulsion ni de réduction territoriale de la bande de Gaza. »
Dimanche, Smotrich, avait préconisé un retour des implantations juives dans la bande de Gaza après la guerre.
Smotrich, chef du parti HaTzionout HaDatit, a estimé qu’Israël devrait « encourager » les quelques 2,4 millions de Palestiniens de Gaza à quitter le territoire vers d’autres pays.
« Nous aiderons à réhabiliter ces réfugiés dans d’autres pays d’une manière appropriée et humaine, avec la coopération de la communauté internationale et des pays arabes autour de nous », a-t-il ajouté.
En dépit de la condamnation par le Département d’État américain de ses appels au déplacement des Palestiniens en dehors de Gaza, Smotrich a continué mercredi de plaider en faveur de la décroissance de la population palestinienne de Gaza, affirmant que « plus de 70 % du peuple israélien soutient aujourd’hui » une telle « solution humanitaire ». Smotrich n’a pas fourni de source étayant cette statistique.
Dans une déclaration, Smotrich a affirmé que l’opinion publique soutient largement « l’émigration volontaire des Arabes de Gaza et leur intégration dans d’autres pays ».
Une telle politique est nécessaire car « un petit pays comme le nôtre ne peut pas se permettre une réalité où, à quatre minutes de nos communautés, se trouve un foyer de haine et de terrorisme, où deux millions de personnes se réveillent chaque matin en aspirant à la destruction de l’État d’Israël et en souhaitant massacrer, violer et assassiner des Juifs où qu’ils se trouvent ».
« Nous sommes tenus de réfléchir et de partager [des propositions] avec nos amis de la communauté internationale qui apporteront la paix, la sécurité et la prospérité à tous les peuples de la région », ajoute-t-il.
Répondant aux critiques américaines mardi soir, Ben Gvir a indiqué que s’il appréciait les États-Unis, « avec tout le respect que je leur dois, nous ne sommes plus une étoile sur le drapeau américain ».
« Les États-Unis sont notre meilleur ami, mais nous ferons d’abord ce qui est bon pour l’État d’Israël : la migration de centaines de milliers de personnes de Gaza permettra aux habitants de l’enclave de rentrer chez eux et de vivre en sécurité et de protéger les soldats de Tsahal. »
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Plus de 22 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.