Erekat condamne la promesse de Netanyahu d’annexer les implantations
Saeb Erekat a laissé entendre que les Palestiniens pourraient se tourner vers la CPI pour s'opposer à la décision d'annexion
Un haut responsable palestinien a condamné la promesse de campagne du Premier ministre Benjamin Netanyahu samedi d’étendre la souveraineté israélienne sur les implantations cisjordaniennes s’il était réélu, tout en faisant une allusion au fait qu’une telle décision pourrait conduire à un recours auprès de la Cour pénale internationale.
S’il était réélu mardi, a déclaré Netanyahu, « je vais appliquer la souveraineté israélienne [sur les implantations cisjordaniennes], mais je ne distingue pas les blocs d’implantations et les implantations isolées. De mon point de vue, chacune de ces implantations est israélienne ».
« Une telle déclaration de Netanyahu n’est pas surprenante. Israël continuera à violer de manière flagrante le droit international tant que la communauté internationale continuera d’accorder l’impunité à Israël », a déclaré Saeb Erekat, négociateur expérimenté, dans un communiqué.
« Tout particulièrement avec le soutien de l’administration Trump et son approbation de la violation des droits de l’homme et nationaux du peuple de Palestine par Israël, a ajouté Erekat, qui est le secrétaire général du Comité exécutif d’Organisation de Libération de la Palestine.
Alors que l’Autorité palestinienne a boycotté la Maison Blanche du président américain Donald trump qui a reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël en 2017 en rejetant la médiation américaine pour les négociations de paix avec Israël, Erekat a dit que les Palestiniens se tourneraient ailleurs pour obtenir « justice ».
« Nous continuerons à défendre nos droits devants des instituions internationales, y compris la Cour pénale internationale, jusqu’à ce que nous obtenions la justice que nous attendons depuis trop longtemps », a-t-il dit.
Parmi les politiciens israéliens, les réponses négatives à la promesse de Netanyahu ont été très limitées. De fait, peu de partis font campagne en proposant une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.
La députée Tamar Zandberg, qui dirige le parti de gauche Meretz, a déclaré qu’appliquer la souveraineté sur les implantations cisjordaniennes serait un « danger pour l’état d’Israël ». Elle a aussi appelé les responsables de Kakhol lavan, le principal rival au parti du Likud de Netanyahu aux élections du 9 avril, à affirmer leur opposition à cette hypothèse.
« J’attends que [Benny] Gantz et [Yair] Lapid annoncent immédiatement qu’ils s’opposent à l’annexion des territoires, a déclaré Zandberg dans un communiqué. Il faut comprendre que l’annexion des implantations est un danger pour l’Etat d’Israël et qu’il s’agirait de la fin de la vision à deux états ».
« Devant cela, un centre hésitant et silencieux n’est pas suffisant. Il est impératif d’avoir une gauche réelle et déterminée qui conduira des négociations au lieu d’annexer », a-t-elle ajouté.
Il n’y a pas eu de réaction immédiate du parti Travailliste dans l’opposition, qui s’est traditionnellement fait le champion de la résolution du conflit israélo-palestinien.
De leur côté, des responsables du mouvement d’implantations ont affiché un soutien prudent à cette déclaration.
« Je me tiens derrière le Premier ministre et j’affirme que l’application de la souveraineté sur la Judée et Samarie aurait dû avoir lieu il y a bien longtemps, a déclaré Shai Alon, président du conseil régional Beit El, dans un communiqué en utilisant les noms bibliques pour la Cisjordanie.
« Le Premier ministre sera jugé par ses actes et non par ses paroles », a ajouté Alon.
Yohai Damari, président du Conseil régional d’Har Hébron a appelé Netanyahu à faire de la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie la priorité principale de son prochain gouvernement après les élections de mardi.
« Nous appelons le Premier ministre Netanyahu à agir pour appliquer la souveraineté comme sa première mesure avec la création d’un nouveau gouvernement et à résister aux pressions des Américains et d’autres », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Il est temps de nous engager dans des actions pour notre souveraineté sur la Judée et Samarie », a ajouté Damari.
S’exprimant à la Douzième chaîne, Netanyahu a écarté l’idée d’un État palestinien, dont il dit qu’il « mettrait en danger notre existence ». Il a promis de maintenir de manière permanente le contrôle sécuritaire israélien sur l’ensemble de la Cisjordanie et d’officialiser sa souveraineté sur les plus de 400 000 Israéliens juifs des implantations. Cette mesure s’appliquerait non seulement aux blocs principaux, mais aussi aux implantations isolées, a-t-il indiqué.
La promesse de Netanyahu de samedi est intervenue un jour après qu’il a déclaré à la Treizième chaîne qu’il avait dit au président américain Donald Trump qu’il n’évacuerait pas « une seule personne » des implantations. Selon certaines informations, il pense que Trump le soutiendra dans l’annexion des implantations si les Palestiniens rejettent le plan de paix israélo-palestinien de Trump tant attendu.
Les déclarations fortes de Netanyahu sur l’annexion des implantations sont intervenues alors qu’il cherche à obtenir plus de soutien pour son parti du Likud à l’approche des élections de mardi. Il a notamment encouragé les électeurs de droite à voter pour le Likud plutôt que des petits partis de droite.
Samedi soir, un reportage de la Treizième chaîne citait des sources proche de Netanyahu comme affirmant qu’il était « plus prêt que jamais » à annexer ou à étendre la loi israélienne sur les implantations, et qu’il anticipait un possible soutien de la part de Trump.
La reconnaissance par Trump du mois dernier de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan a poussé Netanyahu à envisager l’annexion, ont déclaré ces sources. Le calendrier d’une telle décision, ont-il affirmé, suivrait la présentation de Trump de son plan de paix, qui est attendu peu après les élections.
Si l’Autorité palestinienne, comme c’est attendu, rejette la proposition de Trump, et que Netanyahu dit oui sous certaines conditions, Netanyahu pense que Trump « le soutiendrait et légitimerait l’annexion ou l’extension du droit israélien sur l’ensemble des implantations de Cisjordanie ou au moins sur certains des blocs », expliquait le reportage tv.